Européennes : le grand oral de sept candidats français pour répondre à la colère des agriculteurs

Près de six mois après le début de la crise et à moins de deux semaines du scrutin européen, sept candidats ont été invités à défendre leur programme devant les représentants des agriculteurs.
Article rédigé par franceinfo
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Aurélien Rousseau, le patron de la FNSEA, a voulu entendre les différents candidats sur des points précis de leur programme concernant les agriculteurs. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Le ras-le-bol des agriculteurs envers l'UE a-t-il été entendu par les candidats aux élections européennes ? Selon ceux qui ont exprimé leur colère cet hiver, l'Union européenne est synonyme de normes trop nombreuses, de concurrence déloyale et d'une Politique agricole commune (PAC) défaillante, avec du retard dans les versements de subventions. À quelques jours des élections européennes, la FNSEA, les Jeunes Agriculteurs, la Coopérative agricole et les Chambres d'agriculture ont invité sept candidats à présenter leur programme. Le grand oral des Écologistes, de La France insoumise, du PS-Place publique, du Rassemblement national, des Républicains, de Reconquête et de Renaissance a eu lieu mardi 28 mai à Sciences Po Paris.

Les candidats étaient attendus sur des points précis de leur programme, rappelés par Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, le syndicat majoritaire : "Pour nous, l'enjeu de la prochaine mandature, c'est la redéfinition du Green Deal. C'est-à-dire, est-ce qu'on continue avec un projet décroissant ? Nous, on ne le souhaite pas. Comment on réaffirme que produire pour nourrir en Europe, ça a du sens avec cette souveraineté alimentaire durable que l'on appelle de nos vœux ? Deuxième chose, c'est évidemment tous les sujets autour des échanges", précise Arnaud Rousseau.

Sur les accords de libre-échange, les candidats convergent

Selon tous les candidats, les accords de libre-échange ne protègent pas assez nos agriculteurs. Renaissance et LR veulent continuer de sceller ce type d'accord commercial. Mais pour la numéro 2 des Républicains, Céline Imar, il est essentiel d'appliquer de véritables clauses miroirs : "C'est qu'aujourd'hui, si je prends l'exemple du Ceta, on n'a aucun contrôle, on n'a pas de contrôleur européen qui va dans les exploitations de 30 000 ou 40 000 bovins au Canada pour contrôler. Et quand on dit qu'on ne veut pas d'activateurs aux hormones de croissance, la seule chose qu'on nous propose aujourd'hui pour dire qu'il y a des clauses miroirs, c'est un tampon d'un vétérinaire qui a été payé par l'agriculteur du Canada et qui dit qu'il n'y a pas d'hormones activatrices de croissance. Mais ça, ce ne sont pas des clauses miroirs effectives."

Reconquête et le RN dénoncent aussi une concurrence déloyale. Mais ce sont les listes de gauche, les Écologistes, les Insoumis et les Socialistes, qui veulent aller le plus loin et mettre fin à ces accords. "C'est, de notre point de vue, une manière de voir l'échange qui est aujourd'hui néfaste à l'ensemble des agricultures, qu'elles soient ici ou qu'elles soient dans le reste du monde, qui fait une pression sur les prix et qui détruit de l'emploi et de la valeur", explique Christophe Clergeau, candidat pour le PS et Place Publique.

Sur la refonte de la PAC, les listes en désaccord

L'autre enjeu, c'est la refonte de la Politique agricole commune. Elle conditionne les subventions européennes versées aux agriculteurs, jugées trop faibles. Sur ce point, les stratégies des candidats divergent. Les Républicains prônent des subventions à l'hectare. D'autres, comme Renaissance et les Socialistes, veulent privilégier le nombre d'emplois par exploitation. Les Insoumis persistent et signent : il faut plus de culture biologique. Ils sont rejoints par les Écologistes, qui défendent le Green Deal, très décrié par les agriculteurs. Ils souhaitent même le renforcer avec de nouvelles normes, tout en accompagnant davantage les agriculteurs vers la transition écologique.

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