Elections européennes 2024 : quelle est la position des principaux partis sur la reconnaissance d’un Etat palestinien ?

Article rédigé par franceinfo
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Des posters de campagne pour les élections européennes du 9 juin, le 28 mai 2024, à Perpignan (Pyrénées-Orientales). (JC MILHET / HANS LUCAS / AFP)
Alors que plusieurs pays européens, dont l'Espagne, ont reconnu l'Etat palestinien, les principales têtes de listes françaises au scrutin du 9 juin ont pris position sur la question. Et le clivage entre la gauche et la droite est très net.

La reconnaissance de l'Etat palestinien s'invite dans la campagne européenne. Les bombardements meurtriers à Rafah, dimanche 26 mai, et la décision de l'Espagne, l'Irlande et la Norvège de reconnaître officiellement la Palestine, mardi 28 mai, relancent le débat sur une décision similaire par la France. Même si cette mesure ne fait pas partie des compétences de l'Union européenne (UE), les têtes de liste des différents partis en lice pour les élections européennes le 9 juin ont tous pris position sur ce sujet. Certains ont même intégré cette question à leur programme. La gauche défend unanimement la reconnaissance de l'Etat de Palestine, tandis que les partis de droite s'y opposent et que la majorité demeure hésitante. Franceinfo fait le point sur les lignes des principales formations politiques.

Les Ecologistes sont pour 

Les élus écologistes sont traditionnellement favorables à la reconnaissance de l'Etat palestinien et à son admission à l'ONU, comme le rappelait un communiqué datant de 2011. Une position à nouveau défendue par la tête de liste Marie Toussaint lundi soir sur BFMTV. "Oui, il faut reconnaître l'Etat de Palestine", a-t-elle déclaré. L'eurodéputée souhaite que l'UE plaide pour "une solution à deux Etats, pour être garante des accords d'Oslo, pour réussir à le faire vivre, imposer un cessez-le-feu immédiat et évidemment la libération des otages"Une opinion partagée par la cheffe de son parti. Marine Tondelier a en effet réclamé le "respect du droit international", des "sanctions", un "cessez-le-feu", la "libération des otages" et la "reconnaissance de la Palestine" dans un message sur le réseau social X, en réaction à la frappe israélienne sur le camp de Rafah.

La France insoumise plaide pour 

La France insoumise est également favorable à la reconnaissance de l'Etat de Palestine, une position dont son fondateur Jean-Luc Mélenchon n'a pas dévié depuis son premier programme présidentiel en 2012. En meeting, le leader insoumis exhorte régulièrement le gouvernement à reconnaître officiellement l'Etat palestinien et à défendre un embargo sur les armes livrées à Israël par des Etats de l'Union européenne. "On ne demande pas [à Emmanuel Macron] d'être horrifié", a ironisé Jean-Luc Mélenchon, en référence à la réaction du président de la République. "Quand on est un pays comme le nôtre, (...) on a des moyens d'intervenir, d'agir politiquement." Et d'appeler à nouveau le chef de l'Etat à reconnaître l'Etat palestinien au nom de la République française. Cette mesure fait partie du programme de LFI pour les européennes et le mouvement a décidé de faire de la question palestinienne l'un des axes de communication stratégiques de sa campagne, au risque de susciter de nombreuses critiques, y compris à gauche.

Le Parti socialiste y est favorable

Comme d'autres candidats de gauche, la tête de liste socialiste est favorable à la reconnaissance par la France de l'Etat palestinien. "Ce moment est venu", a déclaré Raphaël Glucksmann sur BFMTV. "Je suis pour qu'on arrête de repousser aux calendes grecques cette perspective de deux Etats." Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a lui aussi souhaité sur TF1 "un geste politique et diplomatique puissant" pour que la France "puisse être du bon côté de l'histoire"

Le parti avait formulé une résolution en ce sens, en mai 2023, quelques mois avant les attaques terroristes du 7 octobre et la réponse meurtrière d'Israël : "La seule solution, défendue avec constance par le Parti socialiste, est celle de la reconnaissance de deux Etats souverains, vivant côte à côte en sécurité. (...) Notre objectif demeure la reconnaissance d'un Etat démocratique, souverain et viable de Palestine en paix avec Israël, fondée sur une reconnaissance mutuelle, sur la base des lignes de 1967, avec Jérusalem pour capitale de ces deux Etats."

Le Rassemblement national rejette l'idée

Réaffirmant son attachement à la solution à deux Etats, Jordan Bardella a estimé, lors d'un débat organisé entre les principales têtes de liste sur BFMTV, que la reconnaissance d'un Etat palestinien "est impossible" aujourd'hui parce que cela "reviendrait à légitimer le Hamas qui a commis des atrocités le 7 octobre dernier". Le président du Rassemblement national a profité de la question qui lui était posée pour fustiger les déclarations d'autres partis politiques sur le sujet : "Je dois reconnaître que je suis un peu écœuré de voir que depuis le 7 octobre, on a des mouvements politiques en France et toute une mouvance à gauche et à l'extrême gauche qui considèrent le Hamas non pas comme un mouvement terroriste islamiste mais comme un mouvement de résistance. Ce sont les propos des députés de La France insoumise."

Reconquête y est fermement opposé

La tête de liste de Reconquête, Marion Maréchal, est opposée à une idée défendue par plusieurs de ses concurrents. "J'ai toujours défendu le principe de deux Etats parce que ça me semblait la solution la plus raisonnable. Le souci aujourd'hui, c'est que créer un Etat palestinien, c'est créer un semi Etat islamique. Vu la puissance de frappe et le soutien de la population au Hamas, on ne peut pas se permettre de créer un Etat palestinien tant que le Hamas n'a pas été éradiqué", expliquait-elle sur franceinfo au mois d'avrilLa position de Marion Maréchal n'a pas évolué depuis, alors que plusieurs spécialistes récusent l'idée d'une équivalence entre le Hamas et l'organisation terroriste Etat islamique, comme Héloïse Fayet, de l'Institut français des relations internationales, ou Hugo Micheron, de l'Ecole des affaires internationales de Sciences Po.

Les Républicains sont contre

Tête de liste du parti Les Républicains, François-Xavier Bellamy a rejeté sur BFMTV une éventuelle reconnaissance d'un Etat palestinien. "Ce serait donner raison à ceux qui ont déclenché l'enfer du 7 octobre, c'est-à-dire le Hamas, et ceux qui aujourd'hui créent l'enfer que subit la population palestinienne", a-t-il jugé. L'eurodéputé de droite s'est tout de même dit en faveur "d'une solution à deux Etats", "un jour". 

La position du candidat LR aux européennes est en ligne avec son parti. Lors de la campagne présidentielle de 2022, Valérie Précresse proposait déjà "un processus garantissant la sécurité d'Israël et un espoir pour le peuple palestinien conformément aux résolutions des Nations unies". Le 15 mai, le président du parti, Eric Ciotti, a voté contre la création d'un groupe d'amitié France-Palestine à l'Assemblée nationale, jugeant sur X que "la Palestine n'est pas un Etat".

Renaissance estime que ce n'est pas le moment

Sans surprise, Valérie Hayer, tête de liste du camp présidentiel pour les européennes, a fait sienne la position de la France. "Les conditions ne sont pas réunies aujourd'hui" pour la reconnaissance d'un Etat palestinien, a-t-elle assuré sur BFMTV, rappelant son attachement à la solution à deux Etats. La présidente du groupe Renew au Parlement européen a expliqué qu'une telle reconnaissance profiterait de surcroît au mouvement palestinien au pouvoir dans la bande de Gaza. Selon elle, "c'est le Hamas, qui est un groupe terroriste, (...) qui se réjouirait de l'appel de la création d'un Etat de Palestine".

Cinq jours plus tôt, Stéphane Séjourné, le chef de la diplomatie française, avait estimé auprès de l'AFP que la reconnaissance d'un Etat palestinien n'était "pas un tabou pour la France" mais que les conditions n'étaient pas réunies "à ce jour pour que cette décision ait un impact réel" sur le processus visant la solution à deux Etats. Le numéro deux de la liste Renaissance, Bernard Guetta, s'est lui au contraire prononcé pour cette reconnaissance. "C'est un facteur d'accélération d'une reprise des négociations", a plaidé lundi l'ancien journaliste sur Sud Radio.

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