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Location de voiture à l'étranger : pourquoi certaines cartes bancaires sont-elles parfois refusées ?

En s'appuyant sur une directive européenne, des loueurs de voiture refusent d'accepter certaines cartes bancaires françaises et en profitent pour facturer des assurances supplémentaires très onéreuses.

Article rédigé par Clémentine Vergnaud
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Des entreprises de location de voitures à l'aéroport d'Orly, le 6 juillet 2009. (MAXPPP)

À l'approche des vacances d'été, de nombreux consommateurs français préparent leur séjour à l'étranger. Certains prévoient notamment de louer une voiture dans le pays de destination. Si celui-ci est situé dans l'Union européenne, soyez vigilant : une directive européenne peut vous compliquer la vie une fois sur place. 

Carte de débit ou carte de crédit ?

À l'origine, la directive européenne sur les services de paiement, adoptée en novembre 2015, n'a aucun rapport avec les locations de voiture mais "certains loueurs s'en servent pour refuser de donner les clés à certains clients", explique Romain Boguet, juriste au Centre européen des consommateurs (CEC) en France. L'un des principes de la directive prévoit que la catégorie de votre carte bancaire doit être mentionnée sur celle-ci : débit, crédit, commerciale ou prépayée. En France, malgré l'usage qui nous amène à parler de "carte de crédit", la majorité des particuliers possède en fait une "carte de débit". 

Quelle est la différence entre les deux ? Une carte de crédit permet de "bloquer" une certaine somme (une sorte de caution) sur la carte, sans que le compte soit approvisionné de la somme correspondante. En cas de besoin, le loueur de voitures pourra débiter cet argent - par exemple, si le véhicule est endommagé lorsque vous le rendez. Une carte de débit ne possède pas cette fonction : pour s'assurer que les éventuels frais supplémentaires soient payés, le professionnel doit donc débiter la somme au moment de la location du véhicule et la rendre au client lors de la restitution de la voiture. 

Entre 15 et 20% des litiges traités

C'est ce principe d'une double opération qui déplaît à certains loueurs de voitures. Avant la directive, ils n'avaient pas la possibilité de savoir quel était le type de carte bancaire utilisé par le client. Depuis 2015, celui-ci est directement mentionné sur la carte. Certains professionnels refusent donc de donner les clés d'un véhicule à un client français s'il a une carte de débit - y compris s'il a été réservé en amont sur Internet. "Actuellement ça représente entre 15 et 20% de tous les litiges traités dans le cadre de notre réseau. C'est une hausse d'activité assez forte", détaille Romain Boguet. Les pays les plus concernés sont l'Espagne, l'Italie et le Portugal.

Les conséquences de ce refus sont parfois importantes pour les clients français, selon le juriste spécialiste des voitures : "Ça peut aller de la simple annulation de la location - mais il faut retrouver un loueur après - à la souscription d'une assurance complémentaire qui est bien évidemment assez chère."

Vérifier les conditions générales en amont

Comment éviter les déconvenues sur place ? En étant attentif en amont, alerte Romain Boguet. "Il faut vérifier les conditions générales de chaque loueur, pour voir si les cartes de débit sont acceptées, sous quelles conditions, ce que va couvrir l'assurance que l'on va souscrire sur place ou que nous avons déjà avec notre carte de débit ou via les intermédiaires." En la matière, les loueurs traditionnels sont souvent plus transparents que les low cost, "qui ont tendance à poser plus de problèmes".

Sur place, peu de recours sont possibles si le loueur refuse d'accepter votre carte de débit. "Dans l'urgence, il n'y a pas de solution miracle", déplore le juriste. Certains pays, comme l'Espagne ou le Portugal, proposent des fiches de réclamation dans tous les secteurs de la vie courante. "On peut donc faire une réclamation directement sur place, ce qui peut aider par la suite", conseille Romain Boguet. Quoi qu'il arrive, "il faut regarder attentivement le contrat avant de le signer et ne pas hésiter à poser des questions", alerte le membre du CEC. 

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