Résultats européennes 2019 : qui sont les cinq élus français qui devront patienter jusqu'au Brexit pour siéger au Parlement ?
Ils sont élus, mais encore pas tout à fait. Au total, 79 sièges seront attribués à la France après le départ du Royaume-Uni, contre 74 aujourd'hui. Cinq candidats vont donc vivre les prochains mois dans l'attente.
Ces prochaines semaines, certains colistiers français risquent de suivre avec une attention toute particulière les évolutions politiques au Royaume-Uni. Le nombre de sièges attribués à la France passera en effet de 74 à 79 lors de la mise en œuvre effective du Brexit, en vertu d'une décision du Conseil européen de juin 2018 (l'Italie passera de 73 à 76 sièges ; les Pays-Bas, de 26 à 29, etc.). C'est seulement à ce moment que ces cinq candidats élus lors des européennes pourront débuter leur mandat. L'application de la proportionnalité par tranches de voix (quotient électoral) lors des européennes donne cette répartition : deux sièges pour LREM et un pour le RN, le PS et EELV.
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En attendant, ils sont aujourd'hui considérés comme de simples "suivants de liste", ce qui signifie qu'ils peuvent également prendre le siège laissé vacant par un eurodéputé. Ils ne disposent d'aucun droit attaché au mandat d'eurodéputé – et donc d'aucune indemnité –, mais ils conservent le droit d'être suppléant d'un député national.
Jean-Lin Lacapelle (RN) "patientera le temps qu'il faudra"
> Lors du Brexit, le RN passera de 22 à 23 sièges.
"La règle est ainsi faite. Je vais patienter quatre ou cinq mois de plus, cela sera peut-être plus rapide, mais je vais patienter le temps qu'il faudra", résume à franceinfo Jean-Lin Lacapelle, en 23e position sur la liste RN. Vice-président du groupe RN au conseil régional d'Ile-de-France, ce proche de Marine Le Pen concède que "les choses sont évidemment différentes" selon la position sur la liste, mais il assure "ne pas être obnubilé et obsédé par un intérêt personnel".
"Cela ne change rien au quotidien et ne fait que reporter les choses", ajoute encore Jean-Lin Lacapelle, qui a encore le temps de se préparer avant d'endosser un nouvel habit. Le conseiller régional ajoute qu'il ne "s'était pas encore préparé à aller à Bruxelles" car il "n'aime pas anticiper". Certaines interrogations subsistent encore, comme l'indemnisation d'eurodéputé – "Je ne pense pas l'avoir avant de siéger, ça paraît logique." Un rapport de l'Assemblée nationale précise en effet que ces élus ne disposent d'aucun droit attaché au statut de député européen.
Claude Gruffat (EELV) a "la chance de pouvoir se préparer"
> Lors du Brexit, EELV passera de 12 à 13 sièges.
Animé par une "vision fédéraliste de l'Europe", Claude Gruffat regrette le Brexit et ses conséquences. Elu en 13e position sur la liste EELV, l'ancien président de Biocoop va devoir maintenant prendre son mal en patience. "Je suis dans une situation où j’ai la chance de pouvoir me préparer", philosophe le candidat, qui avait déjà démissionné de son poste pour entrer en campagne. "Je ne suis pas un homme politique aguerri, poursuit-il, et c’est une nouvelle aventure que je prends avec sérieux et responsabilité." Interrogé sur d'éventuels regrets de ne pas avoir été choisi plus haut dans la liste, Claude Gruffat botte en touche – “les choses ont été posées comme ça".
Sandro Gozi (LREM), un habitué de Bruxelles
> Lors du Brexit, LREM passera de 21 à 23 sièges.
Sandro Gozi, lui, est rompu aux arcanes bruxelloises. Ancien secrétaire d’État délégué aux Affaires européennes, cet Italien expliquait sur franceinfo qu'une 'démocratie européenne" était difficile en l'absence de "mouvements politiques transnationaux". Celui qui est également président des fédéralistes européens n'a été placé qu'en 22e position de la liste LREM, car la présence de candidats non français ne faisait pas l'unanimité au sein de LREM. Finalement élu, il devra tout de même patienter avant de prendre son siège.
Ilana Cicurel (LREM) est "déjà en train de travailler"
> Lors du Brexit, LREM passera de 21 à 23 sièges.
"Nous savions que nous serions potentiellement concernés”, résume Ilana Cicurel, déléguée nationale à l'éducation au sein du bureau de LREM, élue en 23e position de sa liste. Attachée à l’idée européenne, l'avocate parisienne ajoute qu'elle serait même "ravie de céder [s]on siège si les Britanniques changeaient d’avis et renonçaient au Brexit", sans croire toutefois à ce scénario. Elle se tient donc "au calendrier" d'Emmanuel Macron, qui a obtenu un accord prévoyant un départ du Royaume-Uni à la fin octobre, avec ou sans accord.
En attendant, "je suis déjà en train de travailler sur les dossiers de la culture et de l’éducation qui seront les miens”. Ilana Cicurel évoque déjà l’importance d'une éducation à l’Europe dans les écoles, elle qui a lancé l'initiative "Je m'engage pour l'école" l'an passé en France. "J’aurais souhaité me mettre au travail tout de suite, mais ce moment de réflexion, je l’espère, me permettra d’être efficace immédiatement". Au passage, elle se dit même "fière" de devenir bientôt la 23e élue de la liste LREM, ce qui permettra à son parti d'égaler les 23 de la liste RN.
Nora Mebarek (PS) devra déposer "son préavis"
> Lors du Brexit, le PS-Place publique passera de 5 à 6 sièges.
Un temps pressentie pour occuper la 4e place, Nora Mebarek figurait finalement en 6e position de la liste PS - Place publique. Elle parvient tout de même à décrocher un siège. "Vu les sondages, je ne m’étais pas projetée ou organisée, explique-t-elle à franceinfo. C’est d’ailleurs un journaliste qui m’a appris que j’étais élue car il en avait ras-le-bol d’attendre ma réaction. J’ai répondu : 'Ah oui quand même.'" Chargée de mission sur des programmes de rénovation urbaine, Nora Mebarek pense déjà au préavis "de trois mois" qu’il faudra déposer auprès de son employeur et au remplaçant qu’il faudra former.
Ce délai lié au Brexit "va me permettre d'avoir un peu de temps", poursuit l'élue, qui reprend le travail la semaine prochaine après avoir posé trois semaines de congés pour les besoins de de la campagne. Pour autant, la première secrétaire du PS dans les Bouches-du-Rhône a déjà endossé ses nouveaux habits et n'envisage pas une seconde que le Brexit soit annulé – "ce qui est d'ailleurs regrettable". Nora Mebarek sait déjà qu'elle participera à la commission consacrée au développement durable, notamment chargé des aides aux territoires ultramarins et ruraux. "Je commence déjà à plancher avec mes colistiers."
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