Discours d'Emmanuel Macron sur le tarmac : "Cela prouve l'inquiétude du camp présidentiel", analyse un politologue
Avant d'embarquer dans l'avion qui le conduisait en Roumanie, Emmanuel Macron a appelé les Français à lui donner dimanche une "majorité solide". Une "mise en scène" qui traduit, selon Christophe Boutin, son inquiétude de ne pas obtenir de majorité absolue lors du second tour des législatives.
"Cela prouve l'inquiétude du camp présidentiel sur l'existence même d'une majorité absolue", a déclaré mercredi 15 juin sur franceinfo Christophe Boutin, politologue, professeur en droit public à l’université de Caen. Au moment d'embarquer pour son voyage consacré à la crise ukrainienne mardi, le président s'est adressé aux Français depuis le tarmac d'Orly, les exhortant à ne pas ajouter un "désordre français au désordre mondial" et à lui donner dimanche une "majorité solide".
franceinfo : Jean-Luc Mélenchon a qualifié de "sketch" l'intervention d'Emmanuel Macron. Qu'en pensez-vous ?
Christophe Boutin : C'est une surprise bien mise en scène.
"On est devant l'avion marqué "République française", les moteurs tournent, le président est prêt à s'envoler vers la guerre, c'est un peu Tom Cruise."
Christophe Boutin, politologueà franceinfo
Cela prouve l'inquiétude du camp présidentiel sur l'existence même d'une majorité absolue Ensemble! à l'Assemblée nationale et la volonté d'utiliser toutes les images pour rappeler les électeurs aux urnes.
Emmanuel Macron a déclaré qu'aucune voix ne doit manquer à la République. Qu'est-ce que cela signifie ?
Il y a un problème avec ce discours sur ce qui est et ce qui n'est pas républicain. On a ici l'idée selon laquelle La France insoumise ne relèverai pas du champ républicain, voilà pourquoi il faudrait faire des choix distincts selon les candidats de la Nupes au second tour. C'est un discours qui rappelle celui du front républicain qui a pu être utilisé à l'encontre du Rassemblement national. Ce discours passe de moins en moins auprès des électeurs. Considérer que c'est le camp de la raison qui est le camp républicain, c'est un peu rapide.
Jean-Luc Mélenchon se pose-t-il comme l'adversaire numéro un ?
Absolument. Ce qui est intéressant, c'est de voir que Jean-Luc Mélenchon qui est à la tête d'une coalition apparaît comme le leader de cette coalition, celui qui dans la personnalité s'oppose directement à celle d'Emmanuel Macron.
Pourquoi Emmanuel Macron continue-t-il à dire que la Nupes n'est pas la République ?
Il veut faire jouer le réflexe républicain. C'est une question de valeurs républicaines mais la notion est tellement floue que cela pose de plus en plus de problèmes.
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