: Enquête franceinfo Législatives : au moins 212 députés sortants ne se représentent pas au mois de juin
Loi limitant le cumul des mandats, peur du "dégagisme" ambiant, lassitude... Plus d'un tiers des députés ne brigueront pas un nouveau mandat lors des scrutins des 11 et 18 juin. L'Assemblée nationale va ainsi connaître un renouvellement inédit.
L'hémicycle de l'Assemblée nationale va voir débarquer de nouvelles têtes avant l'été. Selon notre enquête publiée vendredi 19 mai, au moins 212 députés sur 569 élus sortants ne se présenteront pas lors des prochaines élections législatives des 11 et 18 juin. Cela représente environ 37% des sortants au jour de la clôture du dépôt des candidatures en préfecture.
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Il s'agit d'un taux d'abandon inédit, deux fois plus important que celui des deux précédentes législatives : 98 sur 577 en 2007 (environ 17%) et 105 sur 577 en 2012 (environ 18%). Le personnel de l'Assemblée ne perdra tout de même pas tous ses repères, puisque 358 députés déjà présents en 2012 briguent un nouveau mandat.
Un tiers des socialistes et des Républicains jettent l'éponge
Parmi les 212 députés qui ne retournent pas en campagne, presque la moitié (103) sont issus des rangs socialistes, soit 36% des 284 députés inscrits au groupe PS à l'Assemblée. En pourcentage, avec un taux de 46%, ce sont les députés de la Gauche démocrate et républicaine (7 députés sur 15) et les non-inscrits (12 sur 26) qui renoncent le plus.
Derrière se trouvent Les Républicains (78 députés sur 199, soit environ 39%) et le groupe Radical, républicain, démocrate et progressiste (7 sur 18, soit 38%). Dans les rangs de l'UDI, le renouvellement est moindre, avec seulement 5 parlementaires sur 27 qui renoncent, soit 18%.
Les députés font trois mandats en moyenne
Les députés qui ont décidé de ne pas se représenter ont, en moyenne, déjà effectué 3,2 mandats au Palais-Bourbon. A l'inverse, pour les députés qui retournent en campagne, la moyenne est de deux mandats environ.
Mais cette statistique cache des réalités diverses, puisque 179 députés qui se représentent n'ont fait qu'un seul mandat, 81 en ont fait deux et 49 en sont à trois. Certains élus très expérimentés veulent rempiler : c'est le cas par exemple de Gérard Bapt (député de Haute-Garonne), élu pour la première fois en 1978 et qui compte déjà 8 mandats à son actif, ou de Jean-Louis Dumont (député de la Meuse), avec 7 mandats au compteur, tout comme Alain Moyne-Bressand (député de l'Isère).
Non-cumul des mandats, déprime... Des raisons diverses pour arrêter
Loi limitant le cumul des mandats, déprime, peur du "dégagisme" ambiant... Les raisons évoquées par les parlementaires sont très diverses. "J'estime qu'il est légitime de passer le relais à la nouvelle génération", explique par exemple le député LR Dominique Bussereau à franceinfo. "J'ai regardé ma carte d'identité, elle me dit que j'ai dépassé les 70 ans", ajoute Alain Rodet, député PS.
Certains députés craignent une coupure avec leurs administrés. C'est le cas du socialiste Laurent Grandguillaume : "Il est sain de retourner à la vie professionnelle, car plus vous êtes élu, plus vous vous éloignez des réalités." D'autres sont fatigués du fonctionnement de l'Assemblée ou n'ont pas apprécié le travail de député, comme la députée PS Dominique Chauvel: "Je n'y ai pas trouvé mon compte et je l'ai dit à Bartolone. J'avais l'impression de ne pas être à ma place à l'Assemblée, on est éloigné du quotidien des administrés."
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