: Reportage "Son nom, comme ça, je ne pourrais pas vous le dire..." : dans les Landes, les électeurs du RN votent pour des "candidats fantômes"
Leurs opposants les appellent les "candidats fantômes" : ils sont qualifiés pour le second tour des élections législatives sous l’étiquette Rassemblement national, mais ils ne font pas campagne ou presque. Les électeurs ne les croisent guère sur le terrain et les journalistes leur courent après... D’après nos confrères du réseau France Bleu, au moins 21 candidats RN ont refusé de débattre au second tour avec leurs adversaires dans les locaux des radios locales de Radio France. Dans les Landes, les trois candidats RN se sont qualifiés pour le second tour, malgré une campagne à bas bruit.
Dans cette circonscription, la candidate Rassemblement National est arrivée en tête au premier tour. Mais au fait, comment s’appelle-t-elle ? Les électeurs du RN sont un peu perdus : "Alors le nom, comme ça, je ne pourrais pas vous dire...", reconnaît une passante. Véronique Fossey souffre d’un déficit de notoriété évident. Il faut dire que la campagne des trois candidats RN est très discrète dans les Landes : pas de réunion publique, une présence sur le terrain limitée... Les électeurs n’ont d’ailleurs jamais croisé leur candidate : "Je suis venue au marché plusieurs fois le samedi et non...", raconte une électrice.
"En fait, elle a peur"
Et même sur les affiches de campagne, le visage des trois candidats n’apparaît pas. Simplement leur nom. Mais qu’importe : "Je n'ai même pas retenu son nom, ça m'est égal", reconnaît un électeur. "Je ne la connais pas du tout, c'est le programme national que je regarde", ajoute un autre. Voilà pourquoi les candidats RN dans les Landes ne prennent aucun risque.
Dans les locaux de France Bleu à Mont-de-Marsan, on n’avait jamais vu ça : les trois candidats RN ont décliné l’invitation de la radio au traditionnel débat du second tour. Eric Ballanger, le rédacteur en chef : "La première m'a dit : 'Non, je ne peux pas. Mon travail ne me le permet pas.' Elle est à la retraite... Et puis, finalement, je me suis renseigné et quelqu'un du Rassemblement national un peu plus haut placé me dit : 'En fait, elle a peur.' Ce ne sont pas des professionnels du micro, pas des professionnels du débat... Peut-être que, stratégiquement, ils ont raison."
Les candidats RN font donc campagne loin des journalistes, loin de leurs adversaires également, comme la centriste Geneviève Darrieussecq qui affrontera Véronique Fossey, dimanche 7 juillet : "Non seulement, je n'ai pas débattu avec elle, mais je ne l'ai jamais vue. Ça a l'air d'être une marque de fabrique de ce mouvement qui veut certainement des personnes qui lèvent le doigt dans l'Assemblée, comme des moutons. Mais sans personnalité sur le terrain."
Contactée par franceinfo, Véronique Fossey s’est contentée de nous dire qu’elle ne souhaitait pas débattre avec des adversaires "malveillants". Les deux autres candidats RN du département n’ont pas répondu aux sollicitations de franceinfo.
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