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Vidéo Municipales : "Le mouvement de dégagisme politique ne devrait pas se reproduire pour l'essentiel des villes"

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Article rédigé par franceinfo
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Le directeur du Cevipof, le centre de recherches politiques de Sciences Po, était l'invité de franceinfo lundi matin. Il a détaillé l'enquête qui confirme que les élus municipaux sont les plus appréciés en France. 

Les Français plébiscitent leurs maires, selon une enquête de l'Observatoire de la démocratie locale, révélée dimanche 7 juillet par franceinfo. 61% d'entre eux souhaitent que leur édile actuel soit de nouveau candidat en mars 2020. Un résultat qui montre que "le mouvement de 'dégagisme' politique ne devrait pas se reproduire pour l'essentiel des villes" lors des municipales de l'an prochain, selon Martial Foucault, directeur du Cevipof, le centre de recherches politiques de Sciences Po. Interrogé sur franceinfo lundi matin, il estime que "les maires sont préservés de cet océan de défiance" qui n'épargne pas les autres responsables politiques en France.

franceinfo : Les Français semblent aimer leur maire, mais de très nombreux élus sont prêts à jeter l'éponge : ce sont deux enseignements très étonnants de vos enquêtes récentes...

Martial Foucault : Du côté des Français, on voit qu'il y a une sorte de paradoxe. Un maire sur deux était prêt à jeter l'éponge pour les prochaines élections municipales, dans un premier volet de notre enquête que l'on a fait il y a six mois. Mais en même temps, les Français sont très attachés à leur maire et plus de 60% d'entre eux nous indiquent qu'ils sont satisfaits du travail mené par leur équipe municipale, et tout cela dans une période post "gilet jaune".

Il n'y a pas une contradiction avec la détestation qui existe entre bien des Français et leurs élus, notamment depuis quelques mois?

Les maires sont préservés de cet océan de défiance. C'est assez stable depuis une dizaine d'années, les maires restent la figure de l'élu apprécié. Les gens ont confiance. Mais derrière la confiance, c'est une demande de bienveillance et de prendre soin des administrés. Et beaucoup de Français s'étonnent que le statut des élus n'existe pas pour eux. Ils sont peu rémunérés pour leur dévouement et leur engagement, mais il y a aussi le problème de la responsabilité juridique et pénale. Certains d'entre eux ont peur.

61% des Français veulent que leur maire soit à nouveau candidat, cela veut-il dire qu'il n'y aura pas de renouvellement important en 2020 des conseils municipaux?

A priori, le mouvement de 'dégagisme' politique, qui avait eu lieu en 2014, ne devrait pas se reproduire pour l'essentiel des villes. On se souvient que beaucoup de maires avec un bilan honorable avaient été battus - et beaucoup d'entre eux s'interrogeaient. Pour 95% des communes de moins de 30 000 habitants, c'est là où l'essentiel des maires aujourd'hui sont appréciés, ça va être la stabilité. Il ne faut pas s'attendre à des grands changements. Ce sont des villes ou des communes très peu politisées. Là où on va se concentrer, et là où la tension va être très forte, c'est dans les communes de plus de 30 000 habitants.

Dans ce contexte, comment des partis moins implantés localement comme LREM, le RN ou même EELV vont-ils pouvoir tirer leur épingle du jeu?

C'est un mode de scrutin très particulier. Pour La République en marche, on voit bien qu'il leur sera très difficile d'être présent dans chacune des villes. Du côté du Rassemblement national, c'est une stratégie totalement différente. Le parti de Marine Le Pen va essayer d'être très présent sur les nouveaux territoires conquis après la présidentielle et les européennes : le grand quart Nord-Est, aussi un petit peu la Bourgogne, le Centre, une partie de la Normandie, la Gironde. Le RN y a réalisé des scores très élevés, souvent devant les autres partis, et il aura sans doute à cœur d'être présent pour ces élections municipales.

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