Parrainages : pour le premier vice-président de l'AMF, "le Premier ministre essaie de se donner le rôle du démocrate de service"
Pour André Laignel, premier vice-président de l'Association des Maires de France, "il y a 44 000 possibilités de parrainage dans le pays", donc si un candidat peine à en trouver 500, il doit "peut être se poser des questions sur l'offre politique qui est la sienne".
André Laignel, maire socialiste d'Issoudun et premier vice-président de l'Association des Maires de France, estime mardi 22 février au soir sur franceinfo que Jean Castex "essaie de se donner le rôle du démocrate de service" en appelant les élus locaux à parrainer les candidats à la présidentielle qui ont du mal à atteindre le seuil des 500 parrainages, dix jours avant la clôture des parrainages.
franceinfo : Comment accueillez-vous l'appel du gouvernement auprès des élus locaux à parrainer des candidats à l'élection présidentielle ?
André Laignel : Je l'accueille avec un sentiment d'indécence de la part du Premier ministre. Cela fait cinq ans que ce gouvernement et cette majorité sont en action, et ils n'ont rien fait. Dix jours avant, le Premier ministre essaie de se donner le rôle du démocrate de service qui viendrait tancer les maires qui n'ont pas décidé de soutenir tel ou tel candidat. Je crois qu'il y a là quelque chose qui est totalement indécent et surtout, qui ne correspond à aucune réalité.
Seuls 20% des élus ont apporté leurs parrainages aujourd'hui : vous ne leur demandez pas de se mobiliser plus que cela ?
Chacun fait selon sa conscience. C'est une possibilité donnée aux élus. Il est tout à fait naturel que chacun choisisse de soutenir ou non. Le groupe socialiste à l'Assemblée avait déposé une proposition de loi pour revenir sur la forme actuelle des parrainages. C'est ce même gouvernement qui a refusé de changer le mode de sélection des candidats à l'élection présidentielle. Tout ça n'est pas sérieux. Il y a 44 000 possibilités de parrainage dans le pays. Quand un candidat a du mal en avoir 500, il faut peut être se poser des questions sur l'offre politique qui est la sienne à l'égard de chacun de ceux qui sont en capacité aujourd'hui de donner leur parrainage. Mais ne faisons pas retomber sur les maires la responsabilité d'un système qui aurait pu être modifié depuis cinq ans, et devant lequel le gouvernement et le président ont été totalement inertes.
Pourquoi une telle réticence des maires ?
Peut-être qu'on peut s'interroger aussi sur le fait qu'il y a à l'extrême-droite plusieurs candidats, alors qu'il n'y en avait habituellement qu'un. C'est une division des parrainages qui peut exister. C'est aussi peut-être le manque d'attractivité d'un certain nombre de candidats. Il faut se poser des questions sur la manière dont on est capable de convaincre des élus locaux qui sont au contact des citoyens. S'il y a des réticences, c'est peut être aussi parce qu'il y a des thématiques qui ne semblent pas vraiment démocratiques. Il y a des candidats, comme Monsieur Zemmour, qui sont en marge des chemins de la démocratie dans leurs propositions, il ne faut pas qu'ils s'étonnent que les maires n'aient pas forcément envie de se retrouver en telle compagnie.
Les maires sont davantage sous pression aujourd'hui ?
Il y a un ras-le-bol généralisé, on l'a bien vu au travers de toutes les élections ces dernières années. Il est naturel que ça se retrouve aussi dans une certaine réserve de la part des maires. Arrêtons de dire que ce sont les maires qui seraient responsables d'une situation. On a aussi assisté les années passées au fait que certains candidats mettaient en scène leur pseudo manque de signatures au dernier moment, pour dire au dernier moment qu'ils les avaient. Il y a parfois un manque de sincérité.
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