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Présidentielle 2022 : "déboussolés", les militants du Parti socialiste regrettent "la division" de la gauche

Alors que Christiane Taubira doit officialiser sa candidature ce samedi lors d'un déplacement à Lyon, ajoutant un nom à la liste des prétendants à gauche pour la présidentielle de 2022, franceinfo est allé à la rencontre de militants du Parti socialiste. Déçus, certains se préparent à "un vote utile" pour Emmanuel Macron ou Valérie Pécresse. 

Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Rue de Solferino, à Paris (illustration).  (BENJAMIN ILLY / FRANCE-INFO)

Au 10, rue de Solférino, dans le VIIe arrondissement de Paris, se trouve l'ancien siège du Parti socialiste. En 2018, le parti de gauche a dû vendre le bâtiment pour renflouer ses caisses, et a pris ses nouveaux quartiers à Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne. "Dans cette période un peu difficile, c'est beaucoup d'émotion de se retrouver ici", confie Noël Cavalière, co-secrétaire de la section PS du Ve arrondissement de Paris.

Car à moins de trois mois du premier tour de l'élection présidentielle, la gauche est en mauvaise posture. Alors que presque tous les candidats refusent de participer à la Primaire populaire, une initiative citoyenne prévue du 27 au 30 janvier, les sondages prédisent qu'aucun ne sera qualifié pour le second tour. Ni Jean-Luc Mélenchon, ni Yannick Jadot, ni Anne Hidalgo... Et devant l'ancien siège du parti de l'acutelle maire de Paris, "en reconstruction", Noël Cavalière estime que "c'est une belle image, d'une certaine manière. C'est-à-dire que nous aussi, on a à reconstruire un Parti socialiste. D'ici avril, ça va être un peu compliqué", ironise-t-il. 

Des militants socialistes "déboussolés" 

À quelques pas de l'ancien siège du PS, au café Solferino, Noël Cavalière retrouve des camarades du parti. Delphine Pineda, "à gauche depuis toujours" et militante à la section du Ve arrondissement de Paris, reconnaît qu'elle "cherche la lumière au bout du tunnel" dans cette campagne présidentielle.

"On essaie de faire aller, il faut être optimiste", tente Noël Cavalière. Mais il admet qu'il "y a beaucoup d'incertitudes chez les militants. Il y a la primaire, puis plus la primaire, puis de nouveau la primaire... Donc les gens sont assez déboussolés", regrette-t-il.  

Michel Canet, 73 ans et "au PS depuis 1986", dénonce quant à lui une "forme de désespérance dans l'incapacité qu'on a à se parler" et affirme que "c'est comme ça qu'on a perdu la présidentielle de 2002". Le militant des Hauts-de-Seine pense à Christiane Taubira. Cette année-là, l'ancienne garde des Sceaux, qui doit officialiser sa candidature à la présidentielle de 2022 lors d'un déplacement à Lyon ce samedi 15 janvier, s'était lancée dans la course à l'élection, finalement remportée par Jacques Chirac. "Je ne sais pas si je lui en veux, mais je constate qu'en 2002, si elle n'avait pas été candidate, Lionel Jospin aurait été au second tour", affirme Michel Canet. 

Christiane Taubira "aggrave la division"

Pour Michel Canet, l'arrivée de Christiane Taubira "aggrave" donc "la division""C'est la divison de la gauche, encore une fois", renchérit Delphine Pineda, et "ça sert Macron". En effet, certains militants se "préparent à un vote utile, entre guillemets", ajoute Noël Cavalière. "C'est soit voter Macron, pour faire barrage à l'extrême droite dès le premier tour, soit éventuellement voter Pécresse pour chasser Macron. On voit ce genre de choses, on entend ce genre de choses chez certains militants socialistes", explique-t-il. Car "plein de gens ont interiorisé cette défaite, en se disant que ce coup-là, il n'y aurait pas la gauche au deuxième tour, parce qu'il y a un émiettement des forces".

"La base, elle la veut l'union. Donc débrouillez-vous, faites-la!"

Noël Cavalière

à franceinfo

Les trois militants socialistes ont tout de même des messages à faire passer aux candidats à la présidentielle. "À toute la gauche, la grande famille de gauche, parlez aux couches populaires, parlez aux couches moyennes, ne les oubliez pas", plaide Delphine Pineda. Michel Canet, lui, aimerait les "enfermer dans une pièce" et la rouvrir lorsqu'ils se seront "mis d'accord".

Les militants du Parti socialiste inquiets pour 2022 - un reportage de Benjamin Illy

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