: Témoignages Présidentielle 2022 : "En fait, les gens n'osent pas voter Marine Le Pen", regrettent des électeurs RN sur le marché de Béthune
Au lendemain de la réélection d'Emmanuel Macron, c’est la déception pour les électeurs de Marine le Pen dans le Pas-de-Calais, où la candidate du Rassemblement national est arrivée en tête hier soir, avec 57,51% des voix.
"Je suis dégoûtée. Je ne voulais pas qu'il passe. J'aurai préféré Marine" : au lendemain de la réélection d'Emmanuel Macron à la tête de l'Etat avec 58,54 % des vote, il n’est pas difficile de trouver des électeurs lepénistes sur le marché de Béthune, dans le Pas-de-Calais, ce lundi 25 avril. Comme Christine, qui a toujours voté pour les Le Pen.
Cette responsable d’atelier de confection a le moral et le pouvoir d'achat en berne : "Ce n'est pas que je sois raciste, loin de là, j'ai des origines portugaises, mais quand on voit tout ce qu'il y a à côté, il n'y a plus de classe moyenne. Ca n'existe plus. Dans le temps, si nos parents travaillaient à deux, nous étions des 'petits riches'. Maintenant, quand on travaille à deux, on a du mal à s'en sortir. On ne vit pas mal, mais, avant, on arrivait à mettre de l'argent de côté, faire plein de choses... Maintenant, on ne peut plus. Quand je vais faire les courses, je pleure", confie-t-elle. Et à côté d'elle, un homme glisse : "Il sait même pas combien coûte une baguette, Macron..."
"Pas un achat de trop, on fait attention", assure de son côté Cathy, qui discute avec sa sœur devant un étalage d’artichauts. Elles se baladent plus qu’elles n’achètent.
Difficile de trouver le sourire, aujourd’hui. Cette fois, elles croyaient vraiment que Marine Le Pen pouvait gagner : "Il y a de plus en plus de pauvres, de gens qui n'y arrivent pas. Mon fils cherche un logement social, mais il n'en trouve pas : à 30 ans, il veut s'installer avec sa copine. Il habite encore chez moi."
"Et il n'y a rien qui change, on est reparti pour cinq ans. En fait, les gens n'osent pas voter Marine Le Pen."
Cathyà franceinfo
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Avec le pouvoir d’achat, la réforme des retraites est l’un des sujets le plus souvent abordé lorsque l’on parle politique sur le marché de Béthune. Bernard, 70 ans, ancien ouvrier de Bridgestone, l'usine qui a fermé ses portes il y a un an, tient compagnie comme tous les lundis à sa voisine, vendeuse de vêtements pour femmes. Et face aux résultats du second tour, son verdict tombe : "Je suis déçu de toute la politique. En 1981, j'ai été dessus par Mitterrand. Et depuis, j'ai toujours voté Le Pen. J'ai commencé par le père. Pour les jeunes, je les plains : je ne sais pas comment ils vont faire avec leurs retraites. Moi, je l'ai eu à 56 ans et j'en profite ! Eux, les jeunes, n'en profiteront pas", glisse-t-il.
"Tant qu'à faire, autant avoir un changement radical"
Cresson, artichauts, pommes de terre : on se presse devant les stands. Christian et Isabelle, eux, ont glissé dans leur panier la première barquette de fraises de la saison. Pour eux, le bulletin Marine Le Pen, c'était une première. Avant, ils votaient socialistes : "On est déçus. On espérait Marine, c'est tout. De toute façon, il n'y a plus de Parti socialiste, il n'y a plus rien. Tant qu'à faire, autant avoir un changement radical. Nous, ça va, notre carrière est faite, mais nos enfants...", s'inquiète-t-il. Isabelle reprend : "Les retraites pour les jeunes, ils ne vont pas les avoir avant 65 ans... On sait comment on est quand on arrive aux abords des 60 ans, après avoir travaillé 42 ans : on est un peu usé", regrette-t-elle.
Et le couple sait de quoi il parle : Isabelle a travaillé dès ses 18 ans comme secrétaire médicale, Christian, lui, a passé 46 ans dans le bâtiment. Mais les deux retraités espèrent bien voir un jour Marine Le Pen gagner. "De toute façon, la prochaine fois, ça va être bon. Ca monte, ça monte, il n'y a pas de raison que ça gagne pas", sourit-il. Dans le Pas-de-Calais ici, la candidate du Rassemblement national a réuni 55 000 suffrages de plus qu’en 2017.
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