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"Macron assassin" : on vous résume la passe d'armes entre Eric Zemmour et Emmanuel Macron en cinq actes

Les propos tenus par une partie des militants d'Eric Zemmour au Trocadéro, dimanche, ont provoqué un tollé dans l'ensemble de la classe politique. Le chef de l'Etat, visé par ces slogans, a vivement réagi lundi.

Article rédigé par franceinfo
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Le candidat Eric Zemmour devant ses partisans réunis au Trocadéro, à Paris, le 27 mars 2022. (BERTRAND GUAY / AFP)

La polémique agite le début de la campagne présidentielle officielle, lundi 28 mars. Dimanche, une partie des partisans d'Eric Zemmour présents à son meeting place du Trocadéro, à Paris, ont scandé "Macron assassin" sans être interrompus. Immédiatement, d'autres candidats ont fermement condamné ce slogan répété plusieurs fois, que le candidat de Reconquête ! et son équipe de campagne jurent ne pas avoir entendu.

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Lundi, le chef de l'Etat, visé par cette formule, a ironisé depuis Dijon, avant qu'Eric Zemmour ne réplique dans la foulée aux critiques formulées par le président-candidat. Franceinfo vous résume cette polémique en cinq actes.

Acte 1 : des supporters d'Eric Zemmour scandent "Macron assassin"

Il est 16h40, dimanche, quand des "Macron assassin" commencent à s'élever de la foule massée sur l'esplanade du Trocadéro. Eric Zemmour, qui parle depuis 16h17, vient d'évoquer "la résignation du gouvernement" et "la fatalité" de l'exécutif face au terrorisme et à l'insécurité, citant plusieurs crimes de ces dernières années, dont les meurtres de Sarah Halimi et de Mireille Knoll.

Le slogan, qui fait du chef de l'Etat le responsable de ces drames, est repris par une large partie du public. Le tribun, lui, interrompt la phrase qu'il avait débutée, mais ne demande pas à la foule d'arrêter de reprendre ce slogan, répété une dizaine de fois. Après une quinzaine de secondes, il poursuit son discours.

Acte 2 : la classe politique condamne ce slogan et l'attitude d'Eric Zemmour

Dès la fin de son meeting, le candidat d'extrême droite est vivement critiqué par ses opposants, qui dénoncent son attitude. "Eric Zemmour laisse une foule crier 'Macron assassin'. Je combats avec force le président sortant, mais laisser traiter un adversaire de meurtrier, c'est dangereux pour la République", clame Valérie Pécresse, candidate LR, sur Twitter.

Depuis la Guadeloupe, la candidate du RN, Marine Le Pen, estime qu'il y a "une forme d'outrance qui répond à une forme d'outrance". Sur Europe 1, l'écologiste Yannick Jadot juge que "ce message est indigne. Le projet d'Emmanuel Macron n'est pas le mien (…), mais nous devons rester dans le cadre de la République." Chez LREM, Christophe Castaner déclare qu'Eric Zemmour se montre ainsi "indigne d'une fonction de responsable politique".

Acte 3 : Eric Zemmour, qui affirme ne pas avoir entendu les slogans, "ne cautionne pas"

Interrogé dès la fin du meeting, l'entourage d'Eric Zemmour tente d'évacuer toute polémique. "Devant, on n'entendait pas grand-chose", commente Bertrand de La Chesnais, directeur de campagne d'Eric Zemmour, au micro de journalistes. "Que nous, ici, dans un meeting comme ça, on scande des propos contre Macron, ça ne me choque pas. Par contre, 'Macron assassin', bien sûr, ça me choque."

Selon son équipe de campagne, Eric Zemmour "n'a pas entendu" ce slogan et "condamne ce qu'a dit la foule à ce moment-là". "Il ne reprend pas l'expression à son compte. Il n'a jamais utilisé un tel terme et ne l'a jamais laissé entendre dans son discours", affirment ses proches. "Hier, je n'ai pas entendu ce mot dont la presse parle et que je ne cautionne pas", explique-t-il sur Twitter, lundi matin.

Acte 4 : Emmanuel Macron raille Eric Zemmour, "le candidat malentendant"

En déplacement à Dijon (Côte-d'Or), lundi matin, Emmanuel Macron réagit à ce slogan et à l'attitude d'Eric Zemmour sur le moment, évoquant "deux hypothèses" quant à l'absence de réprobation du candidat lors du meeting. "La première, c'est l'indignité, c'est plutôt celle qui me semble la plus crédible", estime le président-candidat.

Emmanuel Macron ironise ensuite sur les arguments avancés par le candidat d'extrême droite après le meeting. "La deuxième [hypothèse], c'est la méconnaissance d'une réforme très importante du quinquennat, c'est le 100% santé. Maintenant, les prothèses auditives sont remboursées par la Sécurité sociale (...). J'invite le candidat malentendant à s'équiper à moindre frais", raille-t-il.

Acte 5 : Zemmour réplique à Macron, lui-même taclé par Mélenchon

Eric Zemmour répond à Emmanuel Macron sur BFMTV, lundi midi. "Je n'ai pas entendu ces propos. Tout simplement. Donc évidemment, je ne les cautionne pas", se défend-il, avant de dénoncer "une mauvaise polémique, une polémique minable, parce que les journalistes et les politiques ne veulent pas voir la réalité". Emmanuel Macron "sait très bien, lui, (…) qu'on n'entend pas tout ce qui se passe. (…) Ce sont des mauvais procès. On parle d'une chose mineure."

Qualifié de "candidat malentendant", Eric Zemmour dénonce une "plaisanterie de garçon de bains". Sur Twitter, Jean-Luc Mélenchon critique également le choix de cette expression par le président-candidat. "Décidément ! Pas un pour rattraper l'autre ! Insulter à partir d'un handicap, on en est encore là en 2022 ?" fait-il mine d'interroger, alors qu'il avait révélé en 2015 souffrir de surdité

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