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Pourquoi nous testons Eric Zemmour ? Le directeur général délégué de l'Institut Ipsos s'explique

Brice Teinturier, directeur général délégué de l'institut Ipsos, répond sur franceinfo à ceux qui accusent les sondages d'amplifier le "phénomène Zemmour", après la publication d'un sondage Ipsos-Sopra Steria vendredi pour franceinfo et Le Parisien/Aujourd'hui en France en vue de l'élection présidentielle de 2022.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Eric Zemmour, à Budapest, en Hongrie, le 24 septembre 2021. (ATTILA KISBENEDEK / AFP)

"Ce n'est pas de la popularité, ce sont des intentions de vote" que nous recueillons, explique samedi 2 octobre sur franceinfo Brice Teinturier, directeur général délégué de l'institut Ipsos, après la publication d'un sondage Ipsos-Sopra Steria vendredi pour franceinfo et Le Parisien/Aujourd'hui en France en vue de l'élection présidentielle de 2022. Cette étude montre notamment une envolée des intentions de vote pour Éric Zemmour, toujours pas déclaré candidat, mais déjà crédité de 15% des intentions de vote. "Ce n'est pas de la création articielle", répond Brice Teinturier à ceux qui accusent les sondages d'amplifier le "phénomène Zemmour". 

franceinfo : Pourquoi sonder les Français sur Éric Zemmour, alors qu'il n'est pas candidat ?

Brice Teinturier : La question est légitime, nous essayons de ne pas poser l'intention de vote avec des candidats qui seraient totalement farfelus ou qui nous diraient "je suis candidat" mais dont on saurait parfaitement que ce ne sera pas le cas. Là, avec Éric Zemmour, c'est quelque chose de différent. Dans un premier temps, nous ne l'avons pas inclus dans nos intentions de vote. Ensuite, plus les signaux et les phrases du principal intéressé allaient dans le sens d'une déclaration de candidature, plus il nous a semblé intéressant de mesurer si le phénomène existait. En revanche, nous testons systématiquement des intentions de vote avec Éric Zemmour et leur symétrique sans Éric Zemmour. Et si demain il est candidat, évidemment nous ne ferons des intentions de vote qu'avec lui. Mais je crois qu'il est légitime aujourd'hui, compte tenu des messages envoyés par la personne elle-même, au moins d'envisager le cas de figure de sa candidature.

Cela ne rend-il pas la montée d'Éric Zemmour artificielle ?

Non, je crois que ce n'est pas du tout artificiel. Je pense que tester une candidature et tester des intentions de vote sans sa candidature permet de comprendre un certain nombre de phénomènes. Et puis s'il y a une montée en puissance d'Éric Zemmour, c'est aussi parce que dans les médias on lui accorde beaucoup de micros, et avec raison puisqu'il est un candidat potentiel et qu'il a un positionnement spécifique. Je crois qu'il est important de voir si cette candidature n'a aucune chance ou si au contraire elle rencontre un écho dans l'opinion, et là incontestablement quand vous avez ce que nous mesurons, ce n'est pas de la création artificielle, ce n'est pas le sondage qui fait le résultat d'Éric Zemmour. C'est Éric Zemmour, son positionnement et ses déclarations relayées par les médias qui font le résultat que nous mesurons ensuite auprès des Français.

Dans ce sondage, mesurez-vous une adhésion ou simplement une cote de popularité médiatique ?

Ce n'est pas de la popularité, ce sont des intentions de vote, d'aller voter. Ce que nous ne savons pas aujourd'hui ou demain, c'est si le jour où le candidat LR par exemple aura été désigné, le jour où nous serons en campagne électorale si Éric Zemmour est candidat, et qu'il sera confronté à des controverses, si à ce moment-là il ne refluera pas. Tout est possible, on peut parfaitement envisager un scénario, cela s'est déjà vu dans le passé, où un candidat obtient de bons scores dans un premier temps, puis se tasse. Les deux sont parfaitement envisageables mais ça c'est la campagne électorale qui nous le dira.

N'aurait-il pas fallu réaliser un sondage avec un échantillon plus large que ces 1 500 personnes ?

Nous le faisons déjà dans d'autres dispositifs. Nous avons un dispositif avec Le Monde, le Cevipof et la fondation Jean-Jaurès où nous travaillons sur un panel de plus de 10 000 personnes. Là nous avons augmenté les tailles d'échantillon jusqu'à 1 500 personnes pour avoir une base de répondants sufisamment solide qui nous disent à la fois qu'ils sont certains d'aller voter et qu'ils nous donnent une intention de vote. Maintenant, là encore, si nous pouvions faire à chaque fois 2 000 ou 3 000 interviews, évidemment que ce serait mieux.

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