Présidentielle : smic, immigration, nucléaire... Comment le programme de Mélenchon a évolué entre 2012 et 2017
Le député européen, à la tête du mouvement la France insoumise, est candidat à l'élection présidentielle pour la deuxième fois. Son projet est-il différent de celui qu'il portait en 2012 ? Franceinfo a relevé plusieurs évolutions.
De "L'humain d'abord" à "L'avenir en commun". Cinq ans séparent ces deux programmes portés par un même candidat à l'élection présidentielle : l'ancien sénateur et ministre Jean-Luc Mélenchon. Celui qui représentait le Front de gauche en 2012 est aujourd'hui à la tête de son propre mouvement, la France insoumise. Ses idées ont-elles aussi changé en cinq ans ? Si les deux projets se ressemblent encore sur de nombreux points, le candidat a bel et bien revu certaines positions depuis sa dernière campagne. Franceinfo revient sur cinq évolutions.
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1Smic : une hausse revue à la baisse
Ce qu'il proposait en 2012. Dans "L'humain d'abord" (PDF), en 2012, Jean-Luc Mélenchon défendait le passage immédiat du salaire minimum à 1 700 euros brut par mois, pour 35 heures de travail par semaine. Il proposait, dans un deuxième temps, la revalorisation du smic à 1 700 euros net par mois "pendant la législature". Soit, à l'époque, une hausse d'un peu plus de 55% du salaire minimum.
Ce qu'il propose aujourd'hui. Cinq ans plus tard, dans "L'avenir en commun", Jean-Luc Mélenchon défend également l'idée d'une revalorisation immédiate du smic. Dans son livre-programme, le candidat parle d'un salaire minimum "porté à 1 326 euros net par mois pour 35 heures", soit l'équivalent des 1 700 euros brut promis en 2012. Mais son projet ne mentionne plus l'objectif, à terme, d'un smic à 1 700 euros net par mois. Une mesure trop ambitieuse ? Seule une revalorisation des salaires des fonctionnaires est désormais évoquée.
2Temps de travail : un passage "vers les 32 heures"
Ce qu'il proposait en 2012. Le candidat du Front de gauche promettait, il y a cinq ans, un renforcement des 35 heures, "pleinement établies par la loi, sans annualisation, ni perte de salaire et avec les embauches correspondantes". Il prônait également un recours "strictement limité" aux heures supplémentaires.
Ce qu'il propose aujourd'hui. Le discours de Jean-Luc Mélenchon reste le même sur les 35 heures, qu'il entend "appliquer réellement et immédiatement". Mais des évolutions notables apparaissent. Les heures supplémentaires ne seront plus limitées, mais "majorées". Le candidat de la France insoumise veut ensuite "généraliser une sixième semaine de congés payés", et surtout "favoriser le passage à la semaine de quatre jours pour aller vers les 32 heures". Les salariés qui travaillent de nuit ou qui ont des métiers pénibles travailleront déjà à ce rythme. Jean-Luc Mélenchon défend donc une nouvelle réduction du temps de travail, absente de son projet en 2012.
3Nucléaire : du maintien partiel à la sortie complète
Ce qu'il proposait en 2012. "Nous proposerons un débat public national immédiat sur la politique énergétique en France", suivi d'un référendum, écrivait en 2012 Jean-Luc Mélenchon dans "L'humain d'abord". La question de la sortie "ou le maintien d'un nucléaire sécurisé et public" devait ainsi être tranchée. Le candidat prônait également "le développement des énergies renouvelables", sans donner d'objectifs chiffrés.
Ce qu'il propose aujourd'hui. Le député européen va plus loin dans ses engagements pour l'écologie. Il ne parle plus de "débat" : "sortir du nucléaire" fait maintenant partie intégrante de son programme. Jean-Luc Mélenchon affiche également des ambitions plus précises sur le recours aux énergies renouvelables. Désormais, l'objectif est clairement écrit : atteindre 100% d'énergies renouvelables en 2050.
4Immigration : des propos plus ambigus
Ce qu'il proposait en 2012. "L'immigration n'est pas un problème", clamait Jean-Luc Mélenchon, il y a cinq ans. "Nous rétablirons la carte unique de dix ans et le droit au regroupement familial, conditions d'une vie digne", promettait, à l'époque, le candidat. Il défendait également la régularisation des sans-papiers.
Ce qu'il propose aujourd'hui. "L'avenir en commun" ne mentionne plus la régularisation de tous les sans-papiers, mais plutôt de ceux qui travaillent. Jean-Luc Mélenchon change de ton sur l'immigration, en appelant désormais à "lutter contre les causes des migrations". "Je suis pour la régularisation des travailleurs sans-papiers mais pas pour le déménagement permanent du monde", déclarait-il, cet été, dans un entretien au Monde (article abonnés). Ces propos ont heurté à gauche, comme le rappelait Libération, tout comme sa déclaration sur "le travailleur détaché, qui vole son pain aux travailleurs qui se trouvent sur place". Son programme propose d'ailleurs de "cesser d'appliquer la directive sur les travailleurs détachés en France". Une mesure absente de "L'humain d'abord" en 2012.
5Union européenne : de la critique à la menace du "plan B"
Ce qu'il proposait en 2012. "Construire une autre Europe." Tel était le credo du Front de gauche pendant la dernière campagne présidentielle. Jean-Luc Mélenchon prônait alors une Europe "affranchie du traité de Lisbonne" et "la mise en chantier d'un nouveau traité" soumis à un référendum. "La France prendra l'initiative d'Etats généraux de la refondation européenne en faisant appel à toutes les forces politiques et sociales disponibles en Europe", promettait le candidat.
Ce qu'il propose aujourd'hui. Le député européen va plus loin dans la remise en cause de l'Union européenne. Dans "L'avenir en commun", Jean-Luc Mélenchon propose toujours "une refondation démocratique, sociale et écologique des traités européens par la négociation". Mais le candidat de la France insoumise évoque désormais un "plan B" en cas d'échec de ces négociations. "Le plan B, c'est la sortie des traités européens unilatérale par la France, affirme-t-il dans son livre-programme. L'UE, on la change ou on la quitte." Depuis le Brexit, Jean-Luc Mélenchon se veut être le candidat de "la sortie des traités", analyse Le Monde (article abonnés). Pour le candidat de la France insoumise, "l'heure du plan B va sonner".
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