Présidentielle 2022 : les quatre raisons du succès de Yannick Jadot face à Sandrine Rousseau à la primaire écologiste
Grand favori de la primaire, l'eurodéputé EELV a été désigné candidat des écologistes pour la présidentielle 2022 au terme d'un scrutin plus serré que prévu.
Les écolos ont désormais un candidat officiel dans la course à l'Elysée. Après plusieurs mois de suspense, Yannick Jadot a remporté le second tour de la primaire des écologistes, mardi 28 septembre, avec 51,03% des voix face à Sandrine Rousseau (48,97% des suffrages). L'écolo pragmatique, comme il est parfois surnommé, va désormais devoir rassembler son camp en vue de la présidentielle. Et tenter de profiter de cette dynamique pour prendre le leadership à gauche. Le chemin vers l'Elysée reste encore long mais, en attendant, l'eurodéputé EELV peut savourer sa victoire. Franceinfo revient sur les raisons de son succès.
Il a fait valoir son expérience et sa notoriété
Cet ex-responsable des campagnes de l'ONG Greenpeace en France est l'une des personnalités de la société civile à avoir rejoint les listes Europe Ecologie pour les élections européennes de 2009, date de son entrée dans un hémicycle strasbourgeois qu'il ne quittera plus. Fort de son expérience, il est devenu l'une des personnalités EELV les plus indentifiées du grand public. Un atout certain face à Sandrine Rousseau, encore peu connue malgré une campagne réussie.
Une notoriété également construite grâce à une stratégie médiatique bien rodée visant à se rendre incontournable. "Je me prépare à la présidentielle", a répété Yannick Jadot pendant plus d'un an avant de se lancer officiellement dans la course à la primaire. Avec un argument de poids : le très bon score (13,5%) de sa liste aux dernières élections européennes, en 2019.
La primaire approchant, l'eurodéputé a aussi tenu à rassurer. En avril, il a ainsi organisé une réunion des gauches en vue de la présidentielle, l'entourant d'un halo de rassembleur, même si le coup d'éclat est resté sans suites politiques.
Il a attiré de nombreux soutiens dans l'entre-deux-tours
Cadres ou figures vertes, Yannick Jadot a reçu de nombreux soutiens en vue du second tour de la primaire écologiste. L'eurodéputée Karima Delli, qui avait porté une candidature unique à gauche lors des régionales dans les Hauts-de-France, voit en lui une "écologie de l'action", dans une interview à La Voix du Nord. Bruno Bernard, président de la métropole de Lyon, plus importante collectivité remportée par les écologistes aux municipales de 2020, a lui aussi déclaré son soutien à Yannick Jadot, dans le quotidien Le Monde : "L'écologie doit sortir de la marginalité pour envisager sérieusement l'exercice du pouvoir au plus haut niveau".
L'ex-candidate des Verts en 2012, Eva Joly, et le député ex-LREM Aurélien Taché, soutiens du maire de Grenoble, Eric Piolle, battu au premier tour de la primaire, se sont également ralliés à Yannick Jadot. Le philosophe Bruno Latour, figure influente au sein des écologistes, a également affirmé sur Twitter que "Jadot est un pari plus sûr".
L’élection d’EELV est importante non pas pour siéger à l’Elysée mais pour tester si l’on peut convaincre les autres classes que nos combats recoupent les leurs. Seul moyen de s’assurer un soutien quand, plus tard, il faudra demander des efforts à tous. Jadot est un pari plus sûr.
— BrunoLatour (@BrunoLatourAIME) September 22, 2021
Il a retourné les arguments de Sandrine Rousseau à son avantage
Accusé par certains militants de son propre parti de ne pas être assez radical, Yannick Jadot a trouvé la parade en insistant sur l'urgence écologique et la nécessité d'accéder au pouvoir. "La réalité dans ce pays, c'est la radicalité du dérèglement climatique, c'est la radicalité de l'effondrement de la biodiversité. La radicalité que je porte, c'est la radicalité de gagner l'élection présidentielle (…) La radicalité que je porte, c'est celle qui va conquérir le pouvoir", a-t-il expliqué le 20 septembre sur France Inter.
"Il faut gouverner si on veut changer les choses", a-t-il encore martelé dans Libération. En débat, Sandrine Rousseau avait souvent attaqué son concurrent sur ce point. "L'écologie de gouvernement, ça fait vingt ans qu'elle est au pouvoir. C'est une écologie qui ne va pas au bout du chemin", a-t-elle par exemple lancé sur LCI le 22 septembre. Un argument qu'a retourné à son avantage Yannick Jadot, selon le politologue spécialiste de l'écologie politique, Daniel Boy : "Yannick Jadot a continué à assurer avec une voix grave et beaucoup de calme qu'il représentait une écologie de gouvernement."
L'écologie de gouvernement, ça n'a encore jamais existé en France, au plus haut niveau de l'Etat. La condamner d'avance, comme l'a fait Sandrine Rousseau, c'est donc un peu bizarre.
Daniel Boy, politologueà franceinfo
Yannick Jadot a également su tirer habilement parti de la radicalité prônée et revendiquée par Sandrine Rousseau. "Il s'est arrangé pour mettre en avant le fait qu'il est un homme qui a milité, qu'il a fait des choses radicales, donc qu'il a des états de service importants", explique Daniel Boy.
Il s'est (un peu plus) imposé dans les sondages pour la présidentielle
Autre élément qui a pu peser dans la décision des électeurs de la primaire : les sondages. Si Yannick Jadot est loin de les avoir survolés (oscillant le plus souvent entre 6% et 7% des intentions de vote à la présidentielle), Sandrine Rousseau n'a quant à elle été créditée que de 2% à 4% dans les deux sondages où elle figure. "C'est le principe de réalité : les gens veulent que l'écologie fasse un bon score. Et entre Jadot et Rousseau, tout le monde sait, même les plus radicaux, qu'il a plus de chances", conclut le politologue Daniel Boy.
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