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Vidéo #MaVoixCompte2022 : les personnes en situation de handicap mental attendent d'être considérées comme des "citoyens", explique un sociologue

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Article rédigé par franceinfo
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Le sociologue a travaillé pendant neuf mois avec des personnes en situation de handicap mental à comment être mieux intégrées à la vie démocratique. Elles formulent des propositions "de même nature que celles de tous les citoyens".

Les Français en situation de handicap mental ou souffrant de troubles cognitifs interpellent les candidats à la présidentielle et formulent 15 propositions. Ils attendent que Marine Le Pen et Emmanuel Macron qu'ils considèrent "les propositions qu'ils ont émises en tant que citoyens" et pas simplement en tant que personnes en situation de fragilité, explique sur franceinfo Tanguy Chatel, sociologue, confondateur du think tank Cercle Vulnérabilité et Société qui a mené l'opération #MaVoixCompte 2022. Pendant 9 mois, un millier de personnes en situation de handicap mental ont réfléchi et formulé des propositions pour mieux être intégré à la vie démocratique. "Elles expriment des préoccupations qui se révèlent être effectivement de même nature que celles de tous les citoyens", explique-t-il.

franceinfo : Les personnes en situation de handicap mental ont-elles les mêmes préoccupations que l'ensemble des Français ?

Tanguy Chatel : Ce qui est très étonnant dans cette opération qu'on avait déjà amorcée lors du grand débat en 2019, puis lors des élections municipales en 2020, c'est que les personnes en situation de fragilité mentale, (ça couvre le handicap, ça couvre les maladies, ça couvre le vieillissement également), n'attendent qu'une seule chose, c'est qu'on les stimule, qu'on les encourage, qu'on les décomplexe. À partir du moment où on les aide ou on les stimule, elles expriment des préoccupations qui se révèlent être effectivement de même nature que celles de tous les citoyens. Finalement, c'est une excellente chose que la loi leur reconnaisse le même droit de vote que tout le monde.

Parmi les propositions faites, la présence d'étudiants le week-end dans les Ehpad. La question intergénérationnelle est importante pour elles ?

Cela revient souvent. C'est fort parce que ça veut dire qu'elles ne sont pas repliées sur leur monde, mais qu'elles sont encore ouvertes au monde dans lequel elles habitent. Et puis, des propositions autour du service civique qui leur paraît quelque chose de très important.

"Il y a des intérêts autour des jeunes et il y a des intérêts aussi sur la question de la santé, puisque le Covid-19 les a aussi malmenées, sur la question de la liberté, puisque parfois, elles ont pu être confinées dans leur établissement."

Tanguy Chatel, sociologue

à franceinfo

Donc, il y a des questions qu'elles ont vécues directement il y a quelques mois et d'autres qui sont des questions de politique générale et c'est ça qui est intéressant, c'était de les porter sur des sujets d'intérêt général.

Est-ce que tout le spectre politique est représenté chez les personnes en situation de handicap mental ?

Clairement, il y a eu quelques propositions sur l'immigration. Certaines personnes ont trouvé que la politique était trop laxiste et qu'il fallait faire preuve de plus de fermeté. Il y a eu des positions sur la sécurité avec un rôle accru et des moyens renforcés pour la police. Il y a eu des propositions sur le coût de la santé. Comment faire en sorte de ne pas tout rembourser ou de rembourser peut-être les personnes les plus vertueuses ? On a un spectre de propositions qui peut aller avec un peu plus vers la droite. Mais on a aussi des propositions qui vont sur la gauche avec davantage de solidarité. Donc, cela couvre l'ensemble de l'échiquier politique.

Qu'attendent-elles de Marine Le Pen et Emmanuel Macron ?

Elles disent : le président ou le futur président doit être à l'écoute des personnes en situation de handicap. Elles ont terminé leurs ateliers en disant : "Nous attendons des propositions" ! Donc c'est intéressant, car elles ont émis des propositions. Elles attendent en retour qu'on leur parle, qu'on les considère et pas simplement que l’on considère leur situation de personnes en situation de fragilité mentale, mais que l’on considère les propositions qu'elles ont émises en tant que citoyens.

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