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Crise climatique : comment Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont (plus ou moins) revu leur copie durant l'entre-deux-tours

Ignorés jusqu'ici dans la campagne, les enjeux climatiques ont émergé dans le débat après le premier tour. Les deux candidats ont ainsi pris la parole pour préciser ou amender leur programme.

Article rédigé par Thomas Baïetto, Camille Adaoust
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Marine Le Pen en conférence de presse à Paris le 13 avril 2022, Emmanuel Macron lors de son meeting à Marseille de 16 avril 2022. (HUGO AZMANI / HANS LUCAS - EMMANUEL DUNAND / AFP)

Emmanuel Macron en meeting, Marine Le Pen en interview... Dans l'entre-deux-tours, les deux finalistes de l'élection présidentielle ont tenté de placer leurs pions dans la lutte contre le changement climatique, motivés par la nécessité de convaincre les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et par la sortie du dernier rapport du Giec.

>> Crise climatique : les programmes d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen permettent-ils de respecter l'accord de Paris ?

Le président sortant, peu convaincant lors de ses cinq années à l'Elysée, a fait quelques annonces supplémentaires, tandis que la candidate du Rassemblement national a pris ses distances avec l'accord de Paris et le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Voici ce qu'il faut retenir de l'entre-deux-tours (plus ou moins) vert des deux candidats.

Les timides avancées d'Emmanuel Macron

Critiqué pour son programme "éloigné" des objectifs de la France pour respecter l'accord de Paris, selon notre analyse en collaboration avec Les Shifters, et pour un bilan peu convaincant sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, Emmanuel Macron a fait de l'écologie le sujet de sa campagne d'entre-deux-tours. A Marseille, samedi 16 avril, le président sortant a fait un long plaidoyer en faveur de la lutte contre le changement climatique. Il a d'abord promis d'"aller deux fois plus vite que ce que nous venons de faire ensemble durant ces cinq années" pour réduire les émissions.

Pour ce faire, il a ajouté à son programme la nomination d'un Premier ministre "directement chargé de la planification écologique""parce que cela concerne tous les domaines, tous les secteurs, toutes les dépenses, tous les équipements, tous les investissements, bref toutes les politiques". Pour l'y aider, ce chef du gouvernement serait accompagné de deux ministres. Le premier sera chargé de "la planification énergétique" et "aura pour mission de faire de la France la première grande nation à sortir du pétrole, du gaz et du charbon". Le deuxième s'occupera de la "planification écologique territoriale" dans le domaine des transports ou encore de la rénovation des logements.

Lors du même meeting, il a dit sa volonté de "planter 140 millions d'arbres", puits de carbone, d'ici 2030. Emmanuel Macron souhaite également organiser chaque année une "fête de la nature, comme nous avons su faire une fête de la musique", afin de "susciter cette mobilisation générale de la nation pour l’environnement" (bien qu'une telle manifestation existe déjà). Autre sujet précisé dans cet entre-deux-tours : le candidat de La République en marche s'est fixé pour objectif, s'il est réélu, de "mettre fin à 50 grandes décharges à ciel ouvert" dans les trois procahines années.

Marine Le Pen critique l'accord de Paris

La candidate du Rassemblement national l'a répété sur le plateau de France 3 le 17 avril, elle n'est pas "climatosceptique" et son programme "tient compte de l'écologie". Marine Le Pen y consacre même un livret entier, dans lequel elle défend une "écologie nationale". Pourtant, avant le premier tour, nous avions analysé avec Les Shifters son programme et l'avions évalué comme étant "très éloigné, voire contraire" aux objectifs climatiques de la France. Lors de l'entre-deux-tours, ses déclarations ont confirmé cette évaluation. Sur France Bleu, elle a par exemple redit son opposition aux éoliennes, un "saccage économique et écologique" selon elle, alors que tous les scénarios de transition énergétique, réalisés en France comme à l'étranger (RTE, Négawatt, Ademe, Giec, AEI), prévoient le développement de cette énergie, aux côtés du solaire.

Marine Le Pen s'est même un peu plus éloignée des objectifs climatiques de la France, en remettant en cause le cadre international de lutte contre le réchauffement climatique. Lors de sa conférence de presse du 13 avril, elle a cité l'environnement et le Giec parmi les "prétendus grands enjeux globaux" que la diplomatie française devra délaisser sous sa présidence. "L'accord de Paris sur le climat, qui a mobilisé pendant de longs mois la quasi-totalité du personnel diplomatique français, est considéré comme un succès de la France mais on ne s'est plus alors occupés de la défense et de la promotion des intérêts de la France", a-t-elle regretté, raillant la "sacro-sainte COP21" et son "gourou" Laurent Fabius.

La candidate d'extrême droite l'assure, elle ne souhaite pas, contrairement à Donald Trump, sortir de cet accord historique. Mais, dans son livret sur l'écologie, elle affirme que "la France répondra aux engagements de l'accord de Paris, par les moyens qu'elle aura choisis, au rythme et selon les étapes dont elle aura décidé". Un choix qui pourrait revenir à ne pas respecter cet accord.

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