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Régionales : des abstentionnistes expliquent pourquoi ils boudent les urnes

Un Français sur deux n'a pas voté lors du premier tour des élections régionales, dimanche 6 décembre. Francetv info a recueilli le témoignage d'abstentionnistes qui expliquent leur choix.

Article rédigé par Céline Bernatowicz - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Un panneau d'informations électorales, le 19 mars 2010 à Paris, durant la campagne des élections régionales. (JOEL SAGET / AFP)

Selon les résultats diffusés par le ministère de l'Intérieur, 49,91% des Français ont dédaigné les urnes lors du premier tour des élections régionales, dimanche 6 décembre. Face à ce qu'ils considèrent comme une caste politique défaillante et des élus incompétents, ces électeurs rendent leur verdict : ce sera l'abstention. Ils témoignent pour francetv info.

Caroline, chef d'entreprise, 33 ans, Lorraine : "Je n’avais pas envie de donner ma voix par défaut"

"C’est la première fois que je m’abstiens. Jusqu'à ce dimanche, j’avais toujours voté : aux présidentielles, aux européennes, aux départementales… Mais cette année, je n’avais pas envie de donner ma voix par défaut. Je n’ai pas envie d’encourager l’appauvrissement des idées de mon parti, le Parti socialiste, et son incapacité à galvaniser. En diabolisant le FN, en encourageant les listes à s’opposer à lui, on fait sa promotion.

Voter "contre" le FN ? C’est non. Il faut débattre des idées de fond. Je vote pour un programme, pas pour faire barrage. Je ne me désintéresse pas de la politique pour autant. L’abstentionnisme, c’est surtout ne plus avoir le choix.  Ce qui me désole le plus, c’est que les attentats avaient suscité l’émoi des Français et du monde entier. On revendiquait les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité. On fait triste mine aujourd’hui, à l’issue du premier tour. Le vote de dimanche, c’était le vote de la haine et de l’intolérance."

Jonathan, auto-entrepreneur, 27 ans, Centre-Val de Loire : "Aucun parti n'a su m'enthousiasmer"

"J'avais déjà fait l'impasse sur les départementales, par dégoût. Pourtant, cette année encore, m'abstenir n'a pas été évident. Il y a toute une histoire derrière ce droit de vote… Et puis, il y avait aussi la pression de mon entourage. Donc forcément, on finit par ressentir une certaine culpabilité. Mais le droit de vote passe aussi par le droit de ne pas voter.

C'est vrai, c'est beau la démocratie, mais ça l'est beaucoup moins lorsque c'est pour du vent. Aucun parti politique à l'heure actuelle n'a su m'enthousiasmer. Qu'il soit de droite ou de gauche, nous devons faire face au même constat : l'échec. Et à la veille du second tour, les partis préfèrent nous monter contre le Front national plutôt que de défendre leur programme. Empêcher la montée du FN, est-ce là leur seul argument de vote ? N'y a-t-il pas là un problème ? Les partis n'ont vocation qu'à servir ceux qui les président. Il n'y a que de l'intérêt personnel, c'est la chasse à la bonne place. Désormais, si je veux des belles histoires, j'ai du Jules Verne chez moi."

Aurélien, consultant, 33 ans, Rhône-Alpes : "L'objectif caché, c'est de retourner aux urnes avec plaisir"

"Je ne me serais jamais abstenu dans le cadre d’une présidentielle, et je conçois que je n’aurais certainement pas le même discours si le FN était sur le point de l’emporter dans ma région. J'aurais fait rempart. Mais j’aurais eu le sentiment d’être pris à la gorge et de devoir voter par défaut.

Je ne remets pas en cause le travail du gouvernement, car le problème, ce ne sont pas les politiques actuelles, mais bien les élus, tous partis confondus, de ces dernières années. Alors, bien sûr, c’est une chance de vivre dans un pays démocratique, mais on ne va pas accepter des acteurs politiques médiocres pourvu qu’ils ne soient pas des dictateurs ! Je revendique aujourd’hui mon choix, mais je connais les limites de mon propre raisonnement. Je sais que l'abstention n’est pas une solution à long terme. En votant, j’ai le sentiment de faire un pas vers nos représentants, alors que, de leur côté, ils ne font aucun effort. C’est trop facile de se reposer sur les citoyens. Des changements doivent être opérés. L'objectif caché de tout abstentionniste, c'est de retourner aux urnes avec plaisir."

Thomas, 21 ans, étudiant, Nord-Pas-de-Calais-Picardie : "Au second tour, je voterai Marine Le Pen"

"Je n’ai pas voté le 6, mais le 13, c'est Marine Le Pen qui aura ma voix. C’est mon pied de nez à la classe politique, une punition que je leur inflige. A chaque élection, les candidats nous promettent monts et merveilles, mais c’est toujours la même rengaine : la déception. En regardant les informations à l'issue des décomptes, j’ai vu que le Parti socialiste avait pris la décision de se retirer dans ma région. Dimanche prochain, tous les socialistes devront donc voter par dépit… Ce choix divise mon entourage, mais cela m’indiffère.

La politique actuelle est inefficace. Les élus ne sont compétents qu’en politique, jamais dans les domaines qui leur ont été assignés. En France, un serviteur de l'Etat peut passer de l’écologie aux finances sans que cela pose aucun problème. Peut-être que le Front national à la tête d’une région changera la donne ? Peut-être que cela stimulera les politiques, voire de nouvelles têtes, à se montrer plus combatifs et plus créatifs ? Maintenant, j’assumerai mon choix, comme tous ceux qui ont voté Hollande en 2012."

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