"Se focaliser sur l'important et pas sur l'accessoire" : après la désillusion du second tour, quels enseignements le RN tire-t-il des législatives ?

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le Rassemblement national, indiqué en tête du scrutin par plusieurs instituts de sondage, espérait envoyer Jordan Bardella à Matignon et n'est arrivé que troisième aux életions législatives, derrières les blocs de gauche, et du centre. (DIMITAR DILKOFF / AFP)
Le Rassemblement national est arrivé en 3e position des élections législatives anticipées, après avoir été longtemps pressenti en tête du scrutin. À peine remis d'une soirée en demi-teinte, le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen a déjà commencé à dresser le bilan de cette campagne express.

Une soirée en forme de douche froide pour le Rassemblement National. Le parti de Marine Le Pen ambitionnait d'obtenir la majorité absolue à l'Assemblée nationale et d'envoyer Jordan Bardella à Matignon. Il termine finalement en 3e position, derrière le Nouveau Front populaire et la coalition du parti présidentiel. Un résultat dont le Rassemblement national devra tirer des enseignements.  

À l'annonce des résultats, le parti se félicite de la "percée électorale la plus importante de son histoire", et ne parle pas de défaite : il obtient tout de même 143 sièges, soit une cinquantaine de plus qu'en 2022. Mais les cadres du parti en sont certains, ils sont victimes du scrutin : du front républicain, et d'une "campagne de diffamation, d'injure inouïe [...] depuis 2002", déclare Marine Le Pen.

Et Jordan Bardella de pointer "L'alliance du déshonneur et les arrangements électoraux dangereux passés par Emmanuel Macron et Gabriel Attal avec les formations d'extrême gauche privent ce soir les Français d'une politique de redressement".

Retour sur la campagne

Mais y a-t-il un début de remise en cause de la part du Rassemblement National ? Il faut gratter le vernis pour que certains cadres du parti osent le dire : il y a eu des problèmes avec des candidats. Ils sont plusieurs dizaines à avoir posté par le passé des messages xénophobes, ou ont tout simplement fui les micros pendant la campagne. "Il faudrait qu'on les recrute et qu'on les forme plus en amont", notamment à la prise de parole, avoue un proche de Marine Le Pen.

Il énonce aussi un autre souci dans la campagne : "Il faut plus se focaliser sur l'important et pas sur l'accessoire", en référence au débat sur les binationaux. Les opposants et les médias en auraient trop fait, estime ce cadre du parti, à qui on fait remarquer que ce sont des élus du RN qui ont communiqué de manière brouillonne sur le sujet. Un retour sur la campagne doit être entamé dès lundi 8 juillet par le parti.

Une victoire "reportée"

Le Rassemblement national veut minimiser ses erreurs et insister davantage sur ce message : la victoire est proche, simplement "reportée". La séquence politique qui s'ouvre laissera forcément place à l'alternance très prochainement, dit notamment Philippe Olivier, un des stratèges du parti : "Vous croyez que le problème d'immigration, d'insécurité, de la dette, du pouvoir d'achat va être résolu ? Quand la France sera dans un bourbier total, les gens voudront en sortir, il y aura l'envie d'une vraie alternance et nous serons là."

"Emmanuel Macron est arrivé au résultat qu'il souhaitait, il a réussi à semer le trouble dans les institutions", tacle pour sa part le député RN de la 6e circonscription de l'Hérault, Julien Gabarron, invité lundi de l'émission Ma France sur France Bleu. Selon le nouveau député RN - qui a battu Emmanuelle Ménard, candidate divers droite et épouse du maire de Béziers Robert Ménard, au second tour des élections législatives -, le chef de l'État "est arrivé au résultat qu'il souhaitait. Il a réussi à semer le trouble dans les institutions. Il se retrouve en troisième et en quatrième République avec une assemblée, un régime hyper parlementaire qui va avoir du mal à s'accorder, une alliance un peu contre nature entre un extrême centre et une extrême gauche pour faire barrage à la démocratie". 

Pour Marine Le Pen, qui semble déjà anticiper une nouvelle dissolution de l'Assemblée dans 12 mois, c'est "un an de plus de perdu" pour le pays. Elle veut croire que d'ici là la marée RN va continuer de "monter".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.