Témoignages "Qu'ils nous laissent tranquilles avec nos voitures" : les électeurs du RN peu concernés par l'écologie durant ces législatives 2024

Le parti d'extrême droite est opposé à toute contrainte face au changement climatique. Les dirigeants du Rassemblement national dénoncent régulièrement une "écologie punitive". Un discours qui infuse chez leurs électeurs.
Article rédigé par franceinfo
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Une vue aérienne du périphérique parisien, le 1er mars 2024. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

L'environnement est l'un des grands absents de la campagne pour les législatives anticipées et encore plus de celle du Rassemblement national. Le parti souhaite lever la plupart des contraintes votées récemment : exit la loi sur le zéro artificialisation nette, finies les interdictions de location pour les passoires thermiques ou encore certaines règles pour les automobilistes.

Autant de mesures que le parti d'extrême droite qualifie d'"écologie punitive". Un discours qui séduit particulièrement les électeurs du Rassemblement national, et qui est même devenu un moteur de leur vote.

"Qu'ils aillent sur le terrain"

Environnement, biodiversité, dérèglement climatique, "ça ne me parle pas du tout", explique Rémi, électeur du Rassemblement national. Cet habitant de Seine-et-Marne, en région parisienne, voit l'écologie comme "vraiment secondaire. Je n'y connais rien".

Il n'est pas le seul à avoir d'autres priorités. Françoise se sent plus concernée par "l'immigration, le pouvoir d'achat, la sécurité. L'écologie arrive en dernier". Cette retraitée soutient le RN quand il s'attaque à "l'écologie punitive" avec, par exemple, la fin des ZFE (zones à faibles émissions). Comme celle du Grand Paris, qui interdit à Françoise d'approcher de la capitale avec sa voiture "qui a 22 ans. Et je ne peux pas m'en payer une autre", déplore-t-elle. "Ils nous embêtent avec ça, mais qu'est-ce que ça peut leur faire ? Qu'ils nous laissent tranquilles avec nos voitures", conclut la retraitée.

Entre fin du monde et fin du mois, Christophe, aussi, a tranché, "c'est plus la fin du mois". Cet ouvrier du bâtiment s'inquiète de l'interdiction en 2035, en Europe, de la vente de voiture thermique neuve. Une mesure dont le Rassemblement national ne veut pas. Et lui non plus.

"C'est un beau projet, l'électrique. Mais je pense qu'ils ne devaient pas arrêter le thermique parce que si on doit jeter la batterie et la voiture, ce n'est pas possible... Je trouve ça ridicule", explique Christophe avant de soupirer : "Les gens de la politique, il faudrait qu'ils aillent sur le terrain pour voir comment nous, on est."

"L'anti-écologie", un argument électoral du RN

Ces témoignages ne surprennent pas Simon Persico, professeur à Sciences-Po Grenoble. Le spécialiste des questions environnementales l'atteste : les responsables du RN ont fait de "l'anti-écologie" un argument électoral. "Ils étaient plutôt neutres et maintenant, ils prennent des positions explicitement anti-écolo sur un certain nombre de politiques publiques. Cela peut mobiliser un certain nombre d'électeurs, tels que les agriculteurs, par exemple", décrypte-t-il. Autre électorat sensible à ce discours, selon le professeur : ceux "qui doutent de l'origine humaine du réchauffement climatique".

Une hostilité aux politiques environnementales qui va continuer de grandir, prédit Simon Persico. D'après lui, plus le Rassemblement national critiquera l'écologie, plus ses électeurs seront convaincus et s'y opposeront eux aussi.

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