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Abdelhakim Dekhar invoque "son droit au silence" en garde à vue

RESUMÉ | Arrêté mercredi soir à Bois-Colombes, Abdelhakim Dekhar, le tireur présumé de Libération et de La Défense est toujours en garde à vue. Ce jeudi soir il a invoqué son droit au silence. Il devrait à terme être déféré et présenté à un juge d'instruction en vue d'une possible mise en examen. Le point sur l'affaire. 
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
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Abdelhakim Dekhar a été arrêté mercredi soir dans un parking de Bois-Colombes, dans les Hauts-de-Seine, puis confondu par son ADN dans la nuit. Jeudi matin, le procureur de la République de Paris, François Molins, a donné plusieurs précisions lors d'une conférence de presse.

L'homme de 48 ans a été placé en garde à vue pour "tentatives d'assassinat" concernant trois faits (agression à BFMTV vendredi, tirs à Libération lundi et à la Société générale à La Défense lundi également). Il est aussi en garde à vue pour "faits d'enlèvement et séquestration" pour la prise d'otage d'un automobiliste lundi entre Puteaux et les Champs-Elysées.

Il invoque son "droit au silence"

Ce jeudi soir, sa garde à vue a été prolongée de 24h, ce qui était attendu. Une garde à vue, qui avait débuté mercredi soir peu après 19h, peut durer en tout jusqu'à 48 heures. Le tireur présumé pourrait à terme être déféré et présenté à un juge d'instruction en vue d'une possible mise en examen.

Abdelhakim Dekhar n'a pas pu être interrogé dès son interpellation, puisqu'il se trouvait dans un état "semi-conscient" dû à une prise de médicaments. Jeudi matin, les médecins ont donné leur feu vert : le supect a donc été interrogé par les enquêteurs.

Mais il a invoqué son "droit au silence ", faute d'avoir eu accès au dossier de l'enquête, a expliqué son avocat, rappelant que son client devait bénéficier de la "présomption d'innocence ". Le procureur a par ailleurs indiqué que l'arme n'avait pas été retrouvée.

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Comment a été arrêté Dekhar ?

Jeudi matin, le procureur de la République de Paris a donné davantage de détails sur la manière dont Abdelhakim Dekhar a été retrouvé et arrêté mercredi soir. Cela a été possible grâce à un témoignage décisif, celui d'un homme de 32 ans qui l'hébergeait depuis le mois de juillet et s'est présenté au commissariat de Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine, mercredi soir. Il a indiqué aux policiers le lieu où se trouvait le suspect : dans une voiture dans un parking souterrain de Bois-Colombes.

Selon ce témoignage clé, les deux hommes s'étaient rencontrés il y a 13 ans à Londres, où Dekhar travaillait dans un restaurant, a expliqué le procureur. Depuis, Dekhar se rendait de temps en temps chez cet homme lors de séjours à Paris. En juillet, il y était venu avec l'intention de passer un mois en France. Il n'était finalement pas reparti en Angleterre et était resté jusqu'au 10 novembre chez lui, selon le procureur. 

Ce témoin, après un séjour à l'étranger, a découvert le portrait de son "ami" dans les médias. Il l'a croisé dans le hall de son immeuble dans la nuit de mardi à mercredi, et lui a dit qu'il ne souhaitait plus le recevoir chez lui. Abdelhakim Dekhar a alors évoqué son geste à Libération et son intention de mettre fin à ses jours. Dans la voiture où il a été retrouvé, les enquêteurs ont découvert plusieurs boîtes de médicaments.

Que sait-on de Dekhar ?

Agé de 48 ans, Abdelhakim Dekhar était connu des services de police, condamné à quatre ans de prison, à la fin des années 90, dans la retentissante affaire Rey-Maupin. Cette épopée sanglante avait fait cinq morts, dont trois policiers. Abdelhakim Dekhar avait été condamné pour avoir acheté l'arme. Il avait indiqué pour sa défense être un agent secret algérien infiltré dans les milieux d'extrême gauche français.

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Côté psychologique, le cirminologue Jean-Pierre Bouchard évoque "un e personnalité plutôt antisociale ", avec "des idées contre la société, contre la collectivité ". Ce genre de personnes "qui sont prêtes pour faire valoir leurs idées à passer à l'acte violemment ". Le procureur de la République a de son côté indiqué qu'à l'époque, les psychiatres n'avaient pas relevé d'anomalies psychiques. Abdelhakim Dekhar va bien sûr subir de nouveaux examens psychiatriques dans le cadre de l'enquête.

Que sait-on de ses motivations ?

On en sait plus sur ce qui pourraient être les motivations d'Abdelhakim Dekhar. Le procureur de la République a dévoilé jeudi le contenu d'une lettre, non datée, remise par le fameux témoin clé. Le tireur présumé y dénonce un complot "qui viserait à faire revenir le fascisme à travers les médias, les banques, l'action dans les banlieues ". 

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