Accident de train à Brétigny : les défaillances révélées par un nouveau rapport
"Le Parisien" et Europe 1 révèlent, jeudi, des éléments du rapport d'expertise supplémentaire demandé par la SNCF et signé par deux ingénieurs spécialisés, qui vient d'être remis à la justice.
Deux ans et demi après l'accident mortel de Brétigny-sur-Orge (Essonne), l'enquête continue. Le 12 juillet 2013, le déraillement d'un train a fait sept morts et des dizaines de blessés. En cause, une éclisse, c'est-à-dire une sorte de grosse agrafe sur l'aiguillage, dont une fissure n'avait pas été détectée lors des tournées de surveillance, et dont trois des quatre boulons s'étaient cassés ou dévissés. L'éclisse avait alors pivoté, ce qui avait provoqué l'accident.
La fissure sur la pièce incriminée était connue des agents de maintenance de la SNCF depuis 2008. Malgré cela, selon les experts cités dans le rapport d'expertise supplémentaire demandé par la SNCF, révélé jeudi 21 janvier par Le Parisien et Europe 1, l'assemblage en question "n'a pas pour autant fait l'objet d'un suivi adéquat". Or, "une surveillance efficace" aurait sans doute permis d'éviter le drame de Brétigny. Les experts l'écrivent noir sur blanc, souligne Europe 1. Francetv info revient sur les éléments accablants de ce rapport.
Une alerte à la veille de l'accident mortel
C'est, selon Le Parisien, la partie "la plus accablante" du document. "Le 11 juillet 2013, veille de l'accident mortel, un bilan technique de la SNCF concernant la portion de voie en cause souligne que les voyants sont au rouge", note le quotidien. Il affirme aussi que la mention "gros soucis à Brétigny" apparaît clairement dans ce rapport, exhumé par les enquêteurs de la police judiciaire, et cité par les experts.
Des problèmes si graves qu'"il est nécessaire que le DU [directeur d'unité, un responsable de sécurité] intervienne afin de redresser la barre", est-il écrit dans le document.
Des fautes individuelles
Depuis l'ouverture d'une information judiciaire par le parquet d'Evry, seules deux personnes morales ont été mises en examen, la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), toutes deux mises en cause pour homicides et blessures involontaires. Mais, selon Europe 1, pour la première fois, le document pointe des fautes individuelles.
Les experts relèvent, d'après la radio, que la SNCF est soupçonnée d'avoir dissimulé certains cahiers de maintenance. "Une confusion incompréhensible" de la part des cheminots dans la surveillance d'un morceau de voie est aussi relevée. Vendredi 15 janvier, trois cheminots de la SNCF ont été placés sous le statut de témoin assisté. "Il ne s'agit pas de mises en examen, mais bien d'un statut de témoin assisté. C'est un statut intermédiaire qui leur permet d'avoir accès au dossier", a souligné le procureur d'Evry.
"On ne peut pas se contenter de poursuivre des personnes morales", estime dans Le Parisien Gérard Chemla, l'avocat de l'association Entraide et défense des victimes de l'accident de Brétigny.
Des interrogations sur les scellés
Selon Le Parisien, les experts vont même jusqu'à s'interroger sur les scellés : les boulons et les vis endommagés recueillis sur la scène du drame sont-ils bien ceux en cause ? "Ils notent effectivement des erreurs dans la confection et le rapprochement de scellés, dont l'examen appuyait la thèse d'une voie mal entretenue", indique le quotidien.
La question avait déjà été posée par les avocats de la SNCF pour mettre en cause la qualité des investigations du Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT).
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