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"Ça permet de libérer ce qu’on a dans le cœur" : au collège de Millas, une cellule psychologique accueille la parole des enfants

Après la collision mortelle survenue jeudi à Millas (Pyrénées-Orientales) entre un TER et un car scolaire, une cellule psychologique a été installée vendredi dans le collège de la commune pour accompagner les enfants traumatisés.

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une élève est accompagnée par une gendarme à son arrivée vendredi au collège Christian Bourquin, à Millas, où une cellule psychologique a été installée. (PASCAL PAVANI / AFP)

À la sortie du collège Christian Bourquin de Millias, on lit l’émotion et le choc dans les yeux des enfants au lendemain de la collision mortelle entre un car scolaire et un TER qui a fait plusieurs morts et blessés graves jeudi 14 décembre.

Millas : une cellule psychologique accueille la parole des enfants - reportage de Sandrine Etoa-Andegue

Les yeux sont rouges, parfois cachés derrière des lunettes noires. La plupart sont accrochés au bras de leurs parents. Parmi eux se trouve Sophie, élève en 6e. Elle a du mal à trouver les mots pour exprimer ce qu’elle ressent. "Je suis encore sous le choc, confie-t-elle. C’est quand même difficile de savoir que des camarades qu’on connaissait sont décédés."

Mettre des mots sur l'émotion

Aussi, pour libérer la parole de ces élèves, une cellule psychologique a été installée, composée d’une soixantaine de personnes de l’Education nationale qui travaillent en lien avec les enseignants pour accompagner les enfants. Parmi eux, des psychologues, des infirmiers, des éducateurs, des médecins scolaires. En somme, un maximum d’adultes qui ont pris leurs quartiers dans les classes où les cours ne sont pas assurées mais où les enfants sont au centre des attentions. "On a parlé de ce qui s’était passé, raconte Mathéo, 11 ans. Çpermet de libérer ce qu’on a dans le cœur." Pour son père Vincent, présent à ses côtés, "c’était important de mettre des mots sur ce  drame qu’il a vu".

Le recteur d’académie a préconisé une écoute attentive pour revenir sur la violence du choc et de ces images de ce car coupé en deux. Et puis, aussi, pour répondre aux nombreuses questions que se posent les élèves. "J’étais un peu dans le tracas. J’avais deux amis dans ce bus et je n’avais pas de nouvelles, explique Maylis. J’en sais un peu plus sur eux maintenant : je sais où ils sont, et surtout, je sais que je n’ai pas à m’inquiéter."

Des parents sous le choc

Les parents traumatisés ont eux aussi le besoin de parler. Tous se répètent inlassablement que leurs enfants auraient pu faire partie des victimes, à l'image de Lucien, qui refait le film de l'accident. "Il y a des gens qui disent que la barrière était levée, d’autres que non, d’autres disent qu’elle aurait pu se lever au moment de l’accident parce que le choc était important", raconte-t-il. Chacun cherche des réponses. Certains ont aussi découvert l'horreur en arrivant sur place. "Un monsieur qu'on connaît et qui habite pas très loin du lieu de l’accident a entendu un gros 'boum', rapporte Lucien. Avec un copain à lui, ils sont allés sur les lieux de l’accident. C'est quelqu’un de solide qu'on a vu démoli tout à l’heure."

Parents, élèves, équipes éducative, tous devront être accompagnés dans la durée, a insisté le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer. Pour ces enfants dont les victimes étaient des amis, des camarades de classe, c’est un long travail de deuil qui commence.

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