Ce que l'on sait du crash d'un hélicoptère de secours de montagne en Savoie
"Le bilan est lourd", a déclaré mardi soir devant la presse le préfet de Savoie, Pascal Bolot, déplorant un "accident dramatique" dans lequel seul le pilote a survécu.
Cinq morts et un seul survivant, le pilote. Un hélicoptère de secours en montagne s'est écrasé, dans la soirée du mardi 8 décembre, à 1 800 mètres d'altitude, en Savoie. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, doit se rendre mercredi sur les lieux du crash, dont les raisons sont encore inconnues. En attendant les avancées de l'enquête, voici ce que l'on sait de ce tragique accident.
Que s'est-il passé ?
L'hélicoptère, un Eurocopter EC135 – produit par Airbus – de la compagnie privée Service aérien français (SAF), s'est écrasé vers 19 heures, sur la commune de Bonvillard, à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest d'Albertville, a indiqué la préfecture de Savoie. Les 300 employés du groupe SAF, créé en 1979 et qui possède une quarantaine d'hélicoptères, effectuent des évacuations sanitaires et du secours sur piste dans les stations de ski, du transport de matériel et de marchandises en montagne, ainsi que des activités de tourisme.
Les circonstances de l'accident restent pour l'instant inconnues. La police nationale a précisé dans un tweet que le crash avait eu lieu lors d'une mission d'entraînement de secours en montagne.
Le capitaine Amaury L. et le brigadier Stéphane L. de la CRS Alpes ont trouvé la mort en Savoie dans un accident d'hélicoptère lors d'une mission d'entraînement au secours en montagne.
— Police nationale (@PoliceNationale) December 8, 2020
Nous pensons aux familles.
Tout notre soutien aux montagnards des CRS. pic.twitter.com/UxYDg5xX6E
La gendarmerie a rapporté que l'accident était survenu sur une façade boisée du massif du Grand Arc, à un moment où les conditions météorologiques étaient difficiles. La zone de l'accident est enneigée sur 40 centimètres.
Mardi soir, une quinzaine de personnes ont formé une caravane terrestre pour évacuer le pilote grièvement blessé. C'est lui qui a déclenché les secours, grâce à un appel d'urgence, alors qu'il s'extrayait de l'habitacle. "Le contact a été maintenu à plusieurs reprises avec le pilote. Les militaires du PGHM [peloton de gendarmerie de haute montagne], qui se sont rapprochés grâce à un héliportage et à un hélitreuillage, ont terminé leur mission à pied, ont fouillé la zone (...) et ont pu trouver le pilote à 21h15", a déclaré devant la presse, à Albertville, le préfet de Savoie Pascal Bolot. Les militaires ont dû franchir à pied 700 mètres de dénivelé.
Qui sont les victimes ?
A bord de l'hélicoptère, se trouvaient quatre employés de la SAF : le pilote, un instructeur pilote, un treuilliste et un instructeur treuilliste, ainsi que deux secouristes de la CRS Alpes. Parmi ces derniers figurait Stéphane, 39 ans, brigadier de police, et Amaury, 45 ans, capitaine de police, selon le syndicat Unsa police, qui leur a rendu hommage mercredi matin.
Une source policière précise à France Télévisions que le capitaine de CRS était un ex-chef de formation au Centre national d'entraînement à l'alpinisme et au ski. Depuis deux ans, il était chef de détachement d'Albertville. "Père de deux enfants, il était très connu dans le milieu de la montagne au sein de la police", ajoute cette source. Le brigadier était, lui, père de trois enfants.
Le pilote rescapé est un ancien moniteur pilote au Groupe instruction sécurité des vols (GISV) de Cazaux (Gironde), le centre de formation des pilotes gendarmerie et des armées, indique une source proche de l'enquête à France Télévisions. Cet officier des forces aériennes de gendarmerie avait pris récemment sa retraite pour intégrer le groupe SAF.
"Sauver des vies au péril de la leur. C'était l'engagement des personnels du SAF et des deux CRS Alpes qui ont péri en Savoie dans ce tragique accident", a réagi le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, rendant hommage aux cinq victimes. Emmanuel Macron a adressé le "soutien de la nation aux familles, amis et collègues de ces héros français". "La famille des CRS montagne en deuil", a écrit sur Twitter une secouriste d'Albertville, tandis que sur les réseaux sociaux, les messages de soutien se multiplient.
Pendant un exercice un hélicoptère du SAF Savoie s'est crashé avec à son bord 3 civils et 2 collègues secouriste CRS montagne Savoie. Une immense pensée aux familles. La famille des #CRSmontagne en deuil pic.twitter.com/NlzybGtpB7
— Marion Poitevin (@MarionPoitevin) December 9, 2020
"Une cellule d’accompagnement pour les familles a été mise en place dès hier soir à l’hôpital d’Albertville par la préfecture de la Savoie", précise Anne Gaches, la procureure d'Alberville, dans un communiqué, mercredi. "L’AVIJ des Savoie, association d’aide aux victimes, est saisie pour se mettre en lien avec elle."
Quel est l'état de santé du pilote qui a survécu ?
En état d'urgence absolue, le pilote a été acheminé par voie terrestre au CHU de Grenoble, où il a été pris en charge dans la nuit, selon la préfecture de Savoie. Il a miraculeusement survécu, mais il est grièvement blessé. Le pilote "est actuellement hospitalisé à Grenoble en attente d'être opéré de multiples fractures, aux membres inférieurs et bassin notamment", précise à franceinfo une source proche de l'enquête, qui ajoute qu'il est "très affaibli mais vivant". A ce stade, son pronostic vital n'est pas engagé.
Quels sont les moyens déployés pour l'enquête ?
"Dès que l'alerte a été donnée, aux alentours de 19 heures, l'ensemble de la chaîne de secours s'est mise en branle. A la fois des moyens héliportés de notre département et des départements voisins, avec trois hélicoptères au total", a déclaré le préfet de Savoie. "Compte tenu du brouillard, une intervention terrestre a été diligentée dans les mêmes délais, de façon à pouvoir retrouver le plus rapidement possible des rescapés", a-t-il ajouté. Pascal Bolot a indiqué qu'une enquête avait immédiatement été ouverte par la procureure d'Albertville. C'est elle qui décidera par la suite, si elle le souhaite, de communiquer sur les avancées des investigations. Celles-ci "auront pour but de déterminer les circonstances de ce dramatique accident, et tous les moyens techniques et judiciaires sont mis en œuvre pour parvenir à cette fin", a expliqué Anne Gaches dans son communiqué.
Dès mardi soir, pas moins de 50 gendarmes ont été engagés avec comme priorité de sauver le pilote et de préserver la scène pour les enquêteurs, énumère à France Télévisions la source proche de l'enquête. La section de recherches de la gendarmerie spécialisée dans le transport aérien, la section de recherches de Chambéry, le groupement de gendarmerie départementale de Savoie et l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale sont mobilisés.
Le Bureau d'enquêtes et d'analyses a annoncé l'ouverture immédiate d'une enquête et prépare l'envoi d'une mission sur place.
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