Mort d'Adama Traoré : une nouvelle expertise médicale écarte la responsabilité des gendarmes
L'expertise, consultée par "Le Monde", évoque les conditions de l'interpellation ayant entraîné une "asphyxie mécanique", mais considère que celle-ci "est insuffisante pour avoir joué un rôle significatif dans le décès de M. Adama Traoré".
Une nouvelle expertise médicale réalisée pour déterminer les causes de la mort d'Adama Traoré écarte la responsabilité des gendarmes dans le décès du jeune homme de 24 ans, a indiqué, mardi 2 octobre, une source proche du dossier à franceinfo, confirmant des informations du Monde.
Adama Traoré est décédé en 2016 lors d'une interpellation, le jour de son anniversaire. Arrêté une première fois, le jeune homme avait pris la fuite. Une course-poursuite sous une forte chaleur s'en était suivie, avant qu'il ne soit retrouvé et plaqué au sol par les gendarmes dans un appartement. Il avait été maintenu sous "le poids des corps" de trois gendarmes, selon les déclarations de l'un des militaires.
"Pronostic vital engagé"
La famille Traoré dénonce depuis le début de cette affaire une "bavure". L'annonce de la mort du jeune homme avait entraîné cinq nuits de violences dans sa ville de Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise) et dans les environs. Une contre-expertise partielle sur les organes avait confirmé l'an dernier une mort "par asphyxie" liée à un état de santé antérieur, sans permettre de trancher la question de la responsabilité des gendarmes. Elle avait aussi écarté l'hypothèse d'une cardiomyopathie et d'un état infectieux, évoquée par l'autopsie initiale.
Or, selon la nouvelle expertise remise le 14 septembre à la juge d'instruction, le "pronostic vital était déjà engagé" avant l'arrestation d'Adama Traoré, détaille le document consulté par Le Monde. Les conditions de l'interpellation ont conduit à une "asphyxie mécanique" mais celle-ci "est insuffisante pour avoir joué un rôle significatif dans le décès de M. Adama Traoré".
Une maladie rare au niveau des poumons
Les quatre médecins, à qui cette expertise a été confiée le 18 janvier, ont confirmé que le jeune homme souffrait d'une "drépanocytose" – une maladie génétique héréditaire de l'hémoglobine – ce qui était déjà connu, et de "sarcoïdose" (maladie rare et peu connue, qui touche principalement les poumons) ce qui était "apparemment méconnu".
Or, cette maladie l'a exposé "à un risque d'hypoxémie d'effort", autrement dit à une diminution anormale de la quantité d'oxygène contenue dans le sang. Ces différents éléments ont déclenché "une crise drépanocytaire aiguë, avec un syndrome thoracique", conduisant et à la mort du jeune homme, toujours selon le document cité par Le Monde.
La famille d'Adama Traoré, par la voix de son avocat, conteste le postulat de départ de cette expertise médicale. Elle estime que rien ne permet aux experts d'affirmer que le jeune homme a produit un effort intense. Elle reproche aussi aux médecins de se baser sur les déclarations des gendarmes pour rédiger leur rapport et compte donc demander au juge de ne pas retenir certaines conclusions de l'expertise.
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