Mort de Nahel : les déclarations aux enquêteurs du troisième occupant de la voiture
Le troisième occupant de la voiture dans laquelle a trouvé la mort Nahel, 17 ans, tué par un policier mardi 27 juin à Nanterre lors d'un contrôle de police, a livré sa version des faits lundi 3 juillet aux enquêteurs de l'IGPN, la police des polices.
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L'adolescent, âgé de 17 ans comme Nahel, a été entendu pendant quatre heures comme témoin dans cette enquête ouverte pour homicide volontaire. Connu des services de police, il a répondu à une convocation de l'IGPN. Selon lui, la Mercedes dans laquelle les trois amis se trouvaient mardi dernier leur avait été prêtée. Il assure qu'aucun n'avait consommé de drogue ni d'alcool. Comme dans la version des faits qu'il a livrée dans la presse et sur les réseaux sociaux, le jeune homme affirme que le ton est très vite monté lors de l'intervention des deux motards de la police et que les deux fonctionnaires ont tour à tour mis un coup de crosse à Nahel. Selon ses déclarations, le policier qui était au niveau de Nahel a lancé "bouge pas où je te mets une balle dans la tête". Toujours selon ses dires, le second motard a alors crié "shoote-le".
C'est à ce moment que Nahel a reçu un troisième coup de crosse, affirme encore le témoin, ce qui lui aurait fait lâcher la pédale de frein. La Mercedes étant automatique, cela aurait provoqué son redémarrage. Quant à sa fuite en courant au moment des faits, le troisième occupant de la voiture explique qu'il a paniqué, qu'il a eu peur que les policiers lui tirent également dessus.
Une version différente de celle du policier
Cette version diffère de celle du policier auteur du coup de feu. Pendant sa garde à vue, le motard a expliqué son geste par la volonté d'éviter une nouvelle fuite du véhicule et la crainte d'être percuté. Il craignait également que quelqu'un d'autre soit renversé. Lors de son audition libre, le second motard avait assuré lui aussi s'être senti menacé. Cette ligne de défense, supposée rentrer dans les conditions de la loi de 2017 sur l'usage des armes par les policiers, n'a pas convaincu le procureur qui a demandé le placement en détention provisoire du fonctionnaire qui a tiré, demande suivie par les juges.
Le policier de 38 ans est incarcéré à la prison de la Santé depuis jeudi dernier, à l'isolement, pour assurer sa propre sécurité. Mais son avocat conteste la décision et a déjà annoncé un appel contre ce placement en détention provisoire.
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