"Le visage du courage" : après le verdict du procès des viols de Mazan, Gisèle Pelicot fait la une de la presse internationale
En trois mois et demi de procès, le visage de Gisèle Pelicot a fait la une de dizaines de quotidiens ou magazines à travers le monde. Parmi les 180 médias accrédités pour suivre le procès des viols de Mazan à Avignon (Vaucluse), 86 étaient étrangers. Au lendemain du verdict, ils ont une nouvelle fois mis en avant, vendredi 20 décembre, ses mots et son courage. Victime de viols répétés durant neuf années par son ex-époux et 50 autres hommes, la septuagénaire, qui a tenu à ce que les audiences soient publiques, est devenue un symbole de la lutte contre les violences sexuelles.
En Espagne, le quotidien El País salue vendredi un "jugement exceptionnel". El Mundo choisit plutôt de mettre en exergue les paroles teintées d'espoir de Gisèle Pelicot à l'issue du verdict : "J'ai confiance en un avenir dans lequel chaque femme et hommes puissent vivre dans le respect."
Une "justice amère"
De quoi conduire le journal belge Le Soir à qualifier la victime de "symbole de la lutte contre les violences sexuelles" avec, en une, ce titre : "Tous coupables", en référence aux 51 accusés dans ce procès, alors qu'aucun acquittement n'a été prononcé. Moins enthousiaste, le quotidien italien La Stampa déplore une "justice amère", rappelant que la majorité des peines sont moins sévères que celles requises par le parquet. Toujours côté transalpin, le quotidien La Repubblica retranscrit aussi en une déclaration de Gisèle Pelicot : "Je me suis battue pour les femmes".
Le journal britannique The Guardian utilise aussi une citation de Gisèle Pelicot pour le titre de sa une ("J’ai voulu que la société se saisisse des débats"), presque totalement consacrée au verdict. Du Times au Daily Express, de nombreux quotidiens outre-Manche publient vendredi en couverture une photo de la victime, devenue icône féministe. Le Daily Mail salue "une femme française élégante" qui, forte d'une détermination "en acier", est devenue une héroïne".
Outre-Atlantique, Gisèle Pelicot est qualifiée de "visage du courage" dans un article du New York Times. "Elle est devenue l'image de la bravoure dans le monde entier", poursuit le prestigieux quotidien, qui n'hésite pas à la comparer au manifestant qui s'opposa aux chars sur la place Tian'anmen en 1989. "Rarement une personne qui a été si littéralement objectifiée (...) a pu reprendre si pleinement le contrôle de sa propre objectification et la transformer en une image d'autonomisation", souligne la journaliste Vanessa Friedman.
Un procès "historique"
De grands médias audiovisuels comme la BCC au Royaume-Uni ou la chaîne allemande Deutsche Welle ont également largement couvert le verdict en direct. Les éditions numériques de la rédaction de CNN (Etats-Unis) ont aussi consacré, jeudi, près d'un tiers de leurs alertes envoyées à leurs lecteurs au procès des viols de Mazan, qualifié d'"historique". Un dispositif exceptionnel déployé par tous les grands médias ou presque, conscients de l'importance du moment dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Lors de ces trois mois et demi de débats parfois violents, la septuagénaire a été confrontée, pour la première fois, et en public, à ses bourreaux et aux images de leurs crimes. "Une épreuve très difficile", a-t-elle mentionné pudiquement jeudi. Son courage l'a fait entrer dans la postérité, souligne le quotidien allemand Frankfurter Rundschau avec ce titre : "Ce que l'on doit à Gisèle Pelicot".
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