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Affaire du flash-ball à Montreuil : "une faute globale de la police, du ministère de l’Intérieur"

Le procès de trois policiers jugés pour avoir blessé des manifestants au flash-ball en 2009 à Montreuil (Seine-Saint-Denis) s’est ouvert lundi au tribunal correctionnel de Bobigny.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un policier porte en bandoulière un Flash-Ball, le 24 novembre 2010, à Marseille (Bouches-du-Rhône). (PATRICE MAGNIEN / SIPA)

Trois policiers sont jugés au tribunal correctionnel de Bobigny, à partir du lundi 21 novembre, pour avoir blessé des manifestants au flash-ball en 2009 à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Le sociologue Laurent Mucchielli estime lundi sur franceinfo que cette affaire dépasse la responsabilité individuelle. Pour le directeur de l’Observatoire régional de la délinquance et des contextes sociaux à l’université d’Aix-Marseille, il existe "une faute globale de la police nationale en France, du ministère de l’Intérieur.

franceinfo : Est-ce que le flash-ball est une arme dont la dangerosité a été sous-estimée ?

Laurent Mucchielli : "Je dirais globalement oui. Les armes non-létales sont vendues en disant : "au fond, ça va permettre aux policiers de ne pas faire usage de leur arme à feu. C’est pour cela que c’est plus intéressant, ça réduit les risques." Le problème, c’est que toutes les études qu’on a, surtout aux États-Unis puisque malheureusement il n’y pas vraiment d’étude indépendante qui a été réalisée en France, tendent plutôt à montrer le contraire. Ca ne se substitue pas à l’arme à feu, ça vient plutôt dans des situations où les policiers sont face à des contrevenants ou présumés tels qui ne sont pas du tout armés. Au contraire, on pourrait dire que cela a plutôt augmenté le niveau global de violence plutôt que de le faire baisser."

Est-ce l’arme qui est en jeu selon vous ou le comportement des policiers ?

"Alors ce n'est, bien sûr, jamais la technique, l'arme en elle-même. La question, c’est la doctrine d’emploi qui est donnée aux policiers et évidemment les éventuels dérapages individuels. Il y a peut-être des fautes individuelles dans l’affaire de Montreuil qui est en train d’être jugée. Mais il y a, par ailleurs, de toute façon une faute globale de la police nationale en France, du ministère de l’Intérieur. On l'a découvert petit à petit et on aurait dû le savoir tout de suite : une arme comme le flash-ball a une très grande imprécision dès que l’on dépasse quelques mètres. C’est fait pour viser une personne et essayer de la neutraliser à courte distance, en aucun cas cela ne devrait être utilisé dans les manifestations. Or, la plupart de tous les accidents qu’il y a eu, c’est lorsque des policiers tirent sur des groupes, voire même sur la foule, à de longues distances, avec donc une arme qui devient rapidement très imprécise. Il peut dire à la fois, oui je n’ai pas visé volontairement l’œil des gens, certes. Mais en ne visant personne, on peut également blesser n’importe qui. "

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