: Vidéo Cierges à la Vierge noire, poème sur la victime, amnésie... L'affaire Grégory a-t-elle rendu fou le juge Simon ? Regardez un extrait de "Complément d'enquête"
Cierges à la Vierge noire de Dijon, poème sur le petit Grégory... celui qui a succédé au juge Lambert en 1987 semble avoir sombré à son tour dans la folie. Cet extrait de "Complément d'enquête" revient sur les stupéfiants carnets du juge Simon, rongé par un dossier maudit jusqu'à commettre des erreurs inexplicables... et y laisser sa santé.
En 1987, le juge Lambert est dessaisi de l'affaire Grégory après une série de manquements et d'erreurs tragiques. Son successeur semble l'exact opposé du "petit juge" : la soixantaine, le cheveu blanc, sanglé dans un trench strict. Mais derrière cette apparence inébranlable, le juge Simon allume des cierges à la Vierge noire de Dijon et consigne dans un journal intime ses angoisses sur ses alertes cardiaques. L'affaire Grégory est-elle en train de le rendre fou ?
Ses carnets montrent qu'il "n'était pas serein"
"Mercredi 23 septembre 1987. Réveillé au petit matin, j'écris un poème sur le petit Grégory."
"Quand on lit les carnets, explique Christophe Gobin, journaliste à L'Est républicain, quotidien qui en a révélé des extraits en juillet 2017 – qui ont "peut-être joué un rôle" dans le suicide du juge Lambert –, on s'aperçoit qu'il n'a pas du tout échappé à la folie de cette affaire-là. Cette affaire l'a rongé, l'a hanté. (...) Je pense que si ses supérieurs [les] avaient lus, on aurait essayé de le dessaisir de l'affaire, on aurait vu qu'il n'était pas serein."
"Il vient de dynamiter son instruction"
Deux ans plus tard, le juge, exténué par une instruction qui s'enlise, commet un premier faux pas : une interview télévisée, où il sous-entend qu'il y aurait plusieurs coupables. Quelques jours après, il se fait piéger par un journaliste du Nouveau Détective. Dans un entretien publié sans son accord, il cite le nom de Bernard Laroche comme potentiel kidnappeur du petit Grégory. Une aubaine pour les avocats des Laroche : "M. Simon s'est dessaisi en quelque sorte lui-même, déclare Me Prompt. Il vient de dynamiter son instruction." La défense porte plainte pour violation du secret de l'instruction. Le juge Simon est à terre.
"Cette affaire du diable" qui a ruiné sa santé
"Cette affaire du diable", écrit le juge Simon dans ses carnets le 18 janvier 1990, va-t-elle le tuer, comme il le redoute ? Atteint dans son image de "statue du commandeur", de "grand magistrat qui n'a jamais failli", raconte la journaliste Patricia Tourancheau, "il en est malade". A peine deux semaines plus tard, il est terrassé par une attaque cardiaque. Ironie suprême, quand il se réveille du coma, "il est totalement amnésique. Il a oublié les 19 000 pages du dossier Grégory, qu'il connaissait sur le bout des doigts". Le juge Simon ne recouvrera jamais la mémoire…
Extrait de "Grégory : la malédiction des juges", à voir dans "Complément d'enquête" le 6 septembre 2018.
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