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Affaire Halimi : "L'opacité de la justice l'empêche d'être comprise par le grand public", analyse le magistrat Denis Salas

Au lendemain d'une série de manifestations dans plusieurs villes de France qui réclament "justice" pour Sarah Halimi, le magistrat Denis Salas affirme sur franceinfo lundi que la Cour de cassation n'arrive pas à se faire comprendre des Français à cause de son "opacité".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des rassemblements pour réclamer "justice" après le meurtre de Sarah Halimi ont eu lieu dimanche 25 avril à Paris, Marseille, Rome ou encore à Lyon. (MAXIME JEGAT / MAXPPP)

Plus de 25 000 personnes ont manifesté partout en France hier pour faire part de leur émotion et pour demander justice pour Sarah Halimi, cette femme de confession juive tuée en 2017 par un de ses voisins. Son meurtrier a été jugé pénalement irresponsable par la Cour de cassation. Il n'y aura donc pas de procès. "L'opacité de la justice l'empêche d'être comprise par le grand public", constate lundi 26 avril sur franceinfo, Denis Salas, magistrat et auteur notamment de La foule innocente, paru en 2018.

Le mode de production de la vérité ne peut pas être validé par un microcosme d'experts

Denis Salas

magistrat

Denis Salas déplore le manque de clarté des conclusions de la Cour de cassation, d'autant qu'elle "a souligné la dimension antisémite de l'acte, mais pour n'en tirer aucune conclusion. L'intention antisémite signifie une part de responsabilité. Or dans le résultat qui est donné, cette dimension n'apparaît pas, n'est pas compréhensible". Pour le président de l'Association française pour l’histoire de la justice (AFHJ), "le manque de débat se fait sentir. Si on avait déplié les pathologies [du meurtrier, NDLR] devant une cour d'assises, pendant le temps nécessaire pour que les victimes puissent comprendre, se l'approprier, questionner, discuter, on aurait un degré de satisfaction plus grand à l'égard de la justice".

Avec l'annonce d'une nouvelle loi d'ici la fin mai par Emmanuel Macron, Denis Salas espère une ouverture de la justice. "Il faut qu'il y ait une possibilité d'ouverture dans un débat pour que l'opinion, les victimes, les parties civiles, les avocats puissent comprendre les aboutissants, se faire une opinion et qu'un jury populaire puisse en décider. Donc il y a un enjeu démocratique au fond de cette question dont il faut prendre conscience de manière urgente", observe le magistrat.

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