Affaire Zahia : l'avocat du principal suspect réclame des confrontations
Abou, figure de la nuit parisienne, candidat à de multiples reprises au casting de l'émission "La Nouvelle Star" est incarcéré à la maison d'arrêt de Fresnes depuis deux semaines. Il a été mis en examen pour proxénétisme aggravé à l'issue d'une enquête sur un réseau de prostitution autour d'un cabaret oriental des Champs Elysées, le Zaman Café.
_ Selon son avocat, Jérôme Boursican, l'enquête préliminaire laisse apparaître de nombreuses failles. Abou n'aurait pas de lien avec les prostituées du Zaman Café, il serait seulement un habitué des lieux, il aurait proposé aux gérants du cabaret d'assurer une mission de "relations publiques" pour l'établissement. Par ailleurs, les footballeurs entendus dans le cadre de cette affaire n'auraient jamais mis les pieds au Zaman Café. Ils ne seraient pas passés par Abou pour entrer en contact avec la prostituée Zahia.
Selon les procès verbaux des auditions menées par les policiers de la Brigade de répression du proxénétisme (B.R.P., anciennement "Mondaine"), P.V. que nous nous sommes procurés (lire l'encadré) , Abou aurait rencontré la jeune Zahia alors que celle-ci venait de débuter son activité de prostituée. Elle avait tout juste 16 ans. Zahia a affirmé aux policiers qu'Abou lui aurait présenté des hommes, souvent très riches. Prenait-il des commissions sur les relations tarifées ? Non, affirme son avocat. Pourtant, la jeune Zahia a indiqué aux policiers : "Abou prenait 200 ou 300 euros par passe. J'ai arrêté de travailler pour lui car il me demandait trop d'argent."
_ Cette semaine, dans une interview exclusive accordée à Paris Match, la jeune femme d'origine algérienne est revenue sur ses déclarations, indiquant qu'Abou n'avait jamais été son "souteneur" et qu'il ne prenait pas de pourcentage sur les relations tarifées. Zahia indique qu'il lui arrivait seulement de lui faire "des cadeaux". Pour maître Boursican, cette interview est un élément suffisant pour que la justice réentende son client, en la confrontant à Zahia.
Pour l'avocat, les déclarations de la jeune femme concernant les footballeurs sont également à reconsidérer attentivement. Durant son audition, Zahia a expliqué aux policiers avoir rencontré Karim Benzema en mars 2008 dans une soirée à laquelle elle s'était rendue en compagnie d'Abou. L'international français lui aurait donné 500 euros en échange de "ses services", mais Abou n'en n'aurait rien su. Dans son audition, Sidney Govou, lui, dément être passé par Abou pour rencontrer Zahia. "Je l'ai rencontré par hasard par internet, déclare-t-il dans les locaux de la BRP. Ce n'est pas Abou qui m'a orienté vers elle". Govou prétend avoir rencontré Zahia sur Facebook, sans savoir qu'il s'agissait d'une prostituée. Une version que Zahia confirme durant son audition.
Quant à Franck Ribéry, Zahia indique l'avoir rencontré par l'intermédiaire de l'un de ses amis, Kamel. Cet homme est l'un des cinq mis en examen dans ce dossier. Il a été libéré sous caution jeudi soir. Kamel est un ami de Ribéry, il a accompagné la jeune femme à Munich où elle a rencontré le joueur natif de Boulogne dans un hôtel cinq étoiles. Un "cadeau" d'anniversaire pour le milieu offensif du Bayern. Ribéry a affirmé aux policiers de la Mondaine qu'il ne connaissait Abou "que de vue". Il l'avait croisé dans une discothèque parisienne, Le Milliardaire. Abou était ce soir là en compagnie de ... Sidney Govou.
Il semble extrêmement peu probable que les joueurs des Bleus soient inquiétés dans cette affaire. Zahia a affirmé aux enquêteurs qu'elle avait menti sur son âge devant Benzema et Ribéry. Quand à Govou, elle l'a connu il y a quelques semaines seulement, elle était alors majeure.
_ L'affaire "des footballeurs" pourrait rapidement se dégonfler. Les connexions entre Abou, Kamel, Zahia et l'activité du Zaman Café ne semblent pas démontrées.
La justice se serait d'abord intéressée au Zaman Café pour une affaire de stupéfiants. La drogue, il y en a, reconnaît durant son audition un emloyé du cabaret oriental. "Les clients et les filles snifent de la cocaïne dans les toilettes. Tout le monde est au courant". Selon cet homme, 70 % des filles clientes du cabaret étaient des prostituées. Elles obtenaient des tarifs réduits sur les consommations (moins 30 %) car elles attiraient une clientèle masculine à la recherche de relations tarifées. Ces clients seraient des hommes d'affaires moyen-orientaux, des comédiens célèbres ou des journaliste. Les enquêteurs ont retrouvé au café un listing mentionnant le nom d'une quarantaine de filles et leurs numéros de téléphone.
_ Zahia ne serait pas l'une des ces prostituées, la jeune femme était habituée aux établissements plus chics, les discothèques des Champs Elysées mais aussi les bars des palaces du 8ème arrondissement de Paris.
Il y aurait donc deux affaires distinctes. D'un côté celle d'une jeune prostituée de luxe ayant pour ami un jeune homme rêvant de notoriété et d'argent facile, au carnet d'adresses rempli de noms de stars de la téléréalité et de joueurs et de foot. De l'autre, celui d'un établissement réputé mal famé dont les gérants fermaient les yeux, semble-t-il, sur l'activité de leurs clientes... On semble être bien loin d'une affaire explosive faisant trembler le monde de la nuit parisienne...
Elodie Gueguen
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