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Au procès du Carlton, l'aveu d'impuissance des parties civiles face à DSK, "le Minotaure"

Les défenseurs des prostituées de l'affaire du Carlton ont retiré lundi leur constitution de partie civile contre l’ex-patron du FMI. Même si elles ne l'ont pas épargné, elles estiment DSK difficilement condamnable sur le plan juridique.

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'avocat de la société Eiffage, partie civile au procès du Carlton, le 16 février 2015 à Lille (Nord). (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCETV INFO)

Il a passé son après-midi à manipuler sa montre. DSK compte-t-il les heures alors qu’il voit le procès du Carlton toucher à sa fin et la perspective de sa relaxe se préciser ? Les plaidoiries des parties civiles en ont convenu, lundi 16 février : à leurs yeux, les charges à l’encontre de l’ex-patron du Fonds monétaire international étaient suffisantes pour le renvoyer devant la justice. Mais pas pour le condamner.

Les débats n’ont pas permis, selon David Lepidi, avocat de l’association Equipes d’action contre le proxénétisme, de "caractériser avec certitude l’infraction de proxénétisme". Lui-même et les avocats de deux anciennes prostituées ont d’ailleurs retiré leur constitution de partie civile à son encontre. 

Et pourtant. "Nous avons tous notre conviction que M. Strauss-Kahn avait une pleine et entière connaissance de l’état de prostituées des convives de ces parties qui n’avaient rien de fines, a plaidé Gilles Maton, avocat de Jade et M. Mais cette intime conviction n’est pas de mise ici et elle ne suffit pas à caractériser les éléments constitutifs de cette infraction."

"Le bien triste théâtre de proxénètes BCBG"

Pour les parties civiles, "l’intelligence" supérieure est incompatible avec la "naïveté" et la "crédulité" dont il faut faire preuve, selon les parties civiles, pour ne pas reconnaître une libertine d’une prostituée. 

Alors, que retenir de la comparution de DSK ? Gilles Maton résume très bien l’enjeu des débats des deux dernières semaines, qu’ils aboutissent ou non à la relaxe du plus médiatique des treize prévenus : "La caractéristique de ce procès, c’est qu’il nous a donné à voir le bien triste théâtre de proxénètes BCBG, des cols blancs un peu singuliers. Parmi eux, DSK est un col blanc encore plus singulier."

Avant d’être "cueilli" par les affaires, celles du Sofitel de New York et du Carlton de Lille, DSK "était un technicien significatif, pour ne pas dire hors pair, un brillant économiste, un homme à qui presque tout avait presque réussi, qui était parmi les grands de ce monde", poursuit Gilles Maton. De quoi développer, selon lui, "le syndrome de la toute-puissance : on prend votre avis sur tout, on vous invite, on vous courtise". Avec, bien sûr, "la présidentielle en ligne de mire".  

DSK, "c’est la toute-puissance, elle est abrupte"

Sauf qu’à défaut d’embrasser un destin national, DSK se retrouve aujourd’hui sur le banc des prévenus du tribunal correctionnel de Lille. Il en paie le prix fort, avec un grand déballage sur sa sexualité. "Quand j’ai vu entrer DSK dans ce tribunal, j’ai eu une espèce de vision de ces dessins érotiques que faisait Picasso, dans lequel il figurait le Minotaure ayant des ébats avec des jeunes filles. C’est le Minotaure, c’est la toute-puissance, elle est abrupte", dit de lui Gilles Maton, pendant que l’intéressé continue à négligemment remonter sa montre.

Paradoxalement, DSK s’en sort mieux que la plupart des prévenus, affichant une maîtrise inégalée de sa ligne de défense, le visage dur mais le ton affable. A savoir : aucun élément ne laissait penser que ces femmes étaient des prostituées et il n’a jamais été question d’argent. C’est d’ailleurs pour cela qu’il s’est laissé prendre en photo avec Jade dans son bureau du FMI à Washington. L’argument a fait mouche. A-t-il convaincu le tribunal ? "Je n’ai rien entendu qui soit véritablement sincère venant de DSK à cette barre. De la rouerie, des réponses très préparées mais certainement pas de lâcher-prise ni de sincérité", répond pour sa part Gilles Maton. Mardi, le parquet, qui avait requis un non-lieu à la fin de l’instruction, devrait requérir la relaxe. 

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