Fusillade de Toulouse : le récit de la journée
Une minute de silence aura lieu mardi à 11 heures, pour rendre hommage aux quatre personnes tuées, dont trois enfants, par un homme qui a ouvert le feu lundi matin à Toulouse. Il a tiré sur des gens qui attendaient à un point de ramassage scolaire.
Un professeur de religion et trois enfants ont été tués lundi 19 mars dans la matinée devant un collège-lycée juif de Toulouse (Haute-Garonne) par un tireur à moto ou à scooter, selon des témoins. Un jeune homme de 17 ans a aussi été grièvement blessé. Cette troisième attaque en huit jours dans la région, après les meurtres de trois militaires à Toulouse et Montauban, traumatise la ville.
La même arme a été utilisée pour les trois attaques. Interrogé par France 2 au JT de 20 heures, Claude Guéant a confirmé cette information. Le scooter pourrait être le même, les enquêteurs n'excluant pas qu'il ait été maquillé. selon une source de l'enquête citée par l'Agence France-Presse, il aurait été dérobé à Toulouse il y a plus d'une semaine, soit avant le premier meurtre d'un parachutiste le 11 mars à Toulouse. Il s'agirait d'un scooter de type T-MAX de marque Yamaha. Selon Cédric Delage, secrétaire régional Unsa-Police Midi-Pyrénées contacté par FTVi, la plaque d'immatriculation du scooter a pu être identifiée "après visionnage des différentes caméras de vidéosurveillance".
• Que s'est-il passé devant l'école toulousaine ?
Un homme a ouvert le feu, lundi 19 mars vers 8h10, sur les personnes qui se trouvaient devant le collège-lycée Ozar-Hatorah, dans le quartier de la Roseraie, à Toulouse. Elles attendaient le passage du ramassage scolaire pour l'école juive Gan Rachi. Le bilan est actuellement de quatre morts : un enseignant en religion de 30 ans, ses enfants de 4 et 5 ans, et un autre enfant de 7 ans. Un adolescent de 17 ans est grièvement blessé.
Le professeur était un Franco-Israélien originaire de Jérusalem arrivé en France il y a quelques mois : "Il était parti en septembre de Jérusalem pour une mission de deux ans afin d'enseigner les matières juives à Toulouse", a affirmé une source citée par l'AFP.
Selon les témoignages et d'après le procureur, le tireur était à scooter. Il a pris la fuite après avoir ouvert le feu avec deux armes : une de calibre 9 mm à l'extérieur de l'établissement, qui se serait enrayée, puis une de 11.43 à l'intérieur du collège. "Il a tiré sur tout ce qu'il y avait en face de lui, enfants et adultes, et des enfants ont été poursuivis à l'intérieur de l'école", a indiqué le procureur de Toulouse. Il a aussi évoqué des similitudes entre la tuerie de lundi et l'assassinat des militaires.
La rue a été bouclée et de nombreux policiers ont été déployés. Un périmètre de sécurité a été établi autour de toutes les écoles juives de Toulouse.
• Qu'ont vu les témoins ?
Selon les premiers témoignages des riverains et des parents d'élèves qui ont assisté à la scène, l'auteur des coups de feu a tiré sur "tout ce qu'il y avait autour de lui". Très émue, la mère d'un élève a fait part de son émotion après la fusillade, au micro de France 2. Elle se dit "terrorisée".
"Je voyais tous les enfants qui détalaient. Ma vue était un peu obstruée par le portail, mais j'ai vu des pieds allongés par terre qui dépassaient. Puis le tireur est sorti sur le trottoir, devant ma maison. Et là il a tiré encore une fois sur les personnes qui étaient les plus proches de lui. Quasiment à bout portant", a raconté à RMC un Toulousain qui habite en face du collège-lycée.
"J'ai vu un type qui avait un casque de moto. Je n'ai pas vu ni son visage, ni ses cheveux, ni rien du tout. Il était dans l'entrée, à l'intérieur de la cour. Il tirait", a pour sa part relaté un père de famille à Europe1.fr. C'est à ce moment-là qu'une ou deux personnes sont "tombées" devant ses yeux.
"Les enfants sont très choqués, ils sont passés devant les corps allongés dans la cour, donc c'est très difficile pour eux. Il ne s'agit pas d'une fusillade, il n'y a pas eu d'échange de tirs, mais bien d'un attentat, qui a touché des personnes innocentes", a estimé Boaz Gasto, le vice-président de l'Association juive libérale de Toulouse, interrogé par FTVi.
• Quelles conséquences immédiates ?
Nicolas Sarkozy s'est rendu sur place en fin de matinée en compagnie du président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Richard Prasquier. "C'est une tragédie nationale", a déclaré le chef de l'Etat. Il a annoncé qu'une minute de silence serait observée dans les écoles mardi. Le ministre de l'Education, Luc Chatel, a précisé qu'elle aurait lieu à 11 heures.
Lundi à 17 heures, un office religieux a eu lieu dans une synagogue du centre de Toulouse. Une lecture de psaumesa eu lieu à 19h30 à la synagogue Nazareth, dans le 3e arrondissement de Paris. Nicolas Sarkozy, François Fillon et d'autres membres du gouvernement y ont assisté. Enfin, une marche silencieuse est partie, dès 20h30, de la place de la République pour rejoindre la Bastille.
En début de soirée, le chef de l'Etat a réuni à l'Elysée le Premier ministre et les directeurs de cabinet des ministères de l'Intérieur, de la Justice et de la Défense. "Tous les moyens seront mis en œuvre pour arrêter" le tueur, a affirmé Nicolas Sarkozy dans une déclaration depuis l'Elysée.
Le chef de l'Etat a aussi indiqué que le ministre de l'Intérieur "restera[it] à Toulouse le temps qu'il faudra". Claude Guéant s'est dit "submergé d'émotion". Les deux hommes ont qualifié le drame d'"acte antisémite".
• Quelles sont les enquêtes en cours ?
Le parquet antiterroriste de Paris a ouvert trois enquêtes pour "assassinats" et "tentatives d'assassinat" lundi. Par ailleurs, une enquête a été ouverte et confiée lundi à la police judiciaire parisienne après que deux synagogues des 8e et 19e arrondissements de la capitale ont reçu deux lettres de menaces au contenu identique, respectivement lundi matin et ce week-end. Dans les courriers, il était mentionné : "Vous êtes le peuple de Satan, l'enfer vous attend", a indiqué une source proche de l'enquête à l'AFP sans faire de lien avec la tuerie de Toulouse.
Invité du JT de 20 heures, Claude Guéant a indiqué qu'il n'y avait pas de pistes "claires" pour le moment.
• Quelles sont les réactions dans le monde ?
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a condamné un "meurtre odieux de Juifs". "Il est trop tôt pour savoir précisément quelles sont les circonstances de cet acte meurtrier, mais nous ne pouvons pas écarter la possibilité qu'il a été motivé par un antisémitisme violent et sanglant", a-t-il déclaré devant les membres de son parti, le Likoud.
De son côté, le Vatican a exprimé sa "profonde indignation, son effarement, et sa condamnation la plus résolue". "L'attentat de Toulouse contre un enseignant et trois enfants juifs est un acte horrible et ignoble, qui s'ajoute à d'autres récents de violence absurde qui ont blessé la France", a déclaré le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi.
Les Etats-Unis ont eux aussi condamné "l'horrible attentat" de Toulouse. La Maison Blanche l'a qualifié d'"acte de violence gratuit et révoltant".
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