Procès de la viande de cheval : "La France est hautement concernée par ce genre de fraude", affirme l'ONG Foodwatch
Le procès dans l'affaire du scandale de la viande de cheval vendue comme du bœuf débute lundi. Deux anciens dirigeants de Spanghero sont jugés devant le tribunal correctionnel de Paris.
Le procès du scandale de la viande de cheval dans des produits transformés s'ouvre lundi 21 janvier. En 2013, cette viande vendue comme du bœuf s'était retrouvée dans des millions de plats cuisinés comme des lasagnes ou du hachis parmentier. Deux anciens dirigeants de la société Spanghero, entreprise de transformation de viande, et deux traders néerlandais vont être jugés devant le tribunal correctionnel de Paris.
"La France est hautement concernée par ce genre de fraude", a estimé sur franceinfo Ingrid Kragl, directrice de l’information chez Foodwatch. Selon elle, "on peut penser" que de la viande de cheval se trouve encore dans des produits estampillés viande de bœuf, car c'est "un schéma immuable" et qu'il y a "un manque criant de moyens mis à disposition pour garantir notre sécurité" alimentaire.
franceinfo : Qu'attendez-vous de ce procès ?
Ingrid Kragl : On attend des sanctions exemplaires. Il semblerait que le réquisitoire du juge soit très chargé. Si ce procès est un bon pas vers la fin de l'impunité, il faut aussi que ce procès soit l'occasion de questionner tout le système qui permet que les scandales alimentaires se répètent année après année et qu'on sorte de cette spirale infernale.
En 2013, la viande de cheval a été détectée en Irlande, les chevaux tués en Roumanie, transformés en France, les traders qui vendaient la viande étaient néerlandais, mais basés à Chypre. Il est difficile de s'y retrouver. L'internationale de la magouille ! Malheureusement, cela ne s'est pas arrêté. Quelques années après le scandale de 2013, on sait que le trader hollandais Jan Fasen, qui est épinglé dans cette affaire, a relancé son business en Espagne en faisant passer la viande par le Portugal, la Belgique et a inondé à nouveau la moitié de l'Europe. C'est assez infernal.
franceinfo : Est-ce que le scandale de la viande de cheval peut se reproduire ?
Ingrid Kragl : Malheureusement oui. C'est le constat qu'on fait. Scandale après scandale, on voit qu'on est dans un schéma immuable. Il y a trois gros problèmes dans les derniers scandales qui se sont produits après celui de la viande de cheval : c'est une opacité énorme pour les consommateurs. Il se passe des choses et on n'a pas accès à l'information. Il y a un problème de traçabilité. On voit bien que les services qui sont chargés de ça sont débordés (...) et enfin un manque criant de moyens mis à disposition pour garantir notre sécurité alimentaire. L'Union européenne avait testé dans 27 pays des produits en 2013, il s'avérait que la France était le pays le plus touché avec près de 14% des produits qui étaient positifs pour en moyenne 4% dans les autres pays. La France est hautement concernée par ce genre de fraude.
franceinfo : Pensez-vous qu'il y a encore de la viande de cheval dans des produits alimentaires estampillés viande de bœuf ?
Ingrid Kragl : On peut le penser.
franceinfo : Vous en n'êtes pas certaine ?
Ingrid Kragl : C'est cela que nous dénonçons chez Foodwatch. C'est cette opacité. Les autorités font certainement le job, mais ne nous donnent pas l'information. La réglementation oblige nos autorités à communiquer quand il y a un danger immédiat pour la santé, mais pas quand il s'agit de fraude.
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