Attaque du commissariat de Champigny-sur-Marne : angoissés ou fatalistes, les habitants du quartier racontent la violence habituelle
Ce week-end, une quarantaine de personnes s'en sont prises au commissariat qui se trouve au cœur de cette cité sensible. Ce climat de tension entre jeunes du quartier et police n'est pas nouveau, à tel point que certains riverains semblent s'en accommoder.
Anita vit depuis vingt ans dans le quartier du Bois l'Abbé à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne). Son appartement est dans une tour située à quelques mètres du commissariat attaqué dans la nuit du samedi 10 au dimanche 11 octobre par une quarantaine de personnes qui ont utilisé des tirs de mortier d'artifice. Il n'y a pas eu de blessé mais des vitres du bâtiment ont été brisées et des véhicules de police endommagés. Anita a tout vu : "Ça fait peur. C'est hallucinant ce qu'on a vu du balcon. Ça va faire encore des émeutes pires que ça. On vit dans la peur. On a peur pour nos jeunes. On a peur pour la police. On a peur pour tout et on ne comprend pas."
J'espère que ça va se calmer, que les jeunes vont comprendre qu'il ne fallait vraiment pas s'attaquer à ces gens-là. On a besoin de la police.
Anita, habitante du Bois l'Abbéà franceinfo
Avec sa fille, Anita cherche à quitter le quartier, ce qui n'est pas le cas de ces deux riveraines qui promènent leur chien au pied des tours. Les violences urbaines, les dégradations, elles y sont habituées : "Je n'ai pas peur. Ça fait plus de 50 ans que je suis là, je n'ai pas d'ennui", dit l'une. "Nous n'avons pas de problème, nous. Ce n'est pas une blague et ce n'est pas la première fois, ajoute l'autre. Il y a huit jours, ils ont aussi brûlé d'autres poubelles. Ça a toujours été comme ça. Nous avons un gros trafic de drogue ici".
Quand elle comprend que ses propos sont enregistrés, cette habitante préfère se taire "parce qu'après, c'est, nous qui aurons des problèmes. Je n'ai pas peur de parler. J'ai peur pour ma voiture parce que sur les voitures, on en prend souvent des coups."
Une banalisation de la violence
C'est la troisième fois que le commissariat de Champigny-sur-Marne est la cible d'attaques. D'où peut-être, une forme de banalisation de la violence de la part des habitants comme ces deux étudiantes qui se promènent bras dessus bras dessous et qui disent avoir filmé l'attaque de samedi soir : "On a dit 'C'est le 14 juillet'. Oui, c'est très fréquent. On a l'habitude. Après, on sait que ça ne touche personne", explique l'une. Au final, il n'y a jamais eu de blessés. Ils cassent des choses mais c'est du matériel." "C'est un règlement de comptes entre eux", ajoute son amie.
C'est la haine qui est entre la police et les jeunes. Ça ne date pas d'aujourd'hui, ni d'hier.
Une jeune habitante du Bois l'Abbéà franceinfo
"C'est depuis très, très longtemps et je pense que ça restera longtemps comme ça", lâche-t-elle fataliste. "Et ça vous dérange ?", lui demande-t-on. "Pas tant que ça ne nous atteint pas", avoue-t-elle sans hésiter.
Une vision des choses qui contraste avec le ton martial du ministre de l'Intérieur, en déplacement hier à Champigny-sur-Marne. Gérald Darmanin a annoncé de potentiels renforts de police ainsi qu'une loi pour interdire la vente de mortiers d'artifice au public.
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