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Interpellations musclées à Aulnay-sous-Bois : "Il n’est pas dans notre rôle de faire justice nous-même", estime un policier

Samir, un policier de Seine-Saint-Denis, a témoigné, mardi sur franceinfo, des dérives dont les services de police sont parfois les auteurs.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des officiers de police, le 3 novembre 2016, à Paris. (Photo d'illustration) (PATRICK KOVARIK / AFP)

Après l’affaire Théo, la police est à nouveau mise en accusation par le témoignage de Mohamed K, mardi 14 février. Le jeune homme déclare avoir été violemment interpellé par des policiers fin janvier à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Le fonctionnaire de police, mis en examen pour viol dans l’affaire Théo, se retrouve parmi les policiers pointés du doigt. Un policier, en service en Seine-Saint-Denis, a confié, mardi à franceinfo, que "la police n’est pas uniforme dans l’idéologie".

Pour Samir, "les fantasmes ont la vie dure. Il y a des extrêmes à tous les niveaux. Pour certains jeunes de banlieue, une personne d’origine maghrébine ou africaine qui s’engage dans la police est forcément un traître, explique le fonctionnaire. Pour ce dernier, la suspicion est également présente dans les rangs de la police : "On a des personnes qui pensent qu’un collègue d’origine maghrébine ou africaine est une personne suspecte, dont il faut se méfier."

À quelques jours d’intervalle, ces deux affaires à Aulnay-sous-Bois font polémique. Samir rappelle qu'"il n’est pas dans le rôle de la police de faire justice nous-même. C’est une erreur de céder à la passion. Le policier doit sereinement mettre les individus au service de la justice". Cependant, le fonctionnaire déclare que "les gens doivent intégrer que la police nationale est un service public à leur disposition, et non un adversaire pour les persécuter. S’ils le perçoivent comme ça, c’est qu’il y a un problème".

Ce phénomène n’est pas nouveau selon le fonctionnaire de police. "Malheureusement, il y a un décompte assez macabre d’une longue série de faits similaires, assez anciens dans l’histoire de la police nationale", explique Samir. Le policier, qui a grandi en banlieue, relève que plusieurs histoires tragiques ont marqué les banlieues comme le meurtre de Malik Oussékine par les forces de police en 1986 ou plus récemment l'affaire Adama Traoré. "Aujourd’hui, il y a une forme d’exaspération compréhensible" de la part de la population, note le policier.

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