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Comment les frères Kouachi et Amedy Coulibaly ont préparé leurs attentats

"Le Monde" a eu accès à des éléments de l'enquête sur les attentats perpétrés à Paris. Ils montrent comment Coulibaly a minutieusement préparé ses actes, et comment les frères Kouachi ont failli tout annuler.

Article rédigé par franceinfo
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Les deux auteurs de l'attentat contre "Charlie Hebdo", Chérif Kouachi (G) et Saïd Kouachi (C), et l'auteur des fusillades de Montrouge (Hauts-de-Seine) et de la porte de Vincennes, Amedy Coulibaly. (POLICE NATIONALE)

Ils ont occupé la une des journaux pendant plusieurs semaines, leur parcours a été décrypté, analysé dans le moindre détail. Mais peu d'éléments sont connus sur la façon dont Amedy Coulibaly et les frères Kouachi ont préparé leurs attaques meurtrières perpétrées entre le 7 et 9 janvier à Paris, ni comment se sont déroulées les heures qui ont précédé. Dans une série d'articles, Le Monde révèle des informations qui soulignent avec quelle méticulosité les terroristes ont préparé leurs attentats, comment ils les ont coordonnés et comment les attaques auraient pu échouer.

Amedy Coulibaly avait repéré sa cible…

D'après le quotidien, en décortiquant les données informatiques d'Amedy Coulibaly, les policiers ont réussi à déterminer que l'ancien braqueur avait minutieusement préparé son opération, et clairement choisi de s'attaquer à des commerces juifs. Ses données internet ont en effet révélé qu'il avait effectué plusieurs recherches sur trois restaurants casher et sur l’Hyper Cacher.

C'est finalement pour cette épicerie située porte de Vincennes, à Paris, qu'il a opté. Il aurait vérifié sur place les horaires d'ouverture du magasin où, dans l'après-midi du 9 janvier, il a tué quatre personnes de confession juive et a trouvé la mort sous les balles du Raid.

… et brouillé les pistes

C'est en véritable professionnel du crime qu'Amedy Coulibaly a amassé l'arsenal nécessaire à son opération. Depuis le 21 janvier, quatre hommes sont mis en examen et écroués pour avoir aidé le terroriste dans cette collecte d'équipements. Ils sont soupçonnés de lui avoir fourni armes de poing, gilet pare-balles, couteaux et bombes lacrymogènes, notamment à partir du mois de décembre 2014, lorsque Coulibaly se montre plus pressant. A chaque fois, ce dernier leur donne le liquide nécessaire à ces emplettes, y compris pour acheter le Scénic à 950 euros retrouvé près de l'Hyper Cacher le 9 janvier. Tous ses fournisseurs assurent ne pas avoir connu les projets de "Dolly", le surnom acquis en prison par le musculeux ex-braqueur, qui provoque la crainte dans son entourage.

Pour entrer en contact avec eux, Amedy Coulibaly n'utilise pas un portable à son nom, mais privilégie les cabines téléphoniques, les taxiphones et les téléphones mobiles provisoires. Selon Le Monde, les enquêteurs ont comptabilisé 13 lignes de portables différentes dont il s'est servi pendant les cinq mois qui ont précédé les attentats.

Objectif : s'assurer de rester invisible aux yeux de possibles policiers à ses trousses. C'est d'ailleurs sur une de ces lignes qu'il a échangé six SMS avec les frères Kouachi, quelques heures et même quelques minutes avant que ces derniers n'entrent, armés jusqu'aux dents, dans les locaux de Charlie Hebdo, ce qui confirme que le trio avait coordonné ses attaques.

Les Kouachi ont failli tout annuler au dernier moment

D'après les informations recueillies par Le Monde, c'est également via cette ligne téléphonique que les enquêteurs ont pu déterminer qu'Amedy Coulibaly et Chérif Kouachi s'étaient rencontrés physiquement, devant le domicile de ce dernier à Gennevilliers, dans la nuit du 6 au 7 janvier, à quelques heures de la première attaque. A ce moment-là, le cadet des frères Kouachi est inquiet. Car, comme l'apprendront plus tard les enquêteurs, il n'est pas sûr que son grand frère le rejoindra le lendemain.

La veille de l'attaque à Charlie Hebdo, Saïd Kouachi est en effet cloué au lit, chez lui à Reims, à cause d'une violente gastro-entérite qui touche toute sa famille et le fait vomir toute la nuit précédant l'attentat. Mais mercredi 7 janvier, il décide quand même de se lever. Le Monde se demande pourquoi il a choisi de passer outre la douleur : parce que Charlie Hebdo organise sa conférence de rédaction ce jour-là ? Parce que d'autres personnes sont impliquées ? Pour ne pas décevoir son frère ?

En tout cas, après avoir dit "à ce soir ou à demain" à son épouse, il prend la direction de la gare de Reims pour arriver gare de l'Est à Paris, par le TGV de 8h31. Avant de rejoindre Chérif, probablement soulagé par cette arrivée après une nuit d'angoisse, chez lui à Gennevilliers. Aux alentours de 10 heures, les deux hommes s'habillent de noir et s'équipent, avant de claquer la porte et de prendre la direction du 11e arrondissement.

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