Tuerie raciste de la rue d'Enghien à Paris : un an après, les parties civiles et la communauté kurde dénoncent une enquête incomplète et mal engagée
Le 23 décembre 2022, un homme ouvrait le feu et faisait trois morts et trois blessés en plein Paris, à proximité du centre culturel kurde dans le 10e arrondissement. Les victimes appartenaient à cette communauté. William Malet, conducteur de train de 69 ans, déjà connu pour violences, était maîtrisé et interpellé. Un an après cette attaque, une marche commémorative est organisée samedi entre la Gare du Nord et le lieu de l'attaque, pour rendre hommage aux victimes.
Une marche de revendication, aussi, face à ce que les parties civiles et la communauté kurde dénoncent comme une enquête incomplète et mal engagée. Car la conclusion de l'analyse du parquet anti-terroriste est que William Malet n'avait pas pour but de troubler l'ordre public par la terreur. Dans cette analyse sont soulignés l'altération de son discernement pointée par les experts, sa haine générale des étrangers, son désir de célébrité qui inscriraient son acte dans une démarche purement personnelle. Pour cette raison, il n'y a pas eu de requalification des faits.
Un suspect sans empathie pour les victimes
Dans la communauté kurde, beaucoup continuent pourtant de penser que l'attaque était un attentat ciblé avec des motivations idéologiques et possiblement des complices et des commanditaires. Les familles de victimes ont été entendues ces derniers jours par le juge d'instruction. "L'endroit choisi est éminemment politique, déclare Me David Andic, avocat des familles de victimes. Il ne visait pas les étrangers de manière générale mais particulièrement les Kurdes. On sait qu'il a un profil d'extrême droite qu'il avait énormément d'armes et qu'il s'entraînait régulièrement. William Malet a lui-même plusieurs fois utilisé le mot 'attentat' lors de ses auditions, ça devrait mettre les services enquêteurs sur une piste."
"On nous dit que ça n'a pas d'impact, que c'est l'œuvre d'un déséquilibré. Cela, les parties civiles ne peuvent pas le croire. Comment a-t-il agi ? A-t-il agi en complicité ? On ne pourra le savoir qu'avec des investigations poussées et des moyens qu'aujourd'hui la brigade criminelle n'a pas."
David Andic, avocat des familles de victimesà franceinfo
William Malet, 70 ans, reste donc mis en examen "seulement" pour tentatives d'assassinats et assassinats racistes. En audition, il est sans empathie pour ses victimes. Depuis un an, à l'isolement à la prison parisienne de la Santé, il espère un procès dans un délai raisonnable.
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