Caisse noire : après la métallurgie, la Médecine du travail ?
La Médecine du travail, une des pompes à finance du Medef ? Voilà, en résumé, ce qui ressort des témoignages que Benoit Collombat de France Inter a pu recueillir au cours de son enquête, menée conjointement avec le site internet Rue89.
La médecine du travail est une obligation pour l’employeur depuis 1946 : 75 euros de cotisation annuelle, en moyenne, par salarié. Une manne d’un milliard d’euros. L’argent des cotisations patronales est donc censé servir au bon fonctionnement de cette Médecine du travail. Mais en réalité, le système est totalement opaque.
Les entreprises les plus importantes disposent de leur propre service de santé. Pour les PME, le système est différent : elles doivent adhérer à une association inter-entreprises qui salarie les médecins. 95 % des 6.500 médecins du travail dépendent de ces structures associatives, sans réel contrôle syndical. La proximité de ces structures avec les 155 Medef territoriaux donne souvent lieu à des dérives. Comme par exemple des emplois fictifs ou des salaires de complaisance.
Plusieurs témoins évoquent d’autres dérives : des notes de frais artificiellement gonflées, des voitures de fonction (parfois avec chauffeur) payées par la Médecine du travail, des repas dans des restaurants de luxe ou des abonnements de téléphone portable. "Chercher à piocher", y compris pour se payer des vacances "aux frais de la princesse", comme en 1999 à Pau, où la comptable de l’association est prise la main dans le sac.
Des dérives à l’échelle nationale avec quelques particularités locales, notamment dans les Hauts-de-Seine. Ainsi, Benoit Collombat a pu se procurer un document absolument édifiant : une convention de 2001 stipulant qu’une association de Médecine du travail d’Issy-les-Moulineaux (la SMIBSO) prendra en charge "75%" des "frais de secrétariat" du Medef, la "moitié" du "salaire" du "secrétaire général" du patronat, les "frais de prise en charge du véhicule de tourisme" du Medef ainsi que les "photocopies" et l’"affranchissement".
Une convention remplacée en 2006 par un autre document tout aussi édifiant, qui révèle un versement annuel de 80.000 euros au Medef des Hauts-de-Seine Sud.
Mais ce n’est pas tout : il y a aussi un "volet immobilier". Où l’on découvre effectivement que l’argent de la Médecine du travail aurait quelques "vertus immobilières".
Contacté hier sur tous ces points, le siège du MEDEF n’a pour l’instant pas réagi.
Dans le scandale de la "caisse noire" de l’UIMM, la présidente du Medef, Laurence Parisot, affirmait récemment tout découvrir, parlant de "secret de famille" dont la révélation serait libératrice. Voilà donc un autre "secret de famille" qui devrait en embarrasser plus d’un.
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