Calvados : ce que l'on sait de la mort suspecte du principal d'un collège de Lisieux
Stéphane Vitel, principal d'un collège de Lisieux (Calvados) a été retrouvé mort dans des conditions suspectes, vendredi 11 août, au sein de l'établissement où il travaillait depuis un an. La victime était sur la route des vacances avec sa famille lorsqu'elle a été informée du déclenchement de l'alarme de sécurité du collège Pierre-Simon de Laplace. Ses proches l'ont retrouvé inanimé dans le bâtiment. Une enquête a été ouverte par la police judiciaire de Caen pour déterminer les causes du décès du principal de collège, a annoncé le parquet samedi. Franceinfo vous résume ce que l'on sait de l'affaire.
Retrouvé inanimé par sa fille dans le collège
Le principal était parti en vacances tôt vendredi avec sa femme et ses deux enfants, avant de recevoir une alerte l'informant du déclenchement de l'alarme du collège, selon des sources concordantes à franceinfo et France Bleu Normandie. Il a alors fait demi-tour pour se rendre dans l'établissement, laissant sa femme et ses enfants dans la voiture. Sa famille s'est ensuite inquiétée de son absence prolongée. "On trouvait que c'était long. Ma fille s'impatientait, elle est allée voir et l'a trouvé étalé par terre", a affirmé sur BFMTV Jeanne Mailhos-Vitel, la femme de la victime. Le corps a été retrouvé inanimé dans les parties administratives du bâtiment vers 6h50. En dépit d'un massage cardiaque, elle n'est pas parvenue à ranimer son époux. Les secours sont ensuite intervenus vers 7 heures et n'ont rien pu faire pour sauver la victime, explique France Bleu Normandie.
Une enquête ouverte par la police judiciaire de Caen
Une enquête a été confiée à la police judiciaire de Caen, a appris l'AFP auprès du parquet de Caen samedi 12. La procureure de la République de Lisieux, Delphine Mienniel, a précisé qu'il s'agissait d'une "mort suspecte". Pour le moment, les autorités ne savent pas ce qu'il s'est passé entre le déclenchement de l'alarme et la découverte de la victime. L'enquête doit notamment déterminer si le principal a croisé des personnes dans le collège au moment de son intervention. "Les premières constatations ont permis d'identifier une trace d'effraction sur une porte secondaire du collège. Il n'y a pas de désordre au sein de l'établissement", a précisé le parquet dans un communiqué samedi midi.
L'autopsie du corps réalisée lundi "n'a pas pu exclure l'intervention d'un tiers, ni établir avec certitude une cause naturelle du décès", a déclaré la procureure de Lisieux dans un communiqué. Lors d'une conférence de presse mercredi, le procureur de la République de Caen, qui a récupéré le dossier, a affirmé que l'autopsie du principal a révélé des "lésions cutanées assez minimes" et "un traumatisme crânien", qui ne seraient "pas la cause du décès". L'autopsie a également permis de détecter "un œdème pulmonaire associé à une pathologie cardiovasculaire ancienne, a priori qui n'aurait pas été traitée", a ajouté le procureur Joël Garrigue, précisant que des analyses complémentaires "sont en cours" pour établir les causes du décès.
Deux jeunes interpellés et déférés devant le juge d'instruction
Deux jeunes, dont un mineur, ont été interpellés et placés en garde à vue mercredi pour s'être introduits dans le collège. Ils vont être déférés devant un juge d'instruction mercredi soir, a annoncé le procureur de la République de Caen. Le parquet a demandé leur mise en examen pour "intrusion dans l'enceinte d'un établissement scolaire" et pour "dégradations en réunion de biens d'utilité publique". "Le but de l'instruction ouverte est de déterminer les circonstances exactes (du) décès [du principal] et de savoir si ce décès est le résultat d'un meurtre ou d'une cause naturelle", a-t-il précisé.
Après leur interpellation, ces deux jeunes hommes âgés de 17 et 19 ans assuraient avoir quitté les lieux avant l'arrivée du principal Stéphane Vitel. Une version confirmée par le procureur de la République en conférence de presse : "Les vérifications sur le téléphone du jeune mineur nous ont permis d'établir qu'a priori, ils n'étaient plus sur les lieux au moment où monsieur Vitel s'y est rendu." Le principal s'était rendu dans son établissement après le déclenchement d'une alarme anti-intrusion. "Il est tout à fait possible que ce soient eux qui l'aient déclenché", a-t-il ajouté.
"Un homme empathique, souriant, en qui on pouvait avoir confiance"
Stéphane Vitel, âgé de 48 ans, occupait le poste de principal au sein du collège Pierre-Simon de Laplace depuis la rentrée 2022. La lutte contre le harcèlement scolaire faisait partie de ses principales préoccupations. Officiant auparavant dans un autre collège du Pays d'Auge, à Livarot, il allait entamer sa douzième rentrée en tant que principal. Encore sous le coup de l'émotion, l'épouse de la victime évoque auprès de BFMTV un homme dévoué à la réussite de ses élèves, qui "faisait des semaines de 70 heures". Le rectorat a pour sa part salué la mémoire "d'un personnel de direction engagé et attentif à la réussite des élèves".
Engagé en politique, Stéphane Vitel avait été adjoint à la mairie d'Houlgate (Calvados) en charge des animations entre 2014 et 2020. "Il laissera le souvenir d'un homme empathique, souriant, en qui on pouvait avoir confiance", a témoigné sur BFM Sébastien Leclerc, maire (Les Républicains) de Lisieux. Le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, a tenu à s'associer à "la peine et à l'émotion des enseignants, élèves et personnels qui pleurent la mort de Stéphane Vitel".
Un hommage spontané des élèves vendredi soir, un autre prévu à la rentrée
Dans la soirée du vendredi 11 août, des dizaines de professeurs, des parents d'élèves et des collégiens se sont rassemblés en hommage à leur principal, déposant des bouquets de fleurs devant les grilles de l'entrée du collège, rapporte le quotidien Ouest-France. Deux prises de parole se sont succédé : celle de la mère d'un enfant entrant en classe de 6e à la rentrée et celle du député Jérémie Patrier-Leitus, qui devait accueillir le principal avec plusieurs classes à l'Assemblée nationale à la rentrée. Un autre hommage sera rendu à Stéphane Vitel à la rentrée, a précisé le maire de Lisieux auprès de franceinfo samedi 12 août, afin de laisser suffisamment de temps à ses proches pour organiser leur retour à Lisieux. La date devrait être connue dans les prochains jours.
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