Ce que l'on sait des incendies criminels à la synagogue de La Grande-Motte, pour lesquels le Parquet antiterroriste s'est saisi

Le Parquet national antiterroriste a annoncé avoir ouvert samedi une enquête pour tentative d'assassinats terroristes. Le principal suspect a été interpellé, a annoncé Gérald Darmanin dans la nuit de samedi à dimanche.
Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Intervention des forces de l'ordre après des départs de feu criminels à la synagogue de La Grande-Motte (Hérault) le 24 août 2024. (PASCAL GUYOT / AFP)

Une attaque survenue en plein shabbat. La synagogue de la célèbre station balnéaire La Grande-Motte (Hérault) a été visée par des incendies criminels, autour de 8h30, samedi 24 août. Deux voitures ont été incendiées dans l'enceinte de la synagogue, ainsi que deux portes donnant accès à l'édifice religieux. Un policier municipal a été blessé. Un homme arborant un drapeau palestinien a été filmé par la vidéosurveillance sur les lieux.

"Nous avons échappé à un drame absolu", a déclaré le Premier ministre démissionnaire, Gabriel Attal, qui s'est rendu sur place. Alors que le Parquet national antiterroriste (Pnat) a ouvert une enquête pour tentative d'assassinats terroristes, et que le principal suspect a été interpellé, voici ce que l'on sait de ces faits. 

Plusieurs départs de feu entre 8 heures et 8h30 à la synagogue

Selon un premier point effectué par le Pnat, entre 8 heures et 8h30, deux véhicules ont été "incendiés dans l'enceinte de la synagogue Beth Yaacov". Sur place, "deux départs de feu supplémentaires" ont été relevés "au niveau de deux portes donnant accès à la synagogue". Un policier municipal, qui s'est déplacé sur les lieux, a été "blessé par le souffle provoqué par l'explosion d'une bouteille de gaz", selon le Parquet national antiterroriste. Contrairement à une information précédemment donnée par le Pnat, la bouteille de gaz ne se trouvait pas dans un véhicule, mais à proximité d’un des véhicules incendiés. Le policier, un temps transporté aux urgences du CHU de Montpellier, est sorti de l'hôpital samedi soir, a annoncé Stéphan Rossignol, le maire (LR) de La Grande-Motte sur BFMTV.

Toujours selon le Pnat, cinq personnes, dont le rabbin, se trouvaient à l'intérieur de la synagogue au moment des incendies, mais n'ont pas été blessées. Il n'y avait pas d'office en cours au moment des faits. Des riverains ont confié à France Télévisions avoir entendu une "violente explosion".

Incendie devant la synagogue de la Grande-Motte : le ministre de l'Intérieur dénonce un acte criminel
Incendie devant la synagogue de la Grande-Motte : le ministre de l'Intérieur dénonce un acte criminel Incendie devant la synagogue de la Grande-Motte : le ministre de l'Intérieur dénonce un acte criminel (France 2)

Le principal suspect interpellé

L'homme soupçonné d'être l'auteur de l'incendie et de l'explosion devant la synagogue de La Grande-Motte a été interpellé par les policiers du Raid dans la nuit de samedi à dimanche, a annoncé Gérald Darmanin.

Le parquet national antiterroriste (Pnat), saisi de l'affaire, a précisé que l'interpellation avait eu lieu à Nîmes, dans le Gard, à une cinquantaine de kilomètres au nord de la station balnéaire de la côte méditerranéenne où a eu lieu l'attaque. L'intervention a eu lieu vers 23h35 et le suspect, qui a "ouvert le feu sur la colonne d'intervention", a été "blessé au visage", a détaillé le Pnat, sans préciser la gravité de ces blessures. Selon les informations de franceinfo, le suspect interpellé est un homme de nationalité algérienne de 33 ans en situation régulière.

"Deux personnes de son entourage ont été placées en garde à vue" et l'enquête se poursuit "pour établir les conditions de la préparation de ses actes et de sa fuite", a ajouté le Pnat. Au total, quatre interpellations ont été effectuées dans cette affaire, a appris France Télévisions de sources policières. 

Le suspect arborait le drapeau palestinien au moment des faits

Le suspect arborait le drapeau palestinien et avait été filmé par la vidéosurveillance. "Les premières investigations indiquent que l'auteur aurait été porteur d'un drapeau palestinien et d'une arme", avait ainsi appris franceinfo auprès du Pnat. Les images des caméras de vidéosurveillance, consultées par France 3 et franceinfo et authentifiées par plusieurs sources proches de l'enquête, montrent en effet un homme filmé sur les lieux. Il porte sur la tête un keffieh rouge, un polo bleu et un drapeau palestinien est noué autour de sa taille. A sa ceinture, on aperçoit la crosse d'une arme de poing. Dans ses mains, deux bouteilles en plastique remplies d'un liquide jaunâtre. Le Premier ministre démissionnaire, qui s'est rendu sur place samedi en fin d'après-midi, a parlé d'un "assaillant extrêmement déterminé".

Capture écran des images de vidéosurveillance montrant un homme arborant un drapeau palestinien près de la synagogue de La Grande Motte, le 24 août 2024. (FRANCE 3 OCCITANIE)

Une enquête ouverte pour "tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste"

Le Pnat a rapidement annoncé se saisir des faits. L'enquête de flagrance est ouverte pour "tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste", "destructions par moyen dangereux en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d'atteinte aux personnes". Les investigations sont confiées à la sous-direction antiterroriste, à la direction zonale de la police nationale Sud et à la direction générale de la sécurité intérieure.

Les images enregistrées par les caméras de la ville "sont en train d'être visionnées", a précisé sur franceinfo Stéphan Rossignol, le maire de La Grande-Motte, précisant que "l'individu en question n'a pas réussi à pénétrer à l'intérieur de la synagogue, alors que c'était clairement son objectif".

La protection devant les lieux de culte juif renforcée

"Je veux assurer nos concitoyens juifs et la commune de tout mon soutien", a réagi le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, sur X, annonçant avoir demandé à tous les préfets le renforcement "immédiat" des gardes statiques devant les lieux de culte juif.

Le gouvernement a régulièrement dénoncé une recrudescence des actes antisémites depuis l'attaque menée par le mouvement islamiste Hamas en Israël le 7 octobre 2023 et le début de la guerre à Gaza. Ils ont quasiment triplé depuis le début de l'année.

La classe politique et la communauté juive dénoncent une attaque antisémite

La classe politique a unanimement dénoncé cette attaque survenue pendant le shabbat, jour de repos hebdomadaire des personnes de confession juive. "La lutte contre l'antisémitisme est un combat de chaque instant", a ainsi déclaré Emmanuel Macron. "Nous avons échappé à un drame absolu", a déclaré Gabriel Attal devant l'édifice religieux. "Si la synagogue avait été remplie de fidèles à ce moment-là, si des personnes étaient descendues de l'immeuble dans les premières minutes, probablement qu'il y aurait eu des victimes humaines", a aussi dit le Premier ministre démissionnaire.

Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, dont le mouvement a été accusé par ses adversaires politiques d'attiser l'antisémitisme, ce dont il se défend, a dénoncé sur X un "intolérable crime". "L'antisémitisme grandit en France et il vient encore de frapper à La Grande-Motte", a de son côté accusé le secrétaire national du PCF Fabien Roussel, le leader de Place publique Raphaël Glucksmann dénonçant, lui, "le fléau de l'antisémitisme, que nous devons combattre ensemble sans la moindre faiblesse".

La cheffe de file des députés du Rassemblement national Marine Le Pen a, elle aussi, dénoncé des "attaques inacceptables et inqualifiables (...), conséquence de la montée de l'antisémitisme qui se répand dans notre pays".

L'émotion est grande également au sein de la communauté juive. Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France, a fait part de son inquiétude sur franceinfo. "Malheureusement, nous savons qu'il y a toujours un effet d'entraînement, de mimétisme, avec les actes antisémites, redoute-t-il. Chaque acte antisémite entraîne les suivants."

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