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Reportage "L'Etat est responsable de ne pas nous avoir protégés" : le cri de colère des mères de victimes de règlement de comptes à Marseille

Des habitants et familles de victimes saisissent la justice pour contraindre l’Etat à agir, alors que Marseille enregistre un triste record de 42 morts dans des règlements de comptes depuis le début de l’année.
Article rédigé par Mathilde Vinceneux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Illustration. Emmanuel Macron était à Marseille en juin 2023. Les habitants lui ont fait part de la détresse des parents de victimes de règlements de compte liés à la drogue. (GUILLAUME HORCAJUELO / POOL)

Ils sont une cinquantaine à avoir déposé un référé liberté devant le tribunal administratif de Marseille lundi 4 septembre, selon une information révélée par Le Parisien, alors que la ville enregistre un triste record de 42 morts dans des règlements de comptes depuis le début de l’année. Le référé liberté est une demande auprès d'un juge lorsque des personnes estiment que certaines de leurs libertés fondamentales ne sont pas protégées.

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C’est rongé par la colère et la douleur que Fana répond, au nom de toutes les mères qui ont perdu leurs enfants dans la guerre des trafics. "Tous les jours, quand je me lève, je me demande si j'allume la télé ou pas, pour savoir s’il y a eu un meurtre cette nuit. Et je pense à la maman parce que je l'ai subi. Chaque fois que j'entends qu'il s'est passé quelque chose, je fonds en larme pour l'enfant", déplore-t-elle.

L'État pointé du doigt par les familles

"Ils tombent de plus en plus jeunes", souffle la maman, malgré le travail de la préfecture de police. "Il y a des choses qui ont été faites, mais ce n'est pas assez. Si ces mineurs se retrouvent à quatorze ans sur des points de deal, c'est que, quelque part, il y a un échec. Donc oui, l'Etat est responsable, l'Etat est responsable de ne pas nous avoir protégés."

Avec cette procédure, les habitants et l’association Conscience veulent obliger l’Etat à prendre une série de mesures, comme le retour de la police de proximité ou encore un meilleur accompagnement des familles de victimes. Cette mère, qui préfère taire son nom, se sent abandonnée depuis la mort de son fils et de son mari dans un règlement de comptes.

"On n'est pas appuyés, on n'a pas de suivi psychologique, on n'a rien du tout. La psychologue, c'est moi, pour moi et mes enfants. Je me suis relevée seule, je suis allée travailler. Je suis là pour mes enfants".

Une mère d'un jeune homme tué dans un règlement de compte,

à franceinfo

Si le tribunal administratif juge recevable le référé liberté déposé par les habitants, il devra être examiné en audience d’ici la fin de la semaine.

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