Des surveillants de Fleury-Mérogis soupçonnés de la mort d'un détenu
Les accusations proviennent directement du témoignage d'Adam, du surnom donné par Le Monde à ce détenu, témoin et victime dans cette affaire. Il tient manifestement à ce que son identité reste secrète.
Rappel des faits : à l'origine de cette affaire, la mort d'un autre détenu, Denis Radon, 22 ans, le 25 août 2007, dans la prison de Fleury-Mérogis. Officiellement, il meurt des suites d'une bagarre dans la cour de promenade avec un autre détenu.
_ Version des surveillants : après la rixe, Denis Radon aurait été conduit à l'infirmerie, vivant mais "sur un brancard". Puis les gardiens l'auraient installé en position latérale de survie. C'est là que son état se serait dégradé. Il décède quelques minutes plus tard. Son rival dans la bagarre est actuellement poursuivi pour "coups volontaires ayant entraîné la mort".
Témoin gênant
Seulement, il y avait un autre détenu à l'infirmerie à cette heure-là. Le fameux Adam, venu se faire soigner et témoin involontaire de la scène. Et sa version, rapportée par Le Monde, est toute autre : Denis Radon aurait bien été conduit à l'infirmerie, par "trois ou quatre surveillants", mais debout, "marchant normalement", avec "l'air énervé".
_ C'est alors que les surveillants l'auraient mis à terre et frappé. Adam ne le verra jamais se relever, mais il n'apprendra sa mort que quelques jours plus tard.
"Parole de taulard contre parole de matons" Le Monde
S'en suivront pour Adam, des brimades, des intimidations, des actes de tortures. Lors de son transfert en mars 2008 à la prison de Bois d'Arcy, un médecin constate "une série de brûlures au deuxième degré, profondes".
Des violences de la part de ses co-détenus, mais avec la complicité active de ses gardiens, selon Adam, qui fera plusieurs tentatives de suicide coup sur coup.
Son calvaire, conclut Le Monde, il l'a finalement raconté par le menu à la juge d'instruction Caroline Davroux, le 23 avril dernier. Le procès-verbal est entre les mains du procureur d'Évry, qui a ouvert, aujourd'hui même, une information judiciaire pour "violences volontaires en réunion et avec arme". Elle a été confiée au juge qui instruit également l'enquête sur le décès de Denis Radon.
Une affaire "très grave, si les faits étaient avérés", a commenté Michèle Alliot-Marie, la garde des Sceaux, en déplacement à Marseille.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.