Deux policiers du "36 quai des Orfèvres" mis en examen pour viol en réunion
Les deux hommes de la Brigade de recherche et d'intervention ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire. Francetv info revient en détail sur cette affaire.
L'onde de choc se propage dans la police judiciaire. Deux policiers accusés par une touriste canadienne de viol au sein même du 36, quai des Orfèvres, siège légendaire et centenaire de la PJ parisienne, ont été mis en examen pour viol en réunion, dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 avril. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire, alors que le parquet de Paris avait requis leur placement en détention provisoire.
Samedi, le parquet avait ouvert une information judiciaire pour viol en réunion et modification de l'état des lieux d'un crime. Francetv info fait le point sur cette affaire qui ébranle l'institution policière.
Que dit la victime ?
Les faits présumés se sont déroulés dans la nuit du mardi 22 au mercredi 23 avril. Selon des sources proches du dossier, la plaignante, âgée de 34 ans, affirme avoir rencontré les policiers de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) dans un pub irlandais du quartier Saint-Michel où beaucoup de policiers ont leurs habitudes.
Après une soirée arrosée, elle aurait accepté de suivre un capitaine de la BRI dans les célèbres locaux du "36", juste de l'autre côté de la Seine, pour visiter les lieux. Des témoins l'ont aperçue et décrivent une jeune femme "guillerette et joyeuse", détaille Le Monde. Mais lorsqu'elle ressort du bâtiment, elle est "en pleurs" et visiblement sous le choc. Son discours est décousu, précise le JDD. Elle évoque alors le vol de son blouson et affirme à l'agent de faction avoir été violée.
La victime est alors escortée jusqu'au commissariat du 4e arrondissement, où elle est entendue et dépose plainte. Là, elle répète ses accusations en détaillant son récit. Trois ou quatre hommes auraient abusé d'elle. Elle reconnaît certains visages sur des photographies. Elle explique que l'officier aurait abusé d'elle dans son bureau, avant d'être rejoint par un brigadier et un major qui étaient également présents au bar, précise le JDD.
Que disent les policiers pour se défendre ?
L'un des deux policiers mis en examen a reconnu une relation sexuelle avec la plaignante, mais consentie. Il conteste "fermement" tout viol, a déclaré son avocat, Sébastien Schapira. Il avait nié tout rapport dans un premier temps, comme ses collègues, qui n'ont, eux, pas modifié leur position.
Deux autres hommes de la BRI entendus par les enquêteurs ont été remis en liberté samedi. Le premier a été relâché dans la journée sans aucune charge au terme de 48 heures de garde à vue. Il aurait simplement croisé la jeune femme après les faits, alors qu'il repassait au "36" pour lui rapporter son blouson oublié au bar, explique le JDD. Le second policer relâché a été placé dans la soirée sous le statut de témoin assisté par un juge d'instruction.
De quels éléments les enquêteurs disposent-ils ?
Les premiers examens médicaux témoignent bien d'un ou plusieurs rapports sexuels, et d'une légère blessure compatible avec un rapport non consenti, affirme Le Monde. Des prélèvements ADN ont été réalisés, mais les résultats de ces analyses ne sont pas encore connus.
Par ailleurs, des perquisitions ont été menées au domicile des policiers par les enquêteurs de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices", qui se sont également déplacés sur le lieu du viol présumé. Selon une source proche de l'enquête, les bas et les lunettes de la jeune femme ont disparu au moment des faits qu'elle dénonce. Les enquêteurs vont désormais également confronter les différentes versions, et étudier les images de la vidéosurveillance du "36", dont les accès sont surveillés par des caméras.
Que risquent les policiers ?
Les policiers sont mis en examen pour viol en réunion, un crime passible de la cour d'assises. Tout va dépendre désormais de la suite des investigations. En attendant, "le fait même d'être venus après une soirée dans les locaux de la PJ risque d'entraîner des sanctions", affirme une source au ministère de l'Intérieur.
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a promis dimanche de tirer "toutes les conséquences" si les faits étaient avérés. Trois policiers ont d'ores et déjà été suspendus, a annoncé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.
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