Cet article date de plus de sept ans.

Affaire Troadec : ce qu'Hubert Caouissin a expliqué aux enquêteurs

L'auteur présumé du quadruple meurtre de la famille Troadec a livré un récit détaillé de la nuit du meurtre, comme le rapporte Le Télégramme dans son édition de jeudi. 

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des officiers de police procèdent aux fouilles des environs de la maison d'Hubert Caouissin, le 9 mars 2017 à Pont-de-Buis (Finistère).  (FRED TANNEAU / AFP)

Ce sont des aveux qui tiennent sur dix-sept pages. Hubert Caouissin, soupçonné d'avoir assassiné les quatre membres de la famille Troadec, a longuement détaillé aux enquêteurs ce qu'il s'est passé dans la nuit du 16 au 17 février, lorsqu'il s'est introduit dans la maison familiale d'Orvault (Loire-Atlantique) et aurait tué ses occupants : les époux Pascal et Brigitte et leurs enfants, Sébastien et Charlotte. 

Son récit est publié, jeudi 13 avril par Le Télégramme qui reprend les PV d'audition du suspect et ce qu'il a déclaré aux enquêteurs le 5 mars, lors de sa garde à vue. Il a alors confirmé être passé à l'acte pour un supposé héritage de pièces d'or mal partagé entre sa compagne et son beau-frère, Pascal Troadec. Et a donné d'autres informations. Franceinfo revient sur ses aveux. 

Une entrée discrète par la porte entrouverte

Des événements de la soirée du drame, on connaissait déjà quelques détails, donnés par le procureur de la République de Nantes, le 6 mars. Ils sont confirmés et détaillés par les informations publiées par Le Télégramme. La nuit du meurtre, Hubert Caouissin s'est rendu devant la maison de son beau-frère, en périphérie de Nantes (Loire-Atlantique). L'homme, muni d'un stéthoscope pour écouter les conversations, ne vient pas pour la première fois rôder aux alentours du domicile des Troadec.

Durant son audition, il a indiqué que Brigitte, l'épouse Troadec, avait laissé la porte entrouverte pour que le chat de la famille puisse entrer. Il en a profité pour pénétrer dans la maison et se cacher dans la buanderie. Le couple, qui l'aurait entendu, serait descendu "à pas de loup" pour en découdre. Alors que, toujours selon les dires du suspect, Pascal Troadec l'empoigne et hurle qu'il "va le tuer", Hubert recule dans le garage. C'est à ce moment que son beau-frère se serait saisi d'un pied-de-biche. 

Les enfants tués avant les parents

Durant son audition, Hubert Caouissin confie être parvenu à s'emparer du pied-de-biche, dont il s'est servi pour frapper d'abord le couple, puis les enfants qui auraient fait irruption. Sébastien est touché en premier, à la tête. Sa sœur Charlotte est frappée jusque dans sa chambre où elle tentait de se réfugier.

Le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès, avait dans un premier temps expliqué que les parents avaient été tués avant les deux enfants, sans donner plus de détails. Le suspect, lui, raconte avec précision la scène qui suit. Après avoir tué Charlotte et Sébastien, il revient vers les deux parents, achève Pascal et poursuit Brigitte dans la salle de bains. Alors qu'elle tente de cloisonner la porte, il bloque la fermeture avec le pied-de-biche, puis la tue. 

La suite est déjà connue. Couvert de sang, Hubert Caouissin quitte le domicile des Troadec au petit matin pour regagner son domicile. Il met alors sa compagne Lydie, la sœur de Pascal, au courant. Les deux nuits qui suivent l'assassinat des Troadec, elle l'accompagne à Orvault où il retourne nettoyer la scène de crime pendant qu'elle reste dans la voiture. Chargée de faire le guet, elle est équipée d'un talkie-walkie pour donner l'alerte. L'enfant unique du couple, âgé de 8 ans, reste seul dans leur propriété à Pont-de-Buis (Finistère). 

Les corps disséminés dans trois endroits différents

Si le procureur avait expliqué qu'Hubert Caouissin avait démembré les corps, avant d'en enterrer une partie et de brûler l'autre, le suspect a donné beaucoup plus de détails. Alors qu'il envoie sa compagne et son fils, "se promener dans les environs", il se débarrasse d'une partie des restes humains dans l'appareil de chauffage à bois de sa ferme, ce qui déclenche l'alarme de la machine. "Cela chauffait trop", explique Lydie aux enquêteurs. Une deuxième partie des corps est enfouie dans une zone marécageuse, tandis que le reste est disséminé sur le terrain de 27 hectares sur lequel se trouve la propriété. L'homme espérait que les renards fassent disparaître les preuves.  

L'arme jetée dans la rade de Brest

Hubert Caouissin explique qu'il a jeté l'arme du crime par-dessus le pont de 800 m qui surplombe l'Elorn et domine la rade de Brest. Une arme que les enquêteurs n'ont pas retrouvée. Il leur faudra attendre les prochaines grandes marées, prévues fin avril, pour lancer des recherches. 

Et ce n'est pas tout. La police scientifique doit poursuivre son travail, en se basant sur ce récit "raconté sans trop d'émotions" par le suspect, selon le témoignage d'un enquêteur pour Ouest-FranceDes zones d'ombres restent à éclaircir, comme l'absence de sang de Charlotte, la fille des Troadec, sur la scène de crime. Malgré les indications du suspect et l'activation de la procédure réservée à l'identification des victimes de catastrophes (IVC), les restes des têtes des victimes n'ont toujours pas été retrouvés, selon Le Télegramme.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.