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Procès de l'affaire Troadec : le récit de la nuit des meurtres par Hubert Caouissin devant la cour d'assises

Le procès de Lydie Troadec et d’Hubert Caouissin entre dans sa deuxième semaine. Après avoir été interrogés sur leur personnalité, les deux accusés dans cette affaire de quadruple meurtre sont entendus pour la première fois sur les faits.

Article rédigé par Delphine Gotchaux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La salle d'audience de la cour d'assises de Nantes où se déroule le procès Troadec. (LIONEL LE SAUX / MAXPPP)

Lundi 28 juin au matin, la cour a commencé à entendre Hubert Caouissin qui livre sa version de la nuit du quadruple meurtre, le 16 février 2017 à Orvault, dans la banlieue de Nantes. Pendant 23 minutes, sans s'arrêter, presque de façon mécanique, il plonge la salle d'audience dans la nuit des crimes. Sur les bancs des parties civiles, les soeurs de Brigitte Troadec retiennent leur respiration, comme les avocats, les jurés, le public, la salle tout entière.

Car c'est un récit hallucinant, réfléchi, rationnel, sans aucun affect, qu'il livre. Et c'est sans doute dans cette logique invraisemblable que réside la folie de l'accusé. L'obsession des lingots d'or imaginaires, c'est donc ce qui conduit Hubert Caouissin à se rendre au moins pour la quatrième fois en deux ans au domicile de son beau-frère. "À 22 heures, raconte-t-il, j'arrive près de leur maison, j'ai un stéthoscope."

"J'espère les entendre dire des choses. Je ne tiens pas en place, je suis excité".

Hubert Caouissin

devant la cour d'assises

"Lydie m'a fait un café beaucoup trop fort avant de partir", précise-t-il. Hubert Caouissin explique qu'il entend des bruits, des chuintements. "C'est ingérable, répète-t-il, plusieurs fois. Je ne sais pas si ce sont mes bruits internes". Puis il entre dans la maison, profite de la porte de la buanderie laissée entrouverte pour permettre au chat Ulysse de rentrer. Il est une heure du matin. Il veut, déclare-t-il, dessiner la clé de leur porte d'entrée pour pouvoir la faire refaire et revenir.

"À 3h45, j’ai plein de peurs qui m’assaillent"

Pendant plus de deux heures, il affirme qu'il reste assis sur une chaise dans le garage, mais il y a toujours du bruit, toujours du bruit, jusqu'à 3 heures 45. "Là, je n'entends plus rien. J'ai plein de peurs qui m’assaillent. Je commence à trembler. Je claque des dents, j’ai des coups de marteau dans les tempes, les jambes qui se tétanisent. C'est là que j'entends Brigitte dire : 'Qu'est-ce qui se passe ici ?'" 

Hubert Caouissin décrit alors une scène difficilement crédible où, assailli d'abord par Pascal Troadec avec un pied-de-biche, il parviendrait à lui arracher, puis ne fait que réagir aux assauts de la famille tout entière, Brigitte, Sébastien et enfin Charlotte. "La situation devient folle, complètement", termine l'accusé au bout de ce récit halluciné. Il sort de la maison. Il est 5h45. "Après, dit-il, c'est un trou noir." 

Une version mise à mal par la présidente de la cour

Pendant près de trois heures, la présidente de la cour d'assises Karine Laborde pose et repose inlassablement les mêmes questions. Elle tente d'obtenir des réponses qui ne viennent pas. Hubert Caouissin, debout dans le box en chemisette blanche, reste accroché à sa version. "Ça ne vous semble pas étonnant, monsieur Caouissin, ce que vous décrivez ? Vous dites que vous êtes venu chercher des informations, que vous n'avez pas eu l'intention de donner la mort. Mais pourtant, monsieur, ils sont tous morts. Et vous, vous n'êtes quasiment pas blessé". 

"J'étais dans un tel état que je ne me rendais pas compte", répète comme un mantra Hubert Caouissin. "Vous êtes certain, monsieur, que ce soir-là, vous ne vous êtes pas dirigé directement vers la chambre des enfants qui dormaient pour les frapper dans leur sommeil et que le bruit que vous avez fait a réveillé Pascal et Brigitte ?", demande tout doucement Karine Laborde. "Non, ce n'est pas le cas." "La vérité, c'est vous qui la détenez, monsieur Caouissin." "C'est ce que j'ai dit." Hubert Caouissin n'en dira pas plus.

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