Disparition de Guy-André Kieffer : des proches de Gbagbo impliqués
C’est un témoin-clef. Du moins se présente-t-il ainsi. Erte Seydou affirme avoir été le chauffeur du chef du commando qui a enlevé le journaliste, le capitaine Jean-Tony Oulaï, ex-membres des services spéciaux ivoiriens, mis en examen en France pour enlèvement et séquestration.
Dans un document diffusé hier sur France 3, il raconte sa version des faits : Guy-André Kieffer a été enlevé par le commando, détenu pendant deux jours et deux nuits à la présidence ivoirienne, à Abidjan. De là, il a été conduit dans une ferme utilisée comme un lieu caché des exécutions. Oulaï a donné le signal par un pistolet et deux éléments du commando ont mitraillé. Erte Saydou ne sait pas où le corps a été transporté. C’est la première fois qu’un homme témoigne ainsi, à visage découvert. Toute la question étant de savoir maintenant si ce témoin est fiable…
Et le corps de Guy-André Kieffer n’a jamais été retrouvé. Il y a eu une enquête française. Celle-ci a établi que le journaliste avait été enlevé le 16 avril 2004 par un commando, alors qu’il avait rendez-vous sur un parking de supermarché à Abidjan avec Michel Legré, le beau-frère de Simone Gbagbo, l’épouse du président ivoirien. Principal suspect, Michel Legré a depuis été mis en examen, emprisonné dans un premier temps à Abidjan, puis remis en liberté provisoire. L’enquête n’en a pas pour autant fini avec l’entourage du président Gbagbo. Sauf que, ces derniers temps, les proches de Guy-André Kieffer se plaignaient d’être quelque peu oubliés par l’Etat français. Ils accusaient même Jacques Chirac de ne les avoir jamais écoutés, à l'image de ce que le frère du journaliste racontait ce matin.
Changement d’attitude à l’Elysée. Nicolas Sarkozy les a reçus hier pour témoigner de sa solidarité, et surtout promettre de s’intéresser de près au dossier. Une évolution qu'Osange Silou-Kieffer salue comme il se doit.
Youssouf Fofana, le meurtrier présumé d’Ilan Halimi en région parisienne, avait effectivement trouvé refuge en Côte d’Ivoire. Ce qui n’avait pas empêché la justice française de demander et d’obtenir, rapidement, son extradition. La différence notable étant sans doute que pour cette affaire-ci, les ramifications diplomatiques étaient bien moins étendues….
En tout cas, le Président de la République affiche son intention de se saisir du dossier, comme d’ailleurs ces deux autres affaires non résolues, tout aussi médiatiques : l’enlèvement d’Ingrid Betancourt en Colombie, en février 2002, et l’assassinat du juge Bernard Borrel à Djibouti en octobre 1995.
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