"Ils savaient que cet immeuble était en danger" : au procès de la rue d'Aubagne, les réquisitions du procureur très attendues par les proches des victimes
Après 23 jours d'audience, place aux réquisitions du procureur ce jeudi 12 décembre. Seize prévenus sont poursuivis dans ce procès des effondrements d'immeubles de la rue d'Aubagne à Marseille, qui ont fait huit morts en 2018.
Il n'y a eu jusqu'ici aucune excuse de la part d'aucun des 16 prévenus. "Une association d'imprudents et de négligents", a plaidé l'un des avocats des parties civiles. Le seul élu jugé, Julien Ruas, ancien adjoint du maire Jean-Claude Gaudin, a regretté d'être présente pour toute la Ville, alors que le tribunal lui a reproché sa passivité. L'expert architecte, Richard Carta, qui a diagnostiqué l'immeuble trois semaines avant les effondrements, sans prendre le temps d'interroger les locataires paniqués, a maintenu à la barre qu'il n'y avait aucun signe avant-coureur. "Quand on ne cherche pas, on ne trouve pas", lui a rétorqué le tribunal.
Contre eux, le procureur peut réclamer jusqu'à trois ans de prison, mais ceux qui risquent les peines les plus lourdes, sont les copropriétaires. Une dizaine, des avocats ou encore des professeurs, est jugée à la demande des parties civiles. Leur immeuble était dans un état "lamentable", a reconnu l'un d'entre eux. Un plombier encourt jusqu'à dix ans de prison : dans le taudis qu'il louait, vivait un petit garçon de 8 ans, dont la mère venait de le déposer à l'école lorsqu'elle est morte ensevelie.
Les proches de victimes face aux dénégations des prévenus
Au cours de ce long procès, les proches des victimes ont écouté attentivement les débats, souvent très techniques, pour comprendre chaque rouage de l'engrenage infernal qui a mené aux effondrements. Liliana Lalonde n'a pas manqué une seule journée d'audience.
Elle est la mère de Julien qui venait de fêter ses 30 ans quand il est mort sous les décombres. Elle a encaissé les dénégations des prévenus. "Tous ont dit qu'ils ne pouvaient pas imaginer, que cela ne pouvait pas tomber, raconte-t-elle. Je pense qu'il y a eu beaucoup d'irresponsabilité parce qu'ils savaient tous que cet immeuble était vraiment en danger."
Liliana Lalonde espère que le procureur réclamera "des punitions" contre les prévenus, mais aussi pour adresser un message à tous les marchands de sommeil. "C'est aussi de la pédagogie ce procès, pour apprendre qu'il y a des choses qu'on ne peut pas faire : ne pas respecter l'autre, et lui imposer de la misère et de l'indignité."
Après le réquisitoire du procureur de jeudi, les avocats de la défense entameront leurs plaidoiries. La décision du tribunal sera ensuite mise en délibéré et sera rendue dans plusieurs semaines.
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