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"On nous a jetés comme du bétail" : à Marseille, la difficile évacuation d'une copropriété délabrée

Le Parc Corot, l'une des plus grandes copropriétés dégradées de Marseille, doit être évacué, lundi 17 décembre. Depuis le drame de la rue d'Aubagne, les évacuations à Marseille se multiplient, les dispositifs de relogement sont saturés.

Article rédigé par Olivier Martocq, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le quartier du Parc Corot, à Marseille, le 16 décembre 2018. (OLIVIER MARTOCQ / RADIO FRANCE)

"On nous a jetés comme du bétail", s'insurge Nadia, habitante de toujours du Parc Corot, l'une des plus grandes copropriétés dégradées de Marseille. Relogée par la ville, la jeune femme profite d'un jour de congé pour récupérer ses derniers cartons. Mais tous ses voisins n'ont pas eu la même chance. "Il y a beaucoup de squatteurs qui sont à la rue et des gens sans papiers, des étrangers qui ont fui leur pays. Ils sont venus se protéger en France et ils sont à la rue. Ils n'ont aucun document, ils n'ont rien... C'est normal ? On est en hiver, il y en a qui ont des bébés... C'est honteux ! Où ils vont aller, les pauvres ?" Une vaste opération d'évacuation est programmée lundi 17 décembre dans le quartier.

"Qu'ils trouvent quelque chose, même pourri..."

Rats, humidité, électricité délabrée... le bâtiment A de cette cité des quartiers Nord et ses 96 logements est connu pour concentrer les dangers. 21 familles qui occupaient légalement des appartements ont été relogées depuis l’arrêté de péril imminent pris par la mairie au lendemain de l’effondrement de trois immeubles rue d'Aubagne, le 5 novembre. L'évacuation des autres appartements, souvent squattés, est prévue lundi.

Au Parc Corot, le journaliste est un intrus. Pas question de monter dans les étages, des roms et des squatteurs font le guet et interdisent l'accès. Des jeunes migrants africains viennent au contact. Le dialogue est difficile : ils ne parlent pas français. Un jeune homme porte un gros sac, il fait partie des expulsés. "Il va falloir se débrouiller avec nos propres moyens, souffle-t-il. Ce n'est ni la mairie, ni personne qui va nous aider. Il reste beaucoup, beaucoup de gens, encore... On espère qu'ils trouvent quelque chose, même pourri, n'importe quoi. C'est des humains, quand même !"

Depuis le drame du 5 novembre, 186 immeubles ont été évacués à Marseille. 1 104 personnes sont en attente de relogement sans vraiment de solution pour l'instant. 

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