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Évasion de Redoine Faïd : "Il n'était pas dans la bonne prison, on aurait dû le mettre dans une centrale sécuritaire"

Le secrétaire général de FO Pénitentiaire, Emmanuel Baudin, estime lundi sur franceinfo que les conditions de surveillance de Rédoine Faïd n'étaient pas assez strictes.

Article rédigé par franceinfo
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Le centre pénitentiaire de Réau, le jour de l'évasion de Redoine Faïd, dimanche 1er juillet 2018. (OLIVIA COHEN / FRANCEINFO)

Réagissant à la spectaculaire évasion de Redoine Faïd du centre pénitentiaire de Réau, en Seine-et-Marne, dimanche, Emmanuel Baudin, secrétaire général de FO Pénitentiaire, a estimé lundi 2 juillet sur franceinfo que le braqueur multirécidiviste "n'était pas dans la bonne prison". "Redoine Faïd a des moyens à l'extérieur, des soutiens, il a de l'argent (...) Il aurait fallu le mettre dans une maison centrale sécuritaire", a-t-il estimé.

Redoine Faïd "était en quartier d'isolement comme il y a des quartiers d'isolement dans toutes les prisons. Il avait une gestion à plusieurs surveillants. Il était isolé des autres détenus, mais il pouvait communiquer avec eux, il pouvait échanger. Il n'était pas plus surveillé. On ne le changeait pas de cellule régulièrement, alors qu'à une époque les détenus particulièrement surveillés (DPS), on les faisait changer de cellule", a souligné lsecrétaire général du syndicat national pénitentiaire FO.

On ne fouillait pas plus sa cellule parce que le personnel n'a pas le temps.

Emmanuel Baudin

à franceinfo

"Il n'était réellement pas dans le bon établissement. On aurait dû le mettre dans une centrale sécuritaire, il en existe, a répété Emmanuel Baudin. Vous prenez Condé-sur-Sarthe et Vendin-le-Vieil, les hélicoptères ne peuvent pas se poser parce qu'il y a des filins partout, parce que les miradors sont très hauts et sont armés, vous avez un vrai bunker", a-t-il poursuivi.

Un manque d'effectifs

La prison de Réau avait été pointée du doigt en 2013 par l'administration pénitentiaire pointant du laxisme et de manquements réglementaires et de mise en œuvre défaillante des règles de sécurité élémentaires : "C'est un établissement qui fonctionne avec beaucoup de stagiaires parce qu'on a du mal à recruter et les surveillants titulaires s'en vont donc on a un manque d'effectifs de 40 surveillants. Ce qui est laxiste c'est la gestion de nos politiques", a répondu Emmanuel Baudin. "Il y a du avoir des échanges, (...) les détenus sont tous équipés de téléphones portables, sont sur les réseaux parce qu'on ne met pas des brouilleurs", a-t-il regretté.

"Il faut revenir sur nos revendications du mois de janvier, ce qui a été signé au mois de janvier ne va rien changer à la gestion des prisons en France et ne va rien régler sur la sécurité", a assuré le secrétaire général de FO Pénitentiaire. Les agents pénitentiaires de la France entière se sont mis en grève en début d'année pour dénoncer leurs conditions de travail.

Une évasion "parfaitement préparée"

Emmanuel Baudin n'exclut pas une complicité à l'intérieur de la prison mais penche plutôt pour une aide à l'extérieur : "Les plans ne sont pas secret-défense. On peut se les fournir (...) Il y a des entreprises privées qui travaillent à l'intérieur qui ont les plans. Ça peut être des complicités extérieures." Le commando semblait avoir parfaitement préparé l'évasion, car ils ont emprunté un couloir secret : "C'est un couloir que seuls les personnels utilisent en cas d'intervention. Ils savaient très bien où ils allaient, ils étaient très bien renseignés. Je ne pense pas que ce soit grâce aux drones qu'ils ont pu faire des repérages comme l'a dit la ministre. Ils n'ont pas vu le couloir d'intervention grâce aux drones, mais effectivement cela pose question, l'enquête nous dira ce qui s'est passé", a-t-il souligné.

Les personnels de la prison de Réau "sont choqués", selon le syndicaliste. "On peut s'estimer heureux qu'il n'y ait pas de blessés ni de personnes qui ont perdu la vie, parce qu'effectivement, ils étaient lourdement armés. Celui qui se serait mis en travers de la route de ce commando aurait reçu des tirs de Kalachnikov", a-t-il assuré.

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